
Les représentations de la paternité dans l'art

En fonction des époques, des cultures et des milieux sociaux, la figure du père a connu d’étonnantes évolutions. Sacrée, elle fut parfois glorifiée et transcendantale. Profane, elle pouvait tout aussi bien rester discrète, voire absente des représentations artistiques. Pour autant, elle symbolise parfois la dimension filiale ou l’amour inconditionnel. À l’occasion de la fête des Pères, Artsper vous propose un tour d’horizon des plus marquantes peintures de pères !
Les peintures de pères célèbres à travers le sacré

Du Moyen-Âge à la Renaissance, la Sainte Famille et la Sainte Trinité s’imposent comme les principales représentations de la paternité. Spirituelles et religieuses, elles font référence à un père divin qui transcende toute forme de vie. Raphaël, Caravage, Michel-Ange ou El Greco ont particulièrement alimenté cet art de la paternité tournée vers le christianisme. En parallèle d’un dieu créateur et tout puissant s’impose aussi la figure du père adoptif, incarnée par Joseph. Contrairement au père divin, cette paternité est pleine d’humilité et d’une loyauté sans faille. Ce père protège, nourrit et éduque avec soin, sans attendre aucune reconnaissance. Au 16ème siècle, la figure emblématique de Joseph se voit rajeunie. Ce personnage incarne une forme de paternité provisoire, celle qui remplace sur terre la paternité divine. Il reprend ainsi le flambeau de la protection, tout en étant un fervent défenseur de la foi.
L’image profane du père : une transmission de connaissances et de biens
Contrairement à la maternité, la paternité est souvent représentée à travers la transmission de connaissances ou de biens. Deux figures s’affrontent et s’alimentent : le père comme chef de famille et comme apprenant. Qu’importe le domaine, il éduque son fils en lui transmettant ce qu’il a lui-même appris par le biais d’une filiation de classe. Le paysan apprend à son fils à travailler la terre. L’artisan lui inculque un savoir-faire spécifique. L’aristocrate transmet la lecture, la chasse, l’utilisation des armes ou la diplomatie. Ces images paternelles véhiculent donc un système relationnel à double tranchant. D’un côté, un lègue qui assure au fils la possibilité de fonder ensuite sa propre famille et de transmettre à son tour le patrimoine. De l’autre côté, une reproduction sociale impossible à dépasser et dont le poids peut s’avérer écrasant.

Certaines peintures de pères montrent aussi une paternité protectrice et fière. C’est le cas par exemple du Portrait de Joseppo da Porto avec son fils Adriano, réalisé par Véronèse. Père et fils se montrent complices, Joseppo da Porto plastronnant du simple fait d’exposer au monde sa progéniture. La figure du père cristallise donc la notion de patrimoine : génétique, certes, mais surtout culturel et économique. Pour autant, elle laisse de côté tout un pan de la paternité. Focalisées sur la reproduction genrée, ces peintures de pères ne les montrent pas en compagnie de leurs filles. Ces représentations de l’amour paternel avaient donc surtout pour vocation de maintenir un système filial et patriarcal.
Le père dans l’art contemporain : une paternité éludée

Le plus troublant lorsqu’on s’intéresse à la représentation des pères dans l’art contemporain, c’est sa rareté. À première vue, la paternité semble aux abonnés absents. En y regardant de plus près, elle apparaît pourtant sous différentes formes. Le père y est traité de façon indirecte, allusive, masquée ou détournée. L’une des représentations de paternité les plus célèbres est le travail de Louise Bourgeois, Déconstruction / Reconstruction du Père, qui exprime le besoin de l’artiste d’en découdre avec une relation compliquée avec son père. Mais la figure la plus récurrente dans l’art reste celle du père artiste, dont la force créatrice est double. Elle s’exprime à travers son enfant et son art, principalement par le biais de trois approches. Soit par la réalisation de portraits de sa famille. L’artiste peut aussi évoquer des concepts qui symbolisent la paternité, comme la transmission ou l’attachement. Dans un dernier temps, il peut aussi co-créer une œuvre avec son enfant, rendant ainsi la filiation biologique artistique.
Les peintures de pères : entre glorification et rejet de la paternité
Les représentations de la maternité dans l’art sont nombreuses, comme celles de la famille. Seule déroge à la règle la figure du père. Tantôt glorifiée dans sa version divine, sa déclinaison profane sert aussi à la reproduction d’un système social et politique. La transmission, la filiation, le patriarcat et la reproduction sociale sont donc des thèmes fréquents dans l’art de la paternité. En revanche, les autres formes de représentations paternelles semblent être passées sous silence. L’art déconstruit chaque jour un peu plus la maternité et ce qui y est associé. Tandis que l’image du père peine à suivre le mouvement, encore très largement minoritaire, caricaturale, voire omise.

À propos d’Artsper
Fondée en 2013, Artsper est une marketplace en ligne d’art contemporain. En partenariat avec 1 800 galeries d’art professionnelles autour du monde, elle rend accessible à tous la découverte et l’acquisition d’œuvres d’art.
En savoir plus