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L’art NFT est apparu très récemment. En quelques mois, il est passé d’un marché de niche à un marché colossal et globalisé, représentant plusieurs dizaines de milliards d’euros de transactions. Entre adoration et mépris, fantasme et révolution artistique, quel est l’avenir des NFT dans le marché de l’art ?
Le NFT (littéralement, Non Fongible Token – Jeton Non Fongible -) est un certificat électronique d’authenticité et de propriété. Il permet, de façon sécurisée, une totale transparence sur les conditions d’échange d’un fichier électronique.
Dans l’opinion publique, ce fichier électronique correspond bien souvent à une œuvre d’art, qu’on désigne par le terme d’art digital. Aujourd’hui, un NFT évoque couramment cette catégorie d’œuvres d’art digitales, qui utilisent la technologie des NFT pour être commercialisées.
Cependant le NFT n’est pas une œuvre d’art en soi, comme l’a récemment rappelé le comité de modération de Wikipédia. Car ce qu’on appelle « NFT » est en réalité composé de deux éléments. Le NFT lui-même, c’est-à-dire le certificat d’authenticité électronique. Et le fichier électronique auquel il est attaché, qui peut-être, ou non, une œuvre d’art.
Car l’appellation « art NFT » recouvre en réalité des choses bien différentes. Il s’agit aussi bien d’œuvres d’art digitales que de SMS ou de tweets célèbres. Le fichier électronique attaché à un NFT peut être tout et n’importe quoi ! D’un terrain virtuel dans le métaverse, à la partie du corps d’une chanteuse, en passant par la reproduction d’un tableau ancien, une vidéo qui a fait le buzz dans les années 2000, ou un sac à main.
Ainsi, il est incorrect d’assimiler d’emblée les NFT avec des œuvres d’art. Bien que la définition même de ce qu’est une œuvre d’art est en constante réévaluation, l’intention artistique et la démarche créative demeurent pour l’instant le socle de cette définition. Or ce sont des critères que bien des NFT ne remplissent pas.
Le NFT est donc avant tout un outil technologique qui participe à la commercialisation d’œuvres d’art digitales. L’art digital, qu’il s’agisse de vidéo, de photos numériques, d’animations ou de créations 3D, n’avait toutefois pas attendu l’arrivée de NFT pour exister. Mais il était difficile avant de commercialiser et légitimer ce type d’œuvres d’art sur le marché.
Aujourd’hui, avec l’arrivée des NFT, les œuvres d’art digitales ont gagné en visibilité. Et les possibilités de commercialisation et d’exposition se sont multipliées. Qu’il s’agisse du droit de suite accordé aux artistes, des nouvelles possibilités de financement attachées à un projet, ou des expositions dans des univers virtuels, les artistes bénéficient beaucoup de ce nouvel outil.
Autrement dit, les artistes ont les moyens de pouvoir vivre de l’art digital. Et c’est ce point justement qui apparaît comme une révolution. Les possibilités de création se sont dès lors démultipliées, tout comme les opportunités. C’est un terrain idéal pour la création qui s’est ouvert, où tous les rêves deviennent possibles !
Des artistes établis se penchent également sur l’art NFT. Le street artiste Vhils par exemple, avec sa série The End of the Industrial Era, a imaginé des œuvres spécialement conçues pour être converties en NFT. Il a notamment réalisé plusieurs modèles 3D de morceaux de façades, avec le visage d’une de ses œuvres qui tournoie dans le vide au-dessus d’un socle gris.
Il faut néanmoins distinguer les artistes comme Vhils, qui réfléchissent aux nouvelles possibilités de création offertes par le NFT, et d’autres artistes, qui ne créent ni plus ni moins que des versions numériques d’une œuvre préexistante.
Ainsi, lorsque Jeff Koons annonce que sa sculpture Holen Fels sera prochainement vendue en NFT, peut-on parler d’une nouvelle création artistique ?
Si Marcel Duchamp nous a appris une chose, c’est que l’art est une illusion, et l’artiste le magicien. D’un coup de baguette, il peut choisir de sacrer un objet en œuvre d’art. Sans doute, est-ce également valable pour les fichiers numériques.
