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Pourquoi les peintures de nénuphars de Monet sont si emblématiques ?
La minute arty 12 Sep 2022

Pourquoi les peintures de nénuphars de Monet sont si emblématiques ?

Les nénuphars de Giverny
Les nénuphars de Giverny © Getty images

En 1883, Claude Monet loue une maison dans la campagne des environs de Paris. Amoureux de la paix trouvée à Giverny, Monet décide d’acheter la propriété. Quelques années plus tard, il achète un terrain supplémentaire, de l’autre côté d’une voie ferrée, et se lance dans la transformation d’un petit étang. Ce coin d’eau allait devenir un magnifique jardin, avec des nénuphars et un pont en bois de style japonais. Giverny, qui inspira de nombreuses peintures à Monet, a changé à jamais l’histoire de l’art du 20ème siècle. Dans cet article, Artsper retrace les humbles débuts de ce petit coin de paradis afin d’expliquer pourquoi les peintures de nénuphars de Monet sont devenues si emblématiques.

Les peintures les plus célèbres du 20ème siècle

La série des « Nymphéas » (1897-1926) de Claude Monet est aujourd’hui universellement reconnue et admirée. Mais pourquoi les peintures de nénuphars de Monet sont-elles si emblématiques ? Composée d’un nombre impressionnant de 250 tableaux au total, la série est également connue pour sa variété. Sans oublier l’immensité des dimensions des toiles peintes par Monet ! Un tour au Musée de l’Orangerie, à Paris, vous permettra de contempler ces peintures colossales. Pour certains spécialistes, c’est la brillance du jeu de couleurs que Monet a fait jouer sur ces toiles qui est la véritable raison de la passion durable autour des nymphéas.

Considérée comme l’une des meilleures de son œuvre, Monet a peint la série des nymphéas au cours des trente dernières années de sa vie. Découvrons ensemble où se trouve la véritable beauté derrière les toiles des nymphéas de Monet.

Un jardin construit avec soin

Dans sa peinture de paysage, Monet est parvenu à représenter la nature dans sa beauté la plus splendide. Et pourtant, le jardin de Monet n’a pas toujours été le plus naturel des sites. L’artiste a consacré un temps fou à l’expansion de son jardin, employant six jardiniers. Ceux-ci ont transformé la prairie sauvage en un jardin soigné de saules, d’iris et de nénuphars, spécialement importés du Japon. Monet l’a admis lui-même : « ces paysages d’eau et de reflets sont devenus une obsession ». Cette prise de conscience ne l’a toutefois pas dissuadé d’aller plus loin dans son engouement.

La maison de Giverny
La maison de Giverny © giverny-impression.com

Le rôle de la lumière naturelle dans les peintures de nénuphars de Monet

Trois raisons principales se dégagent pour expliquer en quoi cette série est si emblématique. Tout d’abord, les nymphéas démontrent son extraordinaire talent pour la peinture en plein air. À l’inverse de la peinture en studio, ce style s’oppose aux pratiques traditionnelles de la peinture académique, qui peuvent créer un aspect prédéterminé. L’invention de toiles et de chevalets portables, facilite la pratique en plein air, apparue au début du 19ème siècle. Ce nouveau style est notamment dû à l’école de Barbizon. Au début des années 1830, des artistes comme Monet sont sensibilisés à l’importance de travailler en lumière naturelle. La peinture en plein air est ainsi fondamentale dans cette série de Monet. C’est cette nouvelle pratique qui a permis à l’artiste de mieux saisir les détails changeants du temps et de la lumière.




Des toiles monumentales

Deuxièmement, c’est l’ampleur de la série qui est impressionnante. Les compositions choisies par Monet pour ses paysages sont généralement de grande taille. Les toiles mesurent souvent six pieds et demi de haut et jusqu’à vingt pieds de large. Outre ces vastes dimensions, c’est le volume des tableaux de nénuphars de Monet qui s’est révélé le plus colossal. Cette série de 250 toiles démontre la variété et la profondeur du sujet pour l’artiste.




Un mirage de couleurs

Enfin, si beaucoup adorent les nénuphars de Monet, c’est grâce à son utilisation des couleurs. L’œil de Monet n’a pas son pareil pour associer des couleurs complémentaires.

