
Quand les artistes font des blagues

La créativité des artistes est sans limites, et parfois elle ne se restreint pas à leurs oeuvres. Certains ont imaginé des farces abracadabrantes et sont passés maîtres dans l’art de tromper les collectionneurs, les musées, les galeries et tous les acteurs du milieu de d’art. Leurs blagues ne tomberont pas dans l’oubli de si tôt. Artsper vous propose de vous amuser en parcourant une liste (non exhaustive!) d’artistes qui se plaisent à jouer avec le marché de l’art et ses protagonistes.
Banksy

Le roi du mystère intrigue par son anonymat. Mais s’il fascine autant, c’est aussi par les nombreuses surprises qu’il réserve à la sphère artistique. Le monde entier a entendu parler de sa dernière incartade. Alors qu’elle venait d’être adjugée par Sotheby’s à plus d’un million d’euros, l’une de ses oeuvres les plus célèbres “Girl With Balloon” s’est auto-détruite. Le public, médusé, a vu dans un mélange d’horreur et d’amusement la toile être désintégrée par un mécanisme installé dans l’oeuvre par Bansky lui-même. Mais cette frasque est seulement l’une des plus récentes. En 2004 par exemple, il avait installé sa propre version de la Joconde, à côté de l’originale au musée du Louvre. Il s’est amusé à infiltrer ainsi bien d’autres musées comme le Natural History Museum ou le British Museum et a, de façon générale, piégé un grand nombre de fois le monde de l’art contemporain.
Marina Abramovic

La performeuse serbe est elle aussi la reine des surprises. En général, ses premières “victimes” sont les visiteurs des lieux où elle présente ses performances. En 1977, elle réalise Imponderabilia à la galerie d’Arte de Bologne avec son célèbre compagnon Ulay. Tous deux se tiennent nus, face à face, dos au mur dans le chambranle d’une porte à l’entrée de la galerie. Pour accéder à l’espace d’exposition, les spectateurs sont obligés de passer entre eux et par conséquent, contraints de toucher, frôler, un des deux artistes. De quoi laisser les spectateurs déconcertés, entre gêne, stupéfaction et étonnement. Ceux-ci ne s’attendaient pas à devoir se coller à des corps nus d’inconnus pour pouvoir admirer une exposition ! L’artiste semble aller toujours plus loin dans ses performances. Mais quand elle y mêle le public malgré lui, l’effet est encore plus électrisant !
Yves Klein

En 1958, l’artiste Yves Klein réalise l’exposition du vide à la galerie Iris Clert, rue des Beaux-Arts à Paris. Les visiteurs ont l’immense surprise de ne découvrir qu’une suite de salles vides aux murs peints en blanc. Malgré l’affluence, ils sont scandalisés de s’être fait duper par l’artiste : pourtant le vide n’est pas synonyme de rien… En 2009, une exposition à Beaubourg à Paris a même repris le concept, avec l’exposition intitulée Vides, une rétrospective. Yves Klein a osé livrer ses trouvailles au monde, sans craindre que celles-ci ne soient vues comme de vastes plaisanteries. En 1960, dans un climat encore loin de la libération sexuelle, il a une nouvelle fois provoqué le monde de l’art avec ses « Pinceaux Vivants ». Yves Klein a mis en scène une performance dans laquelle de jeunes femmes nues plongeaient leur corps dans sa célèbre peinture bleue, « l’International Klein Blue ».
Salvador Dali

L’excentrique Salvador Dali, avec sa moustache iconique et sa moue un peu moqueuse, ne peut que faire partie de notre liste. Parmi ses diverses entourloupes, on compte une escroquerie faite à Yoko Ono. Il lui a vendu un faux poil de sa moustache pour 10 000 dollars : il s’agissait en réalité d’un peu d’herbe séchée qu’il avait ramassé puis placé dans un coffret. Mais la veuve de John Lennon est loin d’avoir été la seule victime des farces de Dali. Un grand magasin New Yorkais par exemple, fit lui aussi les frais de sa friponnerie. Il lui avait été demandé de réaliser une œuvre sur la vitrine de la boutique afin de lancer une nouvelle marque de parfum appelée « Fracas ». Le jour du lancement, Dali n’avait toujours pas réalisé l’œuvre demandée, et se contenta de lancer un pavé dans la vitrine.
Harvey Stromberg

Le MoMA lui même a fait les frais des supercheries des artistes, et notamment de celle d’Harvey Stromberg. Pendant plusieurs semaines, Stromberg a prétendu être un étudiant en art, passant des heures dans le musée avec son bloc-notes. Il n’admirait pas les chefs-d’oeuvre, mais prenait en réalité des notes détaillées et des photographies de chaque élément du musée, à l’exception des œuvres d’art : bouches d’aération, briques, interrupteurs, carrelages, serrures… A partir de ses observations méticuleuses, il a créé et imprimé des autocollants en taille réelle de tous ces éléments, qu’il a appelé « photo-sculptures » ou trompe-l’oeil. Il a ensuite placé ces autocollants par-dessus les divers éléments originaux du musée. Certains stickers sont restés en place pendant presque deux ans, jusqu’à ce que Stromberg décide d’organiser une ouverture « officielle » de son projet.
Marcel Duchamp

Les frontières entre « artiste » et « farceur » sont très minces parfois, il faut l’admettre. Personne n’illustre mieux cette observation que Marcel Duchamp sans doute. En 1917, l’audace de l’artiste a marqué l’histoire de l’art pour toujours. Marcel Duchamp a exposé un urinoir retourné, suspendu au mur, et a déclaré que c’était une oeuvre d’art. Si à l’époque, le public n’y a vu qu’une blague provocatrice et amusante, un pied de nez au monde de l’art, cette oeuvre a été l’une des contributions artistiques les plus radicales et les plus influentes de tous les temps. « Fountain », bien loin d’une simple farce, a proposé des réflexions quant à la relation entre le travail et l’art, le concept et la technique, et la déification des artistes et des espaces artistiques. L’art conceptuel est né, et ça, c’est du sérieux.

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