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Histoire de l'art 18/08/2025

Munch : au cœur de l’angoisse humaine

Ecrit par emmadewidehem , Mis à jour le 18/08/2025
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Munch : au cœur de l’angoisse humaine

Sommaire

Une silhouette hurlante, les mains plaquées sur le visage, se détache sur un ciel en flammes : avec Le Cri, Edvard Munch ouvre les portes d’un univers tourmenté. Peur, solitude, angoisse de la mort… Ses toiles plongent au cœur des émotions humaines, annonçant l’expressionnisme à venir, ce mouvement où l’intensité intérieure prime sur la réalité.



Edvard Munch, Anxiété, 1894.
Edvard Munch, Anxiété, 1894.

Une enfance marquée par la mort

Edvard Munch naît dans une famille bourgeoise aux moyens modestes. Son histoire familiale est marquée par une profonde tragédie : sa mère meurt de la tuberculose après cinq grossesses. Les enfants Munch sont alors élevés par leur tante, sœur de leur mère, passionnée d’art comme elle. C’est grâce à elles qu’Edvard et sa sœur aînée sont encouragés très tôt à développer leur sens artistique.

 Mais quelque temps plus tard, sa sœur aînée succombe à la même maladie à l’âge de 15 ans, dans un fauteuil en osier que la famille conservera, et qu’Edvard gardera jusqu’à sa propre mort. Une autre sœur sera internée pendant vingt ans pour dépression, et son frère, qui semblait promis à une vie heureuse, décède d’une pneumonie deux semaines après son mariage.

On comprend alors mieux pourquoi les thèmes de la mort, de la peur et de la solitude sont aussi importants dans l’œuvre de Munch, des thèmes qui nourriront plus tard l’expressionnisme.

Une vocation artistique précoce

Edvard Munch étudie à l’école des arts de Kristiania (aujourd’hui Oslo). Les premiers tableaux qu’il peint sont influencés par le réalisme, puis par l’impressionnisme et le symbolisme. Mais très vite, il développe un style plus personnel, plus expressif et introspectif. Son entourage artistique à Kristiania l’aide à s’émanciper des codes académiques et adopter son propre style, préfigurant déjà l’expressionnisme par sa volonté de faire surgir l’émotion brute.



Paris, Berlin et la naissance de l’expressionnisme moderne

Munch séjourne à Paris entre 1889 et 1892, où il découvre les œuvres de Gauguin, Van Gogh et Toulouse-Lautrec. Il est alors influencé par le symbolisme français et le postimpressionnisme. Mais en 1892, un scandale éclate lors d’une exposition à Berlin : son art, jugé trop audacieux, est retiré. Mais grâce à cela, il se démarque comme figure du modernisme naissant. Il s’installe ensuite à Berlin, où il rencontre et fréquente de nombreux intellectuels et produit des œuvres fondatrices de l’expressionnisme européen, à travers sa célèbre série La Frise de la vie.

Thèmes et œuvres clés : l’expressionnisme à son apogée

Ses tableaux explorent les thèmes de la maladie, la mort, l’amour, la jalousie, la peur, la solitude. Il utilise des lignes sinueuses, des couleurs violentes et des visages déformés pour traduire les émotions. C’est pourquoi Le Cri devient son œuvre la plus célèbre, symbole universel de l’angoisse humaine, et icône absolue de l’expressionnisme.

Le Cri

Edvard Munch, Le Cri, 1893.
Edvard Munch, Le Cri, 1893.

Le Cri (1893) est sans doute l’œuvre la plus emblématique d’Edvard Munch. La scène représente une silhouette au visage déformé, hurlant, les mains plaquées sur le visage, debout sur un pont sous un ciel rouge et tourmenté. Inspiré par une expérience réelle, Munch décrit avoir senti « un cri traverser la nature » alors qu’il marchait au coucher du soleil.

À travers des lignes ondulées et un paysage distordu, il exprime une angoisse profonde et existentielle. La figure centrale semble coupée du monde, figée dans la terreur, malgré la présence lointaine de deux personnages à l’arrière-plan. Le Cri dépasse la simple représentation pour devenir une incarnation visuelle de la peur intérieure, symbole universel de la solitude et du mal-être moderne. L’œuvre, par son intensité émotionnelle, s’inscrit pleinement dans le courant de l’expressionnisme.

