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Peintures, dessins, gravures… Les images de la Révolution française sont nombreuses. Elles sont surtout relayées et glorifiées depuis plus de deux siècles, alimentant la représentation d’un peuple souverain. Une masse indissoluble, prête à tout pour tuer le monstre monarchique. Mais quelles sont les images les plus répandues ? Et que disent-elles de l’histoire et de son interprétation ? Entre mythe et témoignage, voici tout ce que vous devez savoir !
Prise de la Bastille, massacre à la Salpêtrière, affaire de Nancy, insurrection générale… nombreuses sont les peintures qui traduisent l’extrême violence populaire de la Révolution française. Les diverses œuvres d’art dépeignent les Françai.se.s comme une foule déchaînée et compacte. Les corps inarrêtables et en perpétuel mouvement forment, ensemble, une masse uniforme et puissante. Prêts à défier les limites de la toile sur laquelle ils sont peints, les personnages s’entassent et semblent manquer d’espace. Lorsqu’on y regarde de plus près, la foule se compose de deux populations bien distinctes. D’un côté, les révolutionnaires, pointant presque systématiquement leurs armes vers le ciel en signe de future victoire et de détermination. D’un autre côté, l’aristocratie – le plus souvent à terre – désarmée, impuissante et implorante. Ces tableaux très denses ont permis de construire la représentation d’un peuple insurgé et ne formant qu’un contre le pouvoir établi.
La femme est très présente dans les images de la Révolution française, aussi bien comme figure du peuple, icône et symbole. Sur les tableaux de luttes populaires, la femme semble être un homme comme les autres. Prise de la Bastille, exécutions, assemblées ou procès : elle prend part au combat. Plusieurs femmes deviendront aussi des figures emblématiques du combat acharné pour la liberté. C’est le cas d’Olympe de Gouge, de Théroigne de Méricourt, de Lucile Desmoulins, de Madame Roland ou encore de Charlotte Corday. Les portraits de ces femmes jouent un rôle central dans la construction de modèles féminins et féministes.
Mais la figure féminine va aussi devenir un symbole fort. Nombreux sont les tableaux où la femme est une allégorie de la République ou de la liberté. Des œuvres comme La Liberté guidant le peuple ou Figure allégorique de la république en sont de bons exemples. La femme symbolise à la fois la mère patrie qui protège et l’amazone guerrière prête à défendre son pays. Mais malgré cette présence notable et plurielle dans les représentations, les femmes peinent à garder leur place révolutionnaire. Prenant jusqu’ici part aux combats populaires, elles se retrouvent exclues de la vie politique à partir de 1793.
En parallèle, plusieurs lois permettent cependant d’améliorer la situation des femmes et de diminuer le poids de la domination masculine. Mais cette victoire sera de courte durée : à partir de 1804, le code napoléonien annulera chaque mesure prise. Les femmes devront donc encore se battre davantage pour atteindre un statut et des droits égaux à ceux des hommes.
Grâce aux images de la Révolution française naît un riche imaginaire collectif et national. C’est le mythe du « peuple mangeur de rois ». Un peuple insoumis et déterminé, qui réalise finalement l’impensable : faire tomber le pouvoir. Toujours représenté comme un bloc, ce peuple sera principalement illustré de deux manières. Soit il prend la forme d’une foule effervescente et déchaînée, prête à tout pour défendre ses droits. Soit le peuple se retrouve personnifié, le plus souvent sous les traits d’un personnage de la mythologie grecque. Les héros antiques deviennent alors des figures populaires, symboles de la Révolution, du pouvoir au peuple et de la justice. Ces deux types de représentations jouent encore un rôle important dans la conscience collective nationale. Ils servent de modèles et