
Les 5 représentations les plus effrayantes de l'enfer dans l'art
Le poème épique du 14ème siècle La Divine Comédie de l’écrivain italien Dante Alighieri a influencé les représentations de l’enfer tout au long de l’histoire de l’art. La première partie du poème, intitulée Inferno, décrit de manière saisissante le voyage de Dante à travers les neuf cercles de l’enfer. Ces descriptions ont inspiré de nombreux artistes au cours de la période médiévale et dans les siècles suivants. Découvrez 5 chefs d’œuvres aussi terrifiants que passionnants !
Introduction : une construction historique et sociale de l’enfer
Pour le citoyen moyen du Moyen-Âge, la damnation éternelle en enfer était une menace réelle. L’Église catholique exerçait une influence considérable sur la société occidentale. Elle contrôlait en grande partie sa richesse, son éducation, ses lois et ses croyances. En instillant dans la population la peur de l’enfer, l’Église s’assurait de leur engagement dans la foi et la vertu.
Depuis le déclin du pouvoir de l’Église catholique, les représentations de l’enfer dans l’art n’ont cessé d’évoluer. Elles sont le témoins des angoisses nouvelles et changeantes de la société. À la Renaissance, la peur du déclin et du changement s’est manifestée par des paysages de l’enfer grotesques et symboliques. Au 20ème siècle, les artistes se sont appropriés les images de l’enfer pour exprimer la brutalité de la guerre et son impact sur l’humanité. Aujourd’hui, les représentations de l’enfer revêtent de nouvelles significations. Des artistes du monde entier utilisent son potentiel symbolique pour aborder divers thèmes, allant des injustices sociales à la psyché humaine. Rejoignez-nous pour un voyage dans l’ombre… Découvrez cinq des représentations de l’enfer les plus effrayantes, inquiétantes ou tragiques de l’histoire de l’art !
1. La bouche de l’enfer du Livre d’heures de Catherine de Clèves

Un livre d’heures est un livre liturgique enluminé, qui était populaire au Moyen-Âge. Commandés par de riches mécènes, ses textes étaient souvent accompagnés d’illustrations élaborées et colorées appelées « enluminures ». Cette enluminure de l’enfer marque le début du cycle de prière de « l’office des morts ». La prière de l’office des morts était censée réduire le châtiment des personnes récemment décédées au purgatoire. Dans le christianisme, il s’agit d’un lieu où les humains sont purgés de leurs péchés avant d’entrer au paradis.
C’est peut-être l’image la plus terrifiante du livre. Cette illustration offre une représentation de l’enfer vivante, composée de trois bouches béantes de monstres. La Bouche de l’Enfer, une image populaire dans l’art médiéval, était un portail entre la terre et l’enfer. Ici, des créatures démoniaques conduisent les humains dans les fosses ardentes de l’enfer. Comme un rappel aux spectateurs du destin brutal qui attendait les pécheurs…
2. Le jardin des délices terrestres de Hieronymous Bosch

Environ un demi-siècle plus tard, en 1490, l’artiste néerlandais de la Renaissance Hieronymous Bosch commence à travailler sur son triptyque Le Jardin des délices terrestres. L’œuvre illustre la vision de l’artiste sur le destin de l’humanité, à travers trois panneaux. Le premier montre un paradis édénique et le deuxième une terre où les humains s’adonnent au péché. Enfin, l’œuvre se termine par cette représentation troublante des âmes en enfer.
La représentation surréaliste et imaginative de l’enfer par Bosch s’inspire du poème Inferno de Dante Alighieri. En effet, les deux hommes partagent des croyances similaires sur l’humanité et sa chute face au péché. Ces croyances étaient courantes à cette époque et reflètent les perceptions religieuses profondément ancrées dans la vie au Moyen-Âge. Dans son poème, Dante met en garde contre les conséquences qu’entraîne le fait de céder à la tentation physique du péché. Il décrit de manière saisissante les différents niveaux de l’enfer qui correspondent aux péchés commis sur terre. Dans le panneau « Enfer » du triptyque de Bosch, l’artiste met également en garde les spectateurs contre les conséquences de leurs actions en décrivant les punitions pour chacun des sept péchés capitaux. Un homme vomissant symbolise la gourmandise, un autre déféquant des pièces d’or symbolise l’avarice… Pouvez-vous en repérer d’autres ?
3. Dulle Griet de Pieter Brueghel l’Ancien