Débutée en 1903, cette série se concentre principalement sur la surface de l’eau où la palette de couleurs impressionnistes de Monet se libère véritablement. Son utilisation des jaunes, des roses, des lavandes, des verts, des bleus et d’autres couleurs complémentaires dans la série dépeint soigneusement la véritable lumière de Giverny. Pour représenter des scènes plus sombres, l’artiste n’utilisait jamais le noir, car il estimait qu’il avait un effet ternissant. Il utilisait plutôt des couleurs contrastées, qui se contrebalançaient pour produire des ombres. 

Par ailleurs, il s’est passé de la structure conventionnelle et a rejeté l’inclusion traditionnelle de la ligne d’horizon, du ciel et du sol. Il s’est concentré directement sur la surface de l’étang et ses reflets. Parfois, Monet incluait une allusion au bord de l’étang, afin de situer le spectateur dans l’espace.

Le scintillement de la lumière dans l’eau et l’enchevêtrement des reflets des nuages et du feuillage au-dessus de la tête rendent encore plus floues les distinctions entre le premier plan et l’arrière-plan. Comparées aux représentations ultérieures de l’étang, ces peintures sont tout à fait naturalistes, tant au niveau des couleurs que du style. Monet a exposé quarante-huit de ces Nymphéas lors d’une exposition très réussie à la Galerie Durand-Ruel à Paris en mai 1909. Réfléchissant à cette exposition, un critique a écrit qu’il se sentait « entouré de reflets mystérieusement séduisants ». 

Nous vous encourageons à jeter un coup d’œil à la série et à vous demander quelles sont les couleurs dominantes ? Comment l’image vous fait-elle sentir ?

Les peintures de Monet des nénuphars
Claude Monet, « La série des Nymphéas », 1906 © Wikipedia

Les dernières séries de peintures de Monet

Cette période de la fin de la vie de Monet n’a pas été toute rose. Après une exposition réussie en 1909, les années suivantes sont marquées par une activité artistique peu fréquente. Cette période est associée à d’importantes difficultés personnelles pour Monet. Les inondations de 1910 submergent le bassin aux nénuphars. Sa femme, Alice Hoschedé, meurt en 1911, tout comme son fils Jean, en 1914. En 1912, on diagnostique chez Monet une cataracte, et pour le reste de sa vie, il devra lutter contre une vue défaillante. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, la plupart des membres de la famille et des amis de Monet quittent Giverny. L’artiste lui-même est resté, affirmant que sa peinture l’aidait à se distraire des horribles nouvelles de la guerre.

Le studio de Monet
Le studio de Monet © Musée Marmottan

En 1915, Monet commence la construction d’un vaste nouvel atelier. Il répond à un objectif utilitaire, avec un sol en béton et un plafond en verre. Monet se lamentait d’avoir ajouté une horreur à la propriété pour le bien de son art. Par la suite, l’artiste travaillait en deux temps : en été, il peignait à l’extérieur et sur des toiles plus petites. En hiver, il se retirait dans l’atelier pour revoir et adapter ses peintures.  Monet travaillait sur plusieurs panneaux à la fois, étudiant et faisant des allers-retours entre eux. Ces œuvres, qu’il appelait « grandes décorations », étaient considérées par Monet comme un tout collectif. Si nous ne saurons jamais pourquoi Monet a passé tant de temps à étudier, créer et retravailler ces célèbres nénuphars, nous pouvons certainement apprécier le résultat de cet engouement.

Une fierté nationale

Les peintures de Monet du Musée de l'Orangerie
Les tableaux de Monet du Musée de l’Orangerie © Musée de l’Orangerie

À la fin de la guerre, Monet décide de faire don de deux panneaux à la France pour célébrer la victoire de la nation. Puis son ami Georges Clemenceau, qui est premier ministre entre 1906 à 1909, puis de 1917 à 1920, persuade Monet d’élargir le don. Finalement, l’État reçoit vingt-deux panneaux, formant huit compositions. Après de longues discussions, Monet et les représentants du gouvernement ont convenu de créer un espace d’exposition permanent à l’Orangerie, dans les jardins des Tuileries à Paris. L’exposition a été ouverte au public en 1927, l’année suivant la mort de Monet.

Sotheby's proposera l'un des plus beaux peintures de Monet
Sotheby’s proposant l’un des plus beaux tableaux de grande taille de Claude Monet, « Le Bassin aux Nymphéas », 1919 © Sotheby’s
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