Les couples mythiques dans l'art

On présente souvent l’artiste comme un génie solitaire. Pourtant, la vie amoureuse et intime est au cœur de la création artistique. Passions tumultueuses, chagrins d’amour, amours fidèles…sont autant de sentiments amoureux à l’origine des plus beaux chefs-d’œuvre. Des couples mythiques ont notamment marqué l’histoire de l’art par leur relation hors du commun. Quand certains se confrontent et se réalisent dans leurs créations, d’autres connaissent un destin tragique. Artsper vous propose un tour d’horizon de ces tranches de vie amoureuse où se mêlent passion et création.

Robert et Sonia Delaunay

Presque toujours associés, ces deux artistes figurent parmi les pionniers de l’art abstrait. Ils se rencontrent peu après l’arrivée en France de Sonia, de son vrai nom Sara Illinitcha Stern, devenue Sonia Terk après avoir été confiée à son oncle maternel. Ils se marient à Paris le 15 novembre 1910 et s’installent rue des Grands Augustins où le couple gardera un atelier jusqu’en 1935. Sonia et Robert Delaunay ont énormément travaillé sur la recherche de la couleur pure et du mouvement des couleurs simultanées.

Apollinaire dit, à propos du couple : « En se réveillant, les Delaunay parlent peinture. » Sonia considère qu’il n’exagérait pas : « Nous nous sommes aimés dans l’art comme d’autres couples se sont unis dans la foi, dans le crime, dans l’alcool, dans l’ambition politique. La passion de peindre a été notre lien principal »

Robert meurt brutalement en 1941 et Sonia va poursuivre une riche carrière personnelle jusqu’à sa mort en 1979. Née à Odessa (Ukraine) dans une famille juive, élevée en Russie, Sonia Delaunay ne rompra jamais avec ses racines russes.

Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely

Divorcée de l’écrivain américain Harry Matthews dont elle a eu deux enfants, Niki de Saint Phalle épouse Jean Tinguely le 13 Juillet 1971, lui-même récemment divorcé de sa première femme. Dans ce couple atypique, le mari jouera le rôle d’assistant, aidant à plusieurs reprises Niki dans l’élaboration de sculptures monumentales, notamment le Jardin des Tarots en Toscane. Il intervient comme technicien au sein même de l’équipe des collaborateurs de sa femme.

Après la mort de Jean, Niki a cherché par tous les moyens à lui rendre hommage. Léguant des dizaines de sculptures, elle a notamment permis l’ouverture du Musée Tinguely de Bâle.

Auguste Rodin et Camille Claudel

En 1883, Camille Claudel rencontre Auguste Rodin et devient son élève. Fascinée par le maître, elle devient aussi son inspiratrice, son modèle, sa confidente et sa maîtresse tandis que Rodin vit avec Rose Beuret. Elle pose, compose et  travaille avec Rodin à la realisation des « Portes de l’Enfer ». L’émulation artistique du couple leur permet de se développer chacun individuellement et de créer de grandes choses. C’est dans ces années fructueuses que le sculpteur créera entre autre le fameux « Baiser ».

Mais très vite les rapports du couple se dégradent. Camille Claudel rejette l’opportunisme de Rodin, qui ne pense plus qu’à sa gloire et ses succès. C’est une séparation progressive et douloureuse, qui conduira la jeune femme à la folie, l’asile et la mort. Des extraits de cette lettre d’Auguste à Camille témoignent de la violence d’un amour dévorant.

« Je n’en puis plus, je ne puis plus passer un jour sans te voir. Sinon l’atroce folie. C’est fini, je ne travaille plus, divinité malfaisante, et pourtant je t’aime avec fureur. (…) Tes chères mains laisse les sur ma figure, que ma chair soit heureuse que mon cœur sente encore ton divin amour se répandre à nouveau. Dans quelle ivresse je vis quand je suis auprès de toi. Auprès de toi quand je pense que j’ai encore ce bonheur, et je me plains. »

Frida Kahlo et Diego Riviera

Séparés par une différence d’âge de vingt ans, mariés deux fois, divorcés pendant un an, « l’éléphant et la colombe » (comme les appelaient les parents de Frida) furent incapables de vivre l’un sans l’autre.

Leurs œuvres diffèrent dans de nombreux aspects mais n’en sont pas moins complémentaires. Diego Rivera, muraliste politiquement engagé, peint des fresques sur les murs mexicains incarnant des idéaux révolutionnaires. Frida, de son côté, peint sa vie intime, ses sentiments, son ressenti de la vie…le réel qu’elle observe et tente de retranscrire. Dans un dialogue permanent de leurs œuvres, les amants s’aiment et trouvent leur force créatrice dans leur passion pour l’art mythique et symbolique, mais surtout pour la passion qu’ils éprouvent l’un pour l’autre.

Picasso et Dora Maar

C’est en 1936 à Paris que se rencontrent le peintre Picasso et la talentueuse photographe Dora Maar. La jeune femme admire Picasso, il est pour elle son dieu. Picasso, qui a été marié 7 fois au total, enchaîne au contraire les relations amoureuses et considère les femmes comme des êtres interchangeables qui agrémentent et pimentent sa vie. Il n’hésite pas à le faire sentir à Dora Maar qui dira à ce propos : « Je n’ai jamais été l’amante de Picasso, il était mon maître ».

L’œuvre de Dora Maar a été totalement occultée par son statut de femme du génie Picasso. Pourtant, avant leur rencontre, la photographe a bien du talent et maîtrise très bien son médium. Elle s’initie également à la peinture mais souffre de l’influence cubiste étouffante du maître. La séparation douloureuse qui s’en suivra fera accoucher son véritable style, qui ne sera reconnu que bien plus tard. Dora Maar s’isole volontairement pour oublier ce chagrin d’amour qui marquera sa vie jusqu’à son dernier souffle en 1997.

Dali et Gala

Gala, femme de Paul Eluard et amante de Max Ernst, tombe éperdument amoureuse de Dali lorsqu’elle le rencontre en 1929 à Paris. Véritable coup de foudre pour tous les deux, ils se marient en 1932.

Gala devient alors l’unique modèle féminin et principal sujet du peintre. Dali ne cessera tout au long de sa carrière de magnifier sa femme jusqu’à l’élever au rang d’icône moderne. « J’astiquais Gala pour la faire briller, la rendant la plus heureuse possible, la soignant mieux encore que moi-même, car sans elle tout était fini. »

De son côté, Gala organise les expositions de son mari et vend ses toiles. C’est elle qui fait fructifier la fortune du couple et qui leur permet d’avoir une vie de plus en plus confortable. Pour Gala, Dali achète le château de Pubol en Catalogne où elle est enterrée à sa mort en 1982.

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