Un demi-siècle plus tard, l’artiste néerlandais Pieter Bruegel l’Ancien réalise des peintures combinant des représentations de la vie paysanne et des paysages. Il intègre souvent des thèmes religieux et des proverbes dans ses œuvres, comme dans cette vision de l’enfer.
Au centre de l’image se trouve Dulle Griet, également connue sous le nom de Margot la Folle. C’est une figure célèbre du folklore flamand dont la cupidité la pousse, avec un groupe de femmes, à piller l’enfer. Dulle Griet possédait des caractéristiques considérées comme « indésirables » pour les femmes au 16ème siècle. Par exemple, le fait d’être vindicative et de mauvaise humeur. Ainsi, elle symbolisait les craintes entourant les femmes puissantes à cette époque. L’augmentation du nombre de femmes monarques en Europe à cette époque a pu influencer cette œuvre. Ce changement est venu s’ajouter aux angoisses existantes suscitées par les bouleversements religieux et sociétaux. Les regroupements de femmes apparaissent également comme une menace pour la société occidentale, qui a toujours été tributaire de structures patriarcales.
Un dicton tiré d’un livre de proverbes hollandais du 16ème siècle met en évidence cette crainte, rejoignant le sentiment du tableau de Bruegel. « Une femme seule fait du boucan, deux femmes causent beaucoup de difficultés, trois femmes se rassemblent uniquement pour faire du commerce pour un marché annuel, quatre femmes mènent à la dispute, cinq femmes forment une armée et pour lutter contre six femmes Satan n’a pas lui-même une arme pour les combattre. »
Du 15ème au 18ème siècle, les femmes qui possédaient des traits jugés « suspects » ou « indésirables », comme ceux de Dulle Griet, étaient souvent soupçonnées de pratiquer la sorcellerie. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées dans des procès de sorcellerie à travers l’Europe au cours de cette période, dont la plupart étaient des femmes.
4. Peace, II de George Grosz

Avec le déclin de l’influence de la religion en Europe, le concept de l’enfer a commencé à adopter de nouveaux rôles et de nouvelles significations. Pour certains artistes du 20ème siècle, les représentations de l’enfer dans l’art sont devenues des moyens d’exprimer les horreurs de la guerre.
Le peintre allemand George Grosz a vécu les deux guerres mondiales. Témoin direct de ces atrocités, il a fui Berlin lorsque les nazis ont fait une descente dans son studio en 1933. Par ailleurs, sa mère est morte peu après dans un bombardement.
Grosz a produit de nombreuses œuvres au cours des années 1930 et 1940. Utilisant une imagerie apocalyptique, ces œuvres décrivent sa vision de l’Allemagne d’après-guerre. Elles soulignent l’impact de la guerre sur la civilisation. La figure au centre de son œuvre Peace, II est un autoportrait de l’artiste. Il se dépeint comme un survivant, naviguant à travers les vestiges de sa patrie détruite.
5. Scattered Deformities in the End de Fuyuko Matsui

Dans le bouddhisme, l’enfer n’est pas une destination où les âmes sont envoyées pour être punies pour l’éternité. Il s’agit de l’un des six états d’existence qui composent un cycle de vie récurrent. Après la mort, les êtres renaissent dans l’un de ces six états en fonction de leurs actions tout au long de leur vie. Le plus bas de ces états correspond au royaume de l’enfer.
L’artiste japonaise Fuyuko Matsui s’inspire particulièrement des représentations traditionnelles dans l’art japonais. Ses œuvres représentent des figures fantomatiques, des fleurs et des animaux dans des décors fantastiques. Il aborde en priorité les thèmes de la mort et de la violence. L’image du corps féminin, mutilé ou blessé, fait partie des motifs récurrents dans son travail. Il fait référence à une représentation courante dans l’art bouddhiste japonais du corps de la femme en décomposition. Ces œuvres servaient traditionnellement à dissuader les moines de commettre des péchés en détournant leurs désirs sexuels. Matsui s’approprie cette image du corps de la femme mutilée dans son œuvre pour détourner le regard vers le spectateur. Ainsi, il remet en question la manière dont les femmes sont représentées et considérées dans l’art.
L’enfer comme image symbolique dans l’art…
Malgré l’évolution du rôle de la religion dans la société depuis le Moyen-Âge, les représentations de l’enfer sont restées un outil symbolique puissant dans l’art. Leur fonction initiale était d’instiller dans la population la crainte d’un châtiment éternel pour ses péchés. Puis, les images de l’enfer ont évolué tout au long de l’histoire de l’art, afin de traduire des préoccupations sociétales contemporaines, comme les horreurs de la guerre. Ces cinq œuvres d’art offrent des représentations parmi les plus troublantes, chacune exprimant un message différent… Avez-vous d’autres exemples en tête ?

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