De nouveaux artistes ont également émergé grâce au boom de l’art digital. Car le NFT n’est pas un simple outil, il explore un nouveau champ culturel.
En effet, le NFT vient du milieu de la blockchain. Et au-delà d’être une nouveauté technologique, il rassemble un ensemble d’acteurs qui partagent des valeurs et des codes culturels. Une grande partie de ces codes sont hérités de la culture internet. S’y mélangent les jeux vidéos, les réseaux sociaux, les GIF et les mèmes, les photomontages loufoques, ainsi que plein d’autres choses encore.
Dès lors, un grand nombre d’artistes NFT sont issus de cette culture digitale. Beeple en est le meilleur exemple. Encore inconnu de tous en 2020, il a fait la une des journaux en devenant le troisième artiste vivant le plus cher du monde, avec son œuvre Everydays: the First 5000 Days, vendue chez Christie’s pour 69.3 millions de dollars en 2021.
Derrière ce record, on trouve un homme ayant réalisé des photomontages tous les jours depuis 2007, qu’il postait à l’origine sur un blog, avant de découvrir les possibilités offertes par les NFT.
On pourrait citer aussi Blake Kathryn, une illustratrice qui mêle l’univers de l’illustration, du manga, du kawaii, de la 3D, dans des œuvres difficilement classables.
Dans le monde de l’art NFT, un type de NFT suscite plus d’attention que tous les autres. Il s’agit de séries de dessins, chacun légèrement différents les uns des autres, qui existent parfois en plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. Il s’agit par exemple des Crypto Punks, des Bored Ape Yacht Club ou des Aries. Et ils chamboulent le marché de l’art.
À mi-chemin entre œuvre d’art et crypto monnaie, ce sont ceux qui brassent le plus large volume de vente. Ils deviennent un nouveau marqueur social, à arborer fièrement sur sa montre digitale. Toute une culture se développe autour de ces « jetons » qui sont assimilés à des œuvres d’art.
Enfin, l’arrivée récente d’acteurs traditionnels du marché dans le monde du NFT entretient cette confusion entre ce qui relève de l’œuvre d’art, et ce qui se rattache plus à un collectible sans intention artistique.
Les maisons de vente Christie’s et Sotheby’s se sont très rapidement positionnées sur ce marché. Et qu’il s’agisse de musées, des grandes galeries, ou d’artistes déjà célèbres, la plupart des acteurs historiques du marché se sont lancés dans ce nouveau secteur.
Vous pensez immédiatement « spéculation » ? En effet… Alors que l’ensemble du marché des NFT ne représentait que 210M$ en 2019, il représentait 40 Md$ en 2021. Soit une augmentation de 19.000% en seulement deux ans !
Il est indéniable qu’il existe une spéculation galopante dans le secteur de l’art NFT. Plusieurs causes expliquent cela. De manière générale, le boom des crypto-monnaies participe à l’essor de ce marché, puisque les transactions ont souvent lieu souvent dans ces devises. Ensuite, le débat entre ce qui relève ou non du champ artistique participe à l’engouement des collectionneurs. Et enfin, l’arrivée d’acteurs traditionnels majeurs donne de la légitimité et de la structure à ce marché émergent.
Mais le marché de l’art s’adapte et est en constante évolution. De nombreuses innovations venues des NFT sont véritablement révolutionnaires et bénéfiques à ce marché. À commencer par le gain de transparence sur les prix et l’identité des propriétaires des œuvres. Mais aussi au droit de suite qui permet une meilleure rémunération des artistes et à l’arrivée de nouveaux artistes et profils de collectionneurs.
Les prochaines années seront décisives pour en stabiliser l’essor, et mieux définir ce qu’il recouvre. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Fondée en 2013, Artsper est une marketplace en ligne d’art contemporain. En partenariat avec 1 800 galeries d’art professionnelles autour du monde, elle rend accessible à tous la découverte et l’acquisition d’œuvres d’art.
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