
Pourquoi les sculptures en marbre sont-elles si populaires ?
Quand on vous dit « sculptures en marbre », quelles œuvres vous viennent immédiatement à l’esprit ? Vous pensez sûrement aux œuvres parfaites et polies de l’Antiquité gréco-romaine… Pourtant, les propriétés uniques de cette roche aux mille nuances lui ont permis de traverser les millénaires. Aujourd’hui encore, la sculpture en marbre continue à dominer la scène artistique. Qu’y a-t-il dans cette pierre pour que les sculpteurs ne résistent pas à son attrait depuis des siècles ? Pourquoi choisir le marbre, plutôt que le bois sculpté, l’argile cuite ou le bronze ? Rejoignez Artsper pour un voyage dans le temps en compagnie des sculptures en marbre !

Qu’est-ce qui rend le marbre si unique ?
L’histoire du marbre est duale. Bien qu’il soit réputé pour son extrême durabilité, lorsqu’il est extrait, il est mou et malléable. Ce n’est qu’avec le temps que son extérieur se durcit. Les sculpteurs sont donc en mesure de le ciseler de presque toutes les manières qu’ils souhaitent. De même, son grain fin permet aux sculpteurs de réaliser des détails minutieux, caractéristiques des sculptures en marbre.
Mais c’est sans aucun doute sa capacité à absorber une petite quantité de lumière, puis à la diffuser, qui le distingue des roches similaires. Cela crée un effet doux et translucide, qui donne à la sculpture à la fois le côté froid de la pierre et le velouté de la peau. Certes, Michel-Ange a sans doute adopté une approche différente à la Renaissance que celle utilisée par Roland Masson aujourd’hui. Cependant, il est clair que les propriétés uniques du marbre ont séduit les sculpteurs de génération en génération.

Pourquoi l’Antiquité classique était-elle si obsédée par les sculptures en marbre ?
Entre les œuvres de Phidias et de Polykleitos, la colonne de Trajan et l’Auguste de Prima Porto, le monde antique regorgeait des plus belles sculptures en marbre. Pourtant, la scène artistique était alors dominée par la poterie, la peinture et l’architecture. Comment le marbre est-il devenu la matière du sculpteur par excellence ?
Le marbre se répand d’abord pendant la période classique de la Grèce (de 500 av. J.-C. à 323 av. J.-C.). Ses propriétés naturelles permettent de représenter les dieux grecs avec des détails naturalistes. La période est marquée par un grand raffinement dans les techniques de ciselure, dont beaucoup ont ensuite été reprises par la Rome antique.
Si les sculpteurs romains recherchaient également un haut degré de détail, les sculptures servaient alors un objectif différent. Daniel Boorstin l’explique dans son livre Les Créateurs, « alors que les Grecs avaient donné à leurs dieux une forme humaine idéale, les Romains s’efforçaient de rendre leurs souverains semblables à des dieux ». Des bustes et des copies de bronzes grecs étaient utilisés pour orner les temples et pour représenter des héros, des empereurs, des généraux et des hommes politiques. Les sculptures en marbre indiquaient qui était au pouvoir et les tendances de l’époque. Tandis que les Grecs se focalisaient sur la représentation idéale des dieux, les Romains préféraient utiliser la sculpture pour édifier les individus. Il est donc clair que la finalité du marbre différait entre les deux sociétés. Mais la passion pour cette matière a été constante pendant toute l’Antiquité.

Comment l’histoire d’amour avec le marbre s’est-elle poursuivie à la Renaissance ?
L’utilisation du marbre a persisté tout au long du Moyen Âge. Les sculpteurs de l’époque médiévale ont utilisé le marbre pour créer des représentations stylisées de scènes religieuses. Cependant, il faut attendre la Renaissance pour que les artistes et les sculpteurs renouent avec l’art classique, le naturalisme et, bien sûr, le marbre.
Cette époque a donné naissance aux chefs-d’œuvre de Michel-Ange, comme le David et La Pietà de la basilique Saint-Pierre. L’artiste est l’un des principaux partisans du classicisme à la Renaissance. Il déclare lui-même que son rôle d’artiste était de « libérer la forme humaine emprisonnée dans le bloc en ébréchant progressivement la surface de la pierre ». Michel-Ange a donc été séduit par la luminosité, l’élégance et l’intemporalité du marbre de Carrare, idéal pour représenter la peau. Tous les sculpteurs de la Renaissance se sont tournés vers le marbre pour cette même raison, faisant de cette pierre un élément essentiel de la culture artistique de la période.

La sculpture en marbre a-t-elle survécu à l’avant-garde ?
Notre voyage dans le temps nous emmène maintenant 19ème siècle. À cette époque, les fondations de l’art moderne sont posées. Les artistes rejettent les normes académiques et explorent avec passion leur subjectivité. Dans ce contexte d’effervescence culturelle, la sculpture en marbre ne fait pas exception à la règle. Et c’est un sculpteur français, le célèbre Auguste Rodin, qui fait sortir cet art de la semi-obscurité dans laquelle il était tombé pendant 200 ans. Il reprend les techniques traditionnelles, inspirées par Michel-Ange, et les adapte pour créer des œuvres émotives et non plus figuratives. Après s’être essayé à d’autres techniques, Rodin se tourne vers le marbre. En jouant avec la luminosité à l’arrière des sculptures, il fait briller l’intensité de leur passion. Cette technique est particulièrement évidente dans son chef-d’œuvre Le Baiser.

Au début du 20ème siècle, un tournant décisif balaye la scène artistique : l’avant-garde. Elle marque la fin de la représentation figurative des corps dans les sculptures en marbre. Constantin Brancusi s’impose comme une référence avec laquelle il faut compter, rejetant l’école de pensée de Rodin. Il se concentre sur le noyau mystique du corps, l’abstraction et les motifs primitifs. On est loin du naturalisme de l’Antiquité ou de Michel-Ange ! En exploitant les propriétés naturelles du marbre, sa couleur, ses stries et son polissage, Brancusi met le spectateur au défi. Il l’invite à réfléchir à ce qu’est vraiment la sculpture. D’autres sculpteurs l’imitent à sa suite, permettant au marbre de rester populaire, même s’il est complètement transformé par l’avant-garde.

Quelle place pour les sculptures en marbre dans le monde actuel ?
Dans le prolongement de l’avant-garde, les artistes du 21ème siècle n’ont pas cessé de s’approprier le marbre. L’intérêt de cette pierre ne repose pas seulement sur ses propriétés naturelle. Il s’appuie aussi sur le fait qu’elle porte aussi le poids d’une tradition artistique millénaire. Les jeunes sculpteurs d’aujourd’hui aiment remettre en question les conventions passées pour créer des œuvres innovantes. Parmi eux, examinons le travail de Massimiliano Pelletti. Il tente de maintenir ses liens avec la sculpture traditionnelle en utilisant des moules classiques, tout en cherchant à innover grâce à des types de marbre non conventionnels. Patricia Guinois Messica, elle, joue avec l’ancien et la nouveauté dans ses œuvres. Elle explore des thèmes comme la féminité, la maternité et le mouvement de manière non traditionnelle, en laissant la pierre révéler son âme et sa forme, faisant ainsi corps avec elle.

En conclusion, le marbre a transcendé les âges. Au fil des époques, il a pris des formes différentes. Il a servi à des fins diverses et inspiré des générations de sculpteurs d’innombrables manières. Mais une constante demeure : sa capacité unique à sembler simultanément vivante et inanimée. Et la popularité du marbre est liée à cette dualité : durable mais douce, légère mais lourde, pierre et pourtant semblable à de la peau…

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