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Comment la durabilité s'intègre-t-elle dans le processus créatif des artistes ?
La minute arty 10 Mai 2023

Comment la durabilité s'intègre-t-elle dans le processus créatif des artistes ?

La nature inspire les hommes depuis que les premiers hommes ont orné les cavernes de dessins d’animaux. À travers l’art du paysage dans l’histoire de l’art, notre planète a toujours été dépeinte par les artistes. Pourtant, le changement climatique a profondément modifié notre relation à notre environnement. L’écologie et la durabilité sont passées au premier plan dans les consciences publiques. Ainsi, les peintres ne dépeignent plus des paysages dans le but d’émerveiller le spectateur ou d’habiller une toile. Nombreux sont les artistes émergents qui ressentent un sentiment d’urgence et s’efforcent de réduire notre impact sur la planète. Rejoignez Artsper pour une exploration de l’art durable sur la scène artistique contemporaine.

Tapas Das, Suffocated Life, 2021, disponible sur Artsper. Introduction à l'art durable.
Tapas Das, Suffocated Life, 2021, disponible sur Artsper

L’environnement comme muse

L’art durable peut sans doute être défini de deux façons. D’un côté, il regroupe les œuvres réalisées à l’aide de matériaux et de méthodes durables. De l’autre, c’est un mouvement artistique qui encourage la conservation et la durabilité. En s’inspirant de la nature comme d’une muse, de nombreux artistes contribuent à faire prospérer l’art durable. Comme les générations précédentes, les nouveaux talents capturent la poésie et la beauté de la nature. Cependant, plutôt que de le faire pour des raisons esthétiques, de nombreux artistes contemporains le font pour alerter les consciences face au changement climatique.

Ces artistes « écologistes » s’intéressent à une grande variété de paysages. Par exemple, Angeles Peña nous offre des clichés saisissants de glaciers. Dans ses œuvres, Peña associe la photographie documentaire à la poésie des paysages, afin de souligner les effets directs du changement climatique sur l’environnement. Pour elle, l’environnement agit telle une muse, qui accompagne sa quête d’une plus grande durabilité. Jérémy Gobé a lui aussi une approche similaire. En intégrant la science à son art innovant, Gobé aspire à sauver les récifs coralliens. Ces artistes prouvent qu’en utilisant l’environnement comme leur muse, ils sont capables de promouvoir la durabilité à travers leur art.

Jérémy Gobé, Corail restauration, variation 16, 2016, disponible sur Artsper. L'art durable utilisé pour tenter de sauver les récifs coralliens.
Jérémy Gobé, Corail restauration, variation 16, 2016, disponible sur Artsper



L’art durable pour sensibiliser le public

De nombreux artistes intègrent également la durabilité dans leur processus créatif afin de sensibiliser leur public. L’artiste Travis Mitzel affirme, par exemple, que « [bien que] la science soit importante, une grande partie du public n’a pas de connaissances scientifiques. Avec l’art, je peux toucher des gens qui seraient […] totalement isolés de ce contenu autrement ». Pour certains, l’art durable permet de provoquer un débat, il a une portée éducative essentielle. De nombreux artistes établis, dont Banksy et Lorenzo Quinn, utilisent leur notoriété comme une occasion de manifester. Olafur Eliasson s’est également illustré avec son œuvre Ice Watch. Dans cette œuvre, Eliasson a importé un bloc de glace massif, qu’il a sculpté en morceaux, eux-mêmes disposés sur la place du Panthéon. Il cherchait ainsi à illustrer les effets du réchauffement climatique sur le retrait des glaciers, avec une œuvre volontairement absurde et éphémère.

Olafur Eliasson, Ice Watch, 2014, © Amelie, Maison d’art. Une œuvre d'art durable très célèbre.
Olafur Eliasson, Ice Watch, 2014, © Amelie, Maison d’art

D’autres artistes émergents utilisent la provocation afin de souligner la relation néfaste entre les humains et la planète. Cela est frappant dans les œuvres de Samuel Maita, qui émet de puissantes critiques sociales à travers ses représentations des animaux et de la planète. Ainsi, les jeunes talents sont nombreux à être sensibles à ces questions. En sensibilisant le public, beaucoup espèrent inspirer un changement à un niveau individuel et collectif. N’est-ce pas là l’essence même de l’art environnemental ?

