
5 faits pour comprendre l’art de Kaws

Kaws, si vous connaissez un peu le monde de l’art contemporain, vous avez forcément déjà entendu ce nom. Ce jeune artiste new-yorkais, de son vrai nom Brian Donnely, marque la scène artistique de l’art contemporain grâce à ces petits personnages provenant tout droit de dessins animés. Né en 1974 à Jersey City, il devient rapidement des street artistes à connaître. Ancien graffeur et skateur, Kaws défend un art populaire et accessible à tous. Les figures iconiques du monde du cinéma et de la télévision sont ses principales sources d’inspirations. Reprises, trafiquées et transformées, elles deviennent des figurations des conséquences de la société actuelle. Kaws devient un fabricant d’icônes, dans la lignée directe du pop art !
L’artiste bouscule le monde l’art en laissant libre court à sa créativité sur différents supports. Véritable touche-à-tout, le dessin, la sculpture, la peinture, la mode, la musique et le design. Découvrez 5 choses à savoir sur Kaws !
1. Le street art selon Kaws, un art de la rue engagé
Dès les années 1990, Kaws est inspiré par la culture graffiti et le skate. Le jeune Brian Donnely arpente alors les rues de sa ville et détourne les campagnes de pub. Au début, il graff assez simplement son nom sur les affiches, dans de grandes lettres colorées K.A.W.S. Puis, un véritable style se matérialise avec l’apparition de son icône Skully : un crâne de pirate, dont les os dépassent et forment comme des oreilles, et des croix pour les yeux. Des grandes marques vont faire le fruit des détournements de Kaws telles que Dior, Calvin Klein, Chanel, ou Diesel, qui sont maintenant pourvus de la petite tête du Skully. New York toute entière se colore des petits monstres de l’artiste.
Les affiches publicitaires vendant beauté et richesse sont coiffées du crâne de l’artiste, ce qui lui permet de dévoiler la fausseté et l’illusion que montrent ces affiches. Son geste et sa pensée vont plus loin avec la création du personnage Bendy. Le crâne est maintenant allongé et s’enroule comme un serpent entre les membres des mannequins. Ici la notion d’Eros et de Thanatos se regroupent. Le masque mortuaire se faufile entre les jambes et le cou des modèles.

Le désir, la beauté et la richesse taggés d’un crâne rappellent la fameuse Marylin de Andy Warhol. Ce peintre des années 70, avait fardé la célèbre pin-up américaine après son décès. Kaws quant à lui dévoile la mort sur un être vivant.

Kaws voyageant beaucoup, ses tags se retrouvent aux quatre coins du globe, de Paris à Londres passant par Tokyo.
D’ailleurs, selon une légende urbaine, ce serait le célèbre artiste du street art Barry McGee qui lui aurait donné les clefs pour ouvrir les panneaux d’affiches publicitaires à New York !
2. Un travail qui marque !
L’univers de Kaws est baigné par le pop art. Il s’amuse à reprendre et décliner à l’infini les mêmes figures. Bob l’éponge, Hello Kitty, les Simpson, Astro Boy, Les Schtroumpfs et Mickey sont passés sous le coup de crayon – ou de couteau de l’artiste. Après avoir été diplômé de la School of visual Arts en 1996, il est recruté chez Disney. Brian Dennely participa aux films de ce géant de l’industrie cinématographique. Il contribue au dessin animé peu connu Doug et Doria, mais plus anecdotiquement, sur le fond de scènes des 101 Dalmatiens ! Voilà, maintenant vous savez que le fond derrière les petits chiots est signé Kaws !
La collaboration avec Disney n’a pas été anodine. En effet, la référence à Mickey dans son personnage Companion est évidente. Hormis le crâne de pirate, le corps au ventre arrondi, la salopette à grosses boucles et les mains surdimensionnées gantées évoquent la célèbre souris hollywoodienne.

Ces personnages familiers qui ont accompagné notre enfance sont maintenant presque étrangers sous les traits de crayon de Kaws. Les images sont à la fois faciles d’accès et dérangeantes. Kaws utilise la pop culture car elle est compréhensible par tous. Ainsi le message percute plus vite et provoque immédiatement des émotions. C’est avec sa reprise de la couverture d’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, créée en 2005 et vendue en 2019, que sa notoriété se retrouve au sommet. Kaws mélange les personnages de la pochette du groupe de musique aux personnages de la série les Simpson, maintenant dénommée Kimpson.

3. De l’usine d’Andy Warhol à l’usine de Kaws
Le rapport à la société de consommation est indéniable dans les œuvres de Kaws. Il y a une véritable transformation de l’objet du quotidien en œuvre d’art. La différence minime entre l’art et l’objet du quotidien rend son art facile d’accès. Kaws fasciné par la culture et l’art japonais part à Tokyo. Là-bas il découvre l’artiste plasticien Takashi Murakami, ainsi que Nigo, directeur de l’entreprise Ape Bathing.

De cette collaboration naît une série de peintures appelées Package Paintings. Sur des toiles de 40 x 40 cm, il utilise les icônes animées de la télévision, le Companion, le Chum et d’autres qu’il présente sous un véritable packaging en plastique. Ces œuvres « sous vide » ressemblent littéralement aux produits vendus dans les supermarchés.


