
10 œuvres d’art repérées dans des films célèbres
L’art et le les films jouent un rôle décisif dans notre vocabulaire visuel et nos références communes. Au final, les caméras de cinéma et les pinceaux remplissent le même objectif : dépeindre une réalité comme la nôtre, ou une réalité que nous ne pourrions pas voir autrement. Découvrez comment ces deux genres se rejoignent grâce à ces 10 œuvres d’art vues dans les films avec Artsper… Alors, prêt.e à retrouver le cinéphile en vous ?
1. Innocents

Dans ce film culte, Eva Green et Louis Garrel forment un couple inoubliable qui touche profondément la vie d’un Américain expatrié à Paris. Le duo intègre l’art et la culture à leur rébellion et décide de recréer la scène célèbre de Bande à part de Jean-Luc Godard. Le film réussit ainsi à faire référence à deux genres artistiques à la fois, avec un clin d’œil au cinéma Nouvelle Vague et aux chefs-d’œuvre néoclassiques du Louvre.
Suivant Anna Karina et ses complices, la joyeuse bande parcourt la galerie du Louvre, espérant battre le record de 9 minutes et 28 secondes. Par leur course et les regards qu’elle suscite de la part des autres visiteurs, une certaine hypocrisie se révèle. Combien de temps passons-nous réellement devant une œuvre d’art ? Bien que ce soit un chiffre difficile à calculer, l’estimation est de 3 secondes par œuvre d’art… C’est peut-être ce point que les réalisateurs ont espéré partager en passant rapidement sur les œuvres d’art du film. On a seulement quelques secondes pour admirer le tableau de Jacques-Louis David, Le Serment des Horaces.
2. Personal Shopper

Le film Personal Shopper de 2016 dépasse les limites de l’industrie de la mode. Olivier Assayas nous offre un film autour du deuil et ce que quelqu’un est prêt à affronter lorsqu’il est confronté à son intensité. Kristen Stewart joue le rôle de Maureen, le personnage principal et “personal shopper” qui vient juste de perdre son jumeau.

Pour nous préparer aux éléments surnaturels qui vont bientôt se produire, le réalisateur a délibérément introduit l’œuvre de Hilma af Klint. Au premier regard, Maureen ne semble pas avoir de lien particulier avec le catalogue qu’elle parcourt rapidement. Et pourtant, l’œuvre de Klint n’est pas qu’un simple accessoire dans cette scène. Bien en avance sur son temps, l’artiste anticipe l’abstractionnisme et s’est engagée dans d’autres formes de représentation, plus spirituelles. Autrement dit, elle prépare le terrain pour les fantômes que nous allons rencontrer et le mysticisme qui guide continuellement la narration du film.
3. Minuit à Paris

Avec Minuit à Paris, Woody Allen nous offre un exemple bien plus évident. L’intégralité du film est consacrée à l’art, à ses maîtres et à son influence à travers les époques. Face à des personnages tels que Pablo Picasso et Salvador Dali, il n’est pas surprenant que leurs œuvres apparaissent à l’écran.

Cependant, avant que le film décroche de notre réalité pour nous emmener dans un milieu artistique lointain, l’art est déjà au sein de l’intrigue. Alors que nos personnages principaux, Gil et Inez, se promènent dans Paris, ils s’arrêtent au Musée Rodin. Reconnu pour ses sculptures en plein air, le musée est l’arrière-plan d’une dispute intellectuelle sur l’histoire de la vie de Rodin. Au fur et à mesure que la conversation s’amplifie, on se rend compte que l’art ne doit pas toujours être éclairé par ses détails biographiques. La plupart du temps, des chefs-d’œuvre tels que Le Penseur peuvent se suffire à eux-mêmes.
4. Skyfall

Au fil des années, nous avons vu de nombreux James Bond dans les films et autant de décors différents pour ses aventures périlleuses. Pourtant, comme le craint le personnage de Daniel Craig, l’ancien doit toujours faire face au nouveau. C’est peut-être pour cette raison que la première rencontre de 007 et Q a lieu à la National Gallery de Londres. Assis devant Le Dernier Voyage du Téméraire (1839) de J.M.W. Turner, les deux hommes s’interrogent sur les limites de la jeunesse et les acquis de l’expérience.
Cette conversation fait miroir au tableau bien sûr, étant donné que Q endosse son nouveau rôle de Quartermaster vis-à-vis de Bond. Par ses capacités technologiques, il représente les forces destructives menant à la défaite du « grand et vieux navire de guerre, qui part ignominieusement à la casse ». Une fois de plus, l’œuvre d’art n’a pas seulement un rôle décoratif, mais fait écho également aux thèmes de l’intrigue.
5. La Folle Journée de Ferris Bueller