L’amour et la douleur (vampire)

Edvard Munch, L'amour et la douleur (vampire), 1895.
Edvard Munch, L’amour et la douleur (vampire), 1895.

Dans L’Amour et la Douleur (souvent intitulé Vampire), Edvard Munch représente une femme rousse penchée sur un homme recroquevillé, le visage enfoui dans son cou. La chevelure flamboyante de la femme semble l’enlacer. Cette scène ambiguë oscille entre étreinte amoureuse et attaque vampirique. La femme est-elle amante, mère ou prédatrice ?

Ce tableau illustre plusieurs tensions fondamentales dans l’œuvre de Munch : l’amour comme source de douleur, la solitude masculine et la peur de l’intimité. La figure de la femme rousse est récurrente chez lui. Elle symbolise à la fois la passion, le danger et la perte de soi. Plusieurs interprétations sont données à ce tableau : un amour qui consume, une femme fatale aux allures de vampire, ou encore la trace d’une expérience féminine profondément traumatisante.

Nous avons pu comprendre que Munch a été profondément marqué par la perte des figures féminines de son entourage. Mais en plus de cela, Sa propre vie amoureuse reste chaotique : jamais marié, il vit une liaison violente avec Tulla Larsen, femme de la haute société, qui se termine par une blessure par balle à la main gauche. Munch cherche ici à exprimer une vérité intérieure. Par ses couleurs sombres, ses lignes ondulantes et sa composition intense, ce tableau préfigure pleinement l’expressionnisme, où l’émotion prime sur la réalité. L’Amour et la Douleur devient ainsi une icône de l’angoisse amoureuse et de la fragilité humaine.



Crise, isolement et renouveau

En 1908, Edvard Munch sombre dans l’alcoolisme et dans une dépression sévère. Il est alors interné dans une clinique psychiatrique au Danemark. Cette période marque une rupture dans sa carrière. En effet, lorsqu’il sort enfin de la clinique, son style devient plus apaisé. Il met en avant des paysages, des scènes de vie et de nombreux autoportraits. Ce changement n’efface pas l’intensité émotionnelle de ses œuvres : l’expressionnisme de Munch devient plus intime, moins crié, mais toujours habité par ses obsessions.

Il connait un succès croissant à partir des années 1910 et achète alors une maison à Ekely, près d’Oslo, ainsi que plusieurs terrains pour y établir son atelier. Il vit seul et se retire progressivement de la vie publique.

Mort et postérité : l’héritage durable de l’expressionnisme

Dans les années 1930, les nazis qualifient ses oeuvres d’« art dégénéré » et retirent ses tableaux des musées allemands. Cet événement affecte profondément Munch, qui était très attaché à l’Allemagne. Il meurt en 1944 d’une pneumonie, en pleine Seconde Guerre mondiale. Ironiquement, les nazis organisent de grandes funérailles officielles.

Munch lègue plus de 1 000 peintures, 15000 dessins et gravures à la ville d’Oslo. Le Munchmuseet, qui lui rend hommage, ouvre en 1963 et s’installe dans un bâtiment moderne en 2021.

Il est aujourd’hui considéré comme un précurseur de l’expressionnisme et une figure centrale de l’art moderne.

FAQ

Qui est Edvard Munch ?

Edvard Munch est un peintre norvégien né en 1863, considéré comme l’un des grands précurseurs de l’expressionnisme. Son œuvre explore des émotions profondes comme la peur, la solitude, la mort ou l’angoisse amoureuse.

Qu’est-ce que l’expressionnisme et comment Munch y contribue-t-il ?

L’expressionnisme est un courant artistique qui cherche à représenter les émotions intérieures plutôt que la réalité extérieure. Munch en pose les bases en utilisant des formes déformées, des couleurs intenses et des compositions psychologiquement chargées.

Quelle est l’œuvre la plus célèbre de Munch ?

Le Cri (1893) est son tableau le plus emblématique. Il représente une figure hurlante sur un pont, sous un ciel rouge, et incarne l’angoisse existentielle. C’est un symbole universel de l’expressionnisme.

Quels thèmes dominent dans l’œuvre de Munch ?

Ses œuvres abordent des thèmes comme la mort, la solitude, la peur, l’amour douloureux et la maladie mentale — souvent inspirés de sa propre vie et de ses traumatismes familiaux.