Samuel Maita, Global Parasite, 2015, disponible sur Artsper
Samuel Maita, Global Parasite, 2015, disponible sur Artsper



Créer avec des matériaux durables

Pour certains artistes, intégrer la durabilité dans leur processus créatif passe par les matériaux qu’ils utilisent. C’est un moyen d’inciter les autres artistes à repenser leurs méthodes, tout en soulignant les crises environnementales auxquelles la planète est confrontée aujourd’hui.

Il n’est donc pas surprenant que l’art recyclé prenne d’assaut le monde de l’art. Les artistes se tournent de plus en plus vers les déchets ou les matériaux recyclables pour créer des œuvres totalement uniques. Cela permet également d’éviter de surcharger les décharges. Vik Muniz est l’un des principaux partisans de cette démarche. Il crée des œuvres monumentales qui, vues d’en haut, donnent lieu à des scènes étonnantes. Muniz affirme qu’en travaillant avec des déchets, « on travaille essentiellement avec quelque chose qu’on essaie habituellement de cacher », ce qui leur confère une beauté unique.

Vik Muniz, Saturn devouring one of his sons, after F. de Goya, 2005, disponible sur Artsper. Le recyclage dans l'art- méthode typique de l'art durable.
Vik Muniz, Saturn devouring one of his sons, after F. de Goya, 2005, disponible sur Artsper

D’autres artistes, comme Zelda Zinn, utilisent également les déchets trouvés sur les plages ou dans les décharges pour critiquer la société de consommation dans laquelle nous vivons aujourd’hui. L’art recyclé fait donc d’une pierre deux coups… Il est en soi durable tout en ouvrant un débat général.

Travailler avec l’environnement

Le principe fondamental de la durabilité consiste à vivre en harmonie avec la planète. Certains artistes expriment leur conscience écologique en se référant visuellement à cet idéal.

Cette tendance n’est pas nouvelle dans le monde de l’art. L’idée a été exprimée pour la première fois dans le mouvement land art des années 1960. Pour ces artistes, l’environnement est à la fois le sujet et la matière de l’œuvre. L’expression la plus célèbre est sans doute la Spiral Jetty de Robert Smithson. Cette œuvre utilise non seulement des matériaux naturels, mais elle s’inspire également de son environnement, faisant corps avec la nature existante.

Robert Smithson, Spiral Jetty, 1970, © Holt-Smithson Foundation. L'art durable dans les années 70.
Robert Smithson, Spiral Jetty, 1970, © Holt-Smithson Foundation

Les artistes d’aujourd’hui s’incrivent eux aussi dans la lignée du land art. Sam Dougados, par exemple, réalise des créations spectaculaires sur la plage. En traçant des motifs hypnotiques dans le sable, il attire simultanément l’attention sur la beauté de la plage et la puissance de la nature. En quelques secondes, la mer efface son œuvre sans effort. Dougados souhaite créer une interaction entre son œuvre et son public, qui permet de faire un pont entre l’œuvre et son environnement. Dans cet idéal harmonieux, s’exprime en filigrane l’engagement écologique de l’artiste. 

Sam Dougados, Coral Leaf, 2015, disponible sur Artsper. L'art durable en extérieur.
Sam Dougados, Coral Leaf, 2015, disponible sur Artsper 

L’art durable, l’art du futur ?

Alors que le monde subit de plein fouet la crise écologique, vivre de manière durable se doit d’être une priorité. De nombreux artistes émergents partagent déjà cette opinion et le reflètent avec ardeur dans leurs œuvres. Du land au beach art, des matériaux recyclés aux installations engagées, les formes utilisées par les artistes sont multiples. Mais tous alertent sur l’urgence de rechercher une voie plus durable pour l’humanité. Reste à savoir si leur vœu sera entendu…

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