Ce film de 1986 nous offre une visite de musée tout à fait différente. Ferris, Cameron et Sloane se rendent à l’Art Institute de Chicago au cours de leur jour de congé autoproclamé. Via ce qui se rapproche d’une visite virtuelle, la vaste collection du musée se déroule sur l’écran. Bientôt, les personnages eux-mêmes se transforment en œuvres d’art, parfaitement en accord avec les règles de perspective.

Cameron fait face à l’œuvre Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte de Georges Seurat. Ce chef-d’œuvre pointilliste semble parler à l’angoisse du personnage, et plus particulièrement de sa peur d’une désintégration ou déformation du sens. Le réalisateur du film, John Hughes, accentue ce point en effectuant un zoom progressif sur l’œuvre d’art en question, révélant sa nature élémentaire, constituée de points.
Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte est également l’une des premières représentations de loisirs, surtout dans les espaces publics. Cela résume, après tout, l’essence de Ferris Bueller et de sa folle journée inoubliable…
6. The Grand Budapest Hotel

Wes Anderson aborde ses films avec le même esthétisme que certains artistes. Il n’est donc pas surprenant que des œuvres d’art se retrouvent dans ses films. Pour The Grand Budapest Hotel, c’est Boy with the Apple de Johannes Van Hoytl qui est à l’honneur. Gustave, l’excentrique concierge de l’hôtel, et son apprenti Zéro, passent la majorité du film à courir après le tableau. Mais si cette œuvre suscite des doutes artistiques en vous, vous n’êtes pas seuls…
Bien qu’elle semble véritablement inscrite dans la tradition artistique, Boy with the Apple a en fait été commissionnée par Wes Anderson en 2014. Elle n’est donc pas le travail d’un peintre de la Renaissance, mais plutôt de celle de Michael Taylor, un artiste britannique du XXIe siècle.

Malgré sa provenance, l’œuvre d’art joue néanmoins un rôle important à travers le film. Dans ce cas, une question se manifeste : quelle valeur a la création artistique qui répond à des besoins cinématographiques ? Le film Basquiat de Julian Schnabel en est un exemple célèbre. Avec interdiction de montrer les œuvres elles-mêmes, Schnabel contourne les droits d’auteur en recréant des toiles inspirées de Basquiat pour son film.
7. Pierrot Le Fou

L’ouverture de Pierrot le fou se fait avec Jean-Paul Belmondo dans son bain, lisant l’Histoire de l’Art d’Elie Faure. Référence incontournable dans la critique d’art, ce livre réapparaît au long du film, sous la forme de passages différents. Dans l’appartement de Marianne quelques instants plus tard, le cinéma et l’art se rencontrent à nouveau. Parmi les affiches et les cartes postales, on reconnaît les œuvres d’Henri Matisse et de Pablo Picasso couvrant ses murs nus. Le décor choisi par Godard dépeint la façon dont beaucoup d’entre nous apprécient les chefs-d’œuvre : à distance. Qui n’a pas démontré son amour pour un artiste dans une boutique de souvenirs ?

Parmi les nombreuses œuvres d’art exposées, il y a le Portrait de Sylvette (1954) et Jacqueline aux fleurs (1954) de Picasso. Côte à côte, ces deux œuvres font face à la gauche, tandis que Pierrot regarde dans l’autre direction. Une décision stratégique de la part de Godard, s’appuyant sur l’œuvre de Picasso pour composer ses propres cadres magistraux.
8. Once Upon a time in Hollywood…

Le dernier film de Quentin Tarantino est une manifestation d’amour au Hollywood des années 60. Dans ce film auto-réflexif, des personnages inspirés de la réalité, comme Sharon Tate, se mélangent parmi d’autres, plus fictifs, comme Rick Dalton ou Cliff Booth. C’est l’occasion pour Tarantino de tisser le nouveau et l’ancien, le réel et le fictif.