Partant de cette réussite, Kaws est allé plus loin. En effet, l’artiste se lance dans la fabrication de jouets avec l’entreprise Medicom. Ses petits personnages de papier prennent maintenant vie dans une usine 3D. Signées de la main de la main de l’artiste les figurines deviennent des petites sculptures d’art. Elles passent de l’entrepôt à la galerie, de la boutique au musée.

Avec l’art toys mélangé au pop art, Kaws est l’un des dignes successeurs d‘Andy Warhol. Inspiré par cet héritage, il s’amuse à produire un art facile, simple et populaire, prélevant son inspiration du consumérisme actuel.
4. La notoriété d’un artiste non conventionnel
Dans l’idée d’un art porté par le quotidien, Kaws explore d’autres supports artistiques. L’univers « kawsien » se développe partout et se voit partout. Avec son partenaire habituel Nigo, l’artiste new-yorkais crée une boutique, une sorte de Pop up Shop, nommée avec ironie, « Original Fake ». Le Chum, le Skully, le Companion, sont déclinés à l’infini ayant pour seule contrainte l’imagination de l’artiste. Ces personnages et dessins se retrouvent sur des tee-shirts, des baskets, des sweatshirts, des écharpes, des tasses, des affiches, et même des porte-clefs et tapis de bains ! Par le merchandising, Kaws a trouvé un moyen d’intégrer son art à la vie de tous les jours. Ainsi, il mêle directement l’art aux biens de consommation, il n’est plus seulement un artiste ou un créateur d’images mais bien un créateur d’objets du quotidien.

Dès lors, de nombreuses marques célèbres lui ont proposé des collaborations, les mêmes marques qu’il avait auparavant raillées ! Elles sont devenues littéralement sa matière première. Nike, Diesel, Marc Jacobs, Vans, Uniqlo, se sont à nouveau parées du célèbre crâne, de façon officielle cette fois-ci.
La mode n’est pas son seul terrain de jeu.Kaws se rapproche également de l’univers de la musique. En 2008, il imagine la pochette de l’album 808s & Heartbreak du célèbre rappeur Kanye West !Kaws est un artiste qui joue et s’amuse avec ses différentes collaborations. Il appose avec humour sa marque et ses crânes de pirate sur tout ce qu’il touche. Bien loin des modes opératoires traditionnels, Kaws joue avec talent avec les nouveaux moyens mis à sa disposition.
5. Un artiste dans l’ère du temps
Pour concilier le confinement avec les différentes structures artistiques, la culture s’est tournée vers les nouvelles technologies, notamment la réalité virtuelle. Comprenant l’importance du numérique dans cette nouvelle ère artistique, Kaws a pris les devants. Pendant la quarantaine, l’artiste new yorkais a créé la première exposition virtuelle. Avec le partenariat d’Acute Art, Kaws a sorti une application nommée EXPANDED HOLIDAYS. Du 12 au 26 mars 2020 une exposition des œuvres de Kaws se tenait dans votre téléphone !
La réalité virtuelle (VR) et la réalité augmentée (RA) permettaient aux utilisateurs de retrouver le célèbre Companion dans 12 endroits spécifiques dispersés à travers le globe. La Pyramide du Louvre à Paris, Times Square à New York, le Millennium Bridge à Londres, l’observatoire Wheel à Hong Kong, ou encore, le parc Ibirapuera à Sao Paulo se sont retrouvés animés d’un petit Companion. Le personnage flottait dans l’air au milieu de ces lieux iconiques. Par la suite, 25 sculptures pouvaient être aussi achetées au prix de 10 000 dollars chacune. Cela permettait aux collectionneurs de voyager avec leur œuvre et de disposer d’elle comme bon leur semblent. Un service de location, était aussi disponible avec des forfaits limités en nombre de jours, débutant à 6,99 dollars la journée.

Kaws a ainsi amené un nouveau mode d’exposition et du marché de l’art. Il comprend les nouveaux enjeux liées la technologie, et le rôle qu’elle joue déjà sur la notoriété d’un artiste. Aujourd’hui, Kaws n’est plus un jeune talent du street art, mais bien un artiste confirmé, qui expérimente et innove avec succès.
Un artiste qui n’a pas fini de faire parler de lui
Kaws est donc un véritable précurseur et une figure de proue. Il est un artiste à l’aise avec son temps. Baigné dans le street art et la pop culture, il propose un art sans ambiguïté et qui va droit à l’essentiel. Si le graffiti n’a marqué qu’une courte période dans sa jeunesse d’artiste, ce mode d’expression a eu un impact significatif sur son art.
Ses petits personnages caractéristiques ont depuis bien évolués, mais ils trouvent toujours leur inspirations parmi les icônes de la société moderne. De plus, en voulant s’intégrer à la vie quotidienne, l’art de Kaws a dépassé les supports traditionnels pour aller directement s’installer sur nos vêtements. Grâce au merchandising de ses créatures et figurines 3D, Kaws a brouillé la limite entre œuvres d’art et biens de consommation. Il dépasse son rôle de témoin du consumérisme pour en devenir un agent actif. Kaws est aujourd’hui un artiste phare de la scène artistique et mondialement connu.
Les expositions, événements et ventes autour de ses œuvres attirent un public toujours plus conséquent. Une colossale exposition rétrospective a d’ailleurs eu lieu à Melbourne en 2020 à la National Gallery Victoria et le Brooklyn Museum en prévoit déjà une autre pour 2021. On vous avait prévenu, vous n’avez pas fini d’entendre parler de Kaws…

À propos d’Artsper
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