
Apprendre à connaître Gustav Klimt

Artsper se plonge dans la carrière de l’artiste autrichien Gustav Klimt. Il était le fondateur du mouvement de la Sécession viennoise à la fin du XIXe siècle. La volonté de ce mouvement artistique d’envergure européenne d’opérer une rupture nette avec la tradition artistique est l’un des aspects qui suscitent le plus de réflexion.
Débuts artistiques
Gustav Klimt est né en 1862 dans une famille ouvrière. Son père Ernst Klimt était un graveur sur or et sa mère Anna Finster était musicienne en herbe. Deuxième de sept enfants, Gustav Klimt grandit dans la petite banlieue de Baumgarten, au sud-ouest de Vienne. Puis comme pour beaucoup de familles dans les premières années de l’Empire des Habsbourg, l’argent se fait rare. C’est en grande partie à cause de la crise de l’emploi provoquée par le krach boursier de 1873. Dans son enfance, Klimt, comme ses frères, fait preuve d’un grand talent artistique. Il fréquente la Kunstgewerbeschule, l’école viennoise des arts et métiers. Klimt atteint la majorité à l’aube de l’âge d’or de la révolution industrielle et scientifique de Vienne. Dix ans plus tard, il sera l’une des figures fondatrices de la révolution artistique de Vienne, le mouvement de la Sécession viennoise, ou Sezessionstil.

Une personnalité anti-système
Klimt avait une vision résolument anti-establishment. Dans sa vision du métier, il est anti-académique. Il privilégie au contraire une approche holistique et moins formalisée. Le mouvement artistique de la Sécession arrivant en Europe au début du XIXe siècle veut mettre fin à la séparation formelle entre les arts majeurs et les arts décoratifs. Il provoque une rupture avec la tradition artistique. Au début de sa carrière, Klimt a travaillé en étroite collaboration avec Franz Matsch. Klimt travaille sur des projets de grande envergure pour un cabinet d’architecture spécialisé dans la conception de théâtres.
Klimt était amoureux de la forme féminine. Cela se voit tant dans son travail que dans sa vie personnelle. Il a entretenu de nombreuses relations amoureuses tout au long de sa vie et, à sa mort, il aurait été le père de 14 enfants illégitimes. Par ailleurs, Le Baiser (1908), sans doute son œuvre la plus connue, a été inspiré par Emilie Flöge, sa muse de longue date. Flöge était sa belle-sœur, et bien que profondément amoureux d’elle, Klimt ne s’est jamais marié. En effet, il préférait consacrer sa vie à la peinture.

La période de maturité de Klimt
Arrivé à la période de la maturité, Klimt commence à défier les conventions de la peinture académique. En 1893, le Comité consultatif des arts du ministère de l’Éducation demande à Klimt et à Matsch de décorer le plafond de la grande salle de l’Université de Vienne. Klimt se montre réticent.
Au total, Klimt a réalisé trois grandes peintures de plafond pour le Grand Hall de l’université, à savoir la Philosophie (1897-98), la Médecine (1900-01) et la Jurisprudence (1899-1907). Il s’agissait d’œuvres hautement décoratives, allégoriques et profondément symboliques. Il espérait qu’elles initieraient un changement significatif dans l’art. Les tableaux de l’université de Vienne n’ont jamais été installés et ont marqué la fin des commandes institutionnelles de Klimt. Néanmoins, ils ont suscité une vive controverse, notamment en raison de la nudité représentée. Par ailleurs, Klimt a refusé d’être limité par des influences extérieures dans la poursuite de sa vision créative.

Le mouvement de la Sécession viennoise
En histoire de l’art, la Sécession désigne le mouvement de rupture des artistes d’avant-garde de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle avec la tradition européenne conservatrice. L’objectif du mouvement était de se séparer du paysage artistique plus académique et officiel en créant son propre milieu créatif. Le terme « sécession » trouve son origine dans une période d’annexion, de dissolution et de séparation de la masse continentale de l’Europe dans les années 1800.
Un virage politique
Si le mouvement fait référence à une campagne paneuropéenne, la Sécession viennoise reste la plus influente. L’objectif central du mouvement était de créer une nouvelle norme pour le design – une renaissance. À Vienne, Gustav Klimt a exercé une grande influence sur l’établissement de ce Sezessionstil, ou « style Sécession ». Cette variante autrichienne de l’Art nouveau a été fondée par une vingtaine d’artistes tels que Gustav Klimt, J.Hoffmann, J.Engelhart, M. Kurzweil, C.Moll, K.Moser, F. von Myrbach et Egon Schiele.
Le mouvement, également connu sous le nom d’Union des artistes plasticiens (Vereinigung bildender Künstler Sezession), était également très politique. Effectivement, les artistes se sont réunis en opposition au collectif Künstlerhaus. C’était un groupe d’artistes conservateurs qui limitaient la liberté artistique en contrôlant le marché de l’art. Les objectifs de ce mouvement étaient d’unir les forces créatives du pays, et plus largement de l’Europe, afin de prôner un échange international d’idées et de lutter contre les élans nationalistes de l’époque.
Le mouvement de la Sécession viennoise, à l’instar d’une campagne politique, disposait de son propre lieu de réunion, le palais de la Sécession, ainsi que d’organes de presse destinés à faire connaître la protestation. Le bâtiment de la Sécession, conçu en 1897 par Joseph Maria Olbrich, a été le lieu de plusieurs expositions destinées à exposer leurs œuvres au public et aux opposants. En lettres d’or au-dessus de l’entrée, on peut lire la phrase « Der Zeit ihre Kunst. Der Kunst ihre Freiheit (À chaque époque son art. À l’art sa liberté) ».

L’art pour la distribution
Premièrement, la campagne de la Succession de Vienne a été relayée par de nombreux magazines à vocation créative. Leur magazine officiel intitulé Ver Sacrum (Printemps sacré, en latin) et créé en 1897 publiait des œuvres d’art graphique très stylisées et influentes. De nombreux autres magazines ont participé au développement du mouvement, tels que Pan, Simplicissimus, Deutsche-Kunst und Dekoration, dans une prise de position contre l’ancien ordre artistique. Bien qu’elles restent relativement inconnues aujourd’hui, l’affiche autrichienne et les autres filiales de cette forme d’art graphique méritent d’être considérées comme une forme d’art à part entière. L’ouvrage Österreichische Plakatkunst est d’ailleurs le seul livre complet existant sur les affiches autrichiennes. Il répertorie le travail sur affiches d’Ernst Deutsch, Klimt, Julius Klinger, Moser et Egon Schiele.

La jeunesse
Deuxièmement, la Sécession est centrée sur une philosophie de la jeunesse, celle du Jugendstil ou « le style jeune ». Alors qu’une nouvelle ère se dessine à Vienne, de jeunes artistes et créatifs collaborent pour bannir les traditions artistiques conservatrices du passé. Le principal magazine Jugend (qui signifie Jeunesse) défendait de nouvelles idées en matière d’architecture, de design et de décoration.

Développement d’un style emblématique
La Sécession viennoise est un mouvement aux accents plus organiques et végétaux, en opposition à l’Art nouveau, plus géométrique. Son style se caractérise par des représentations d’éléments végétaux ou animaux, tels que des oiseaux et des poissons. Aussi par un riche éventail de tropes de la flore et de la faune dans des compositions qui semblent très stylisées. L’absence de perspective, équilibrée par une abondance de courbes, rend les dessins doux et féminins. Le mouvement de la Sécession viennoise peut donc être considéré comme une image miroir du mouvement Arts and Crafts. Celui qui se manifeste au Royaume-Uni à la même époque. Les deux mouvements semblent faire référence à la nature de manière réactionnaire à la menace croissante de la révolution industrielle.
Les affiches de la Sécession comportent des images graphiques et des textes conçus pour être autant des éléments de décoration que des vecteurs de sens. La décoration, la typographie et le style d’illustration des affiches étaient utilisés pour annoncer des expositions, des pièces de théâtre ou des livres, mais très rarement des produits industriels. L’obsession de Klimt pour la technique de la feuille d’or ou « Blattgoldtechnik » s’inspire en partie des mosaïques et des icônes byzantines ainsi que de la technique de dorure des manuscrits enluminés du Moyen Âge.
Pour conclure, Klimt était un révolutionnaire avant d’être un créateur. Le fait qu’il ait consacré sa vie à établir un mouvement anarchiste contre la tradition artistique est ce qui a donné à ses œuvres une valeur transcendantale. En tant que l’un des artistes les plus chers au monde, il a laissé un héritage d’une extrême notoriété. Si vous souhaitez explorer davantage le monde particulier de Gustav Klimt, découvrez la sélection d’œuvres inspirées de Klimt proposée par Artsper.
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