Grâce à un travail colossal de reproduction, les décors du film nous offrent tous les repères visuels nécessaires pour être transportés dans un Hollywood qui n’existe plus… La musique, comme les voitures, n’en ont que mieux vieilli. Paul Revere & The Raiders réapparaît souvent, notamment pour nous donner un aperçu de la vie privée de Sharon Tate. Dès les premières notes de Good Thing, l’actrice jouée par Margot Robbie commence à se laisser aller et on participe à un moment privé de quelqu’un au sommet de sa gloire. Derrière elle, L’automne d’Alfons Mucha peut être repéré en arrière-plan. À travers ses goûts, Sharon Tate prend forme, étant plus qu’une actrice ou qu’un simple personnage.
9. Call Me By Your Name

Que ce soit par les recherches du professeur ou simplement cette somptueuse villa en Toscane, l’art est partout dans le film de Luca Guadagnino Call Me By Your Name. Pour la famille Perlman, l’art fait partie de leur vie quotidienne, comme la musique ou la littérature. Parmi les affiches dans la chambre d’Elio, on trouve un mélange éclectique de Peter Gabriel, Mario Metz, L’homme blessé et la Biennale de Venise. Entre l’art et la musique, on trouve de la place pour un peu d’athlétisme, comme le montre l’affiche de Roland Garros de 1981.
La chambre d’Elio devient bientôt celle d’Oliver, l’étudiant en doctorat de passage joué par Armie Hammer. Tout se confond et le résultat est une sorte de mélange entre les deux. Les centres d’intérêts d’Elio, représentés par les affiches, deviennent ceux d’Oliver et vice versa, ce qui les entraîne au cœur du film à s’appeler par leurs noms.
L’art dans les films, comme ici les éditions et les affiches, permet de délimiter l’époque d’un film. Avec l’édition d’Eduardo Arroyo pour le tourois Roland Garros de 1981, nous avons une date précise pour situer le moment où s’est déroulée cette histoire d’amour.
10. Gatsby le Magnifique

L’interprétation moderne de Baz Luhrmann reprend un classique littéraire et interroge l’intérêt d’une fidélité historique. Comme on a pu le constater, l’art dans le cinéma est rarement un hasard. En général, il est là pour servir un objectif spécifique. Comme l’explique Catherine Martin, la directrice des décors du film : « Baz n’avait pas une envie prononcée de moderniser Gatsby le Magnifique. Il voulait plutôt que les spectateurs d’aujourd’hui comprennent à quel point le monde de Gatsby était moderne pour ses protagonistes à l’époque ».

En plein milieu des années 1920, Gatsby le Magnifique de Luhrmann ne respecte pas strictement les limites du temps. Le décor est conforme au style de l’époque, mais la musique qui s’y superpose possède la cadence lyrique de Jay-Z. Comment faire pour réconcilier ces deux temporalités contradictoires ? Si vous êtes Baz Luhrmann, c’est peut-être en accentuant les deux. La modernité de la bande-son ou les jouets gonflables dans la piscine s’opposent à l’art classique qui orne le mur. Il suffit de regarder d’un peu plus près pour y retrouver le peintre anglais George Stubbs et son œuvre Lion et sa Lionne. Au sommet du royaume des animaux, les deux félins représentent sûrement le statut de Gatsby et de ses ambitions.
Encore plus de cinéma…
Repérer des œuvres d’art dans des films célèbres nous permet souvent de les réinterpréter sous un nouvel angle. C’est peut-être le fait de sortir l’art de son cadre habituel, à l’écran plutôt que dans les musées et les galeries. C’est aussi la rencontre de deux formes d’art, qui cohabitent pour produire quelque chose d’encore meilleur. Quoi qu’il en soit, les liens entre le cinéma et l’art sont bien plus vastes que les quelques exemples cités ci-dessus. Pour en savoir plus, découvrez 10 films inspirés d’œuvres d’art célèbres avec Artsper…

À propos d’Artsper
Fondée en 2013, Artsper est une marketplace en ligne d’art contemporain. En partenariat avec 1 800 galeries d’art professionnelles autour du monde, elle rend accessible à tous la découverte et l’acquisition d’œuvres d’art.
En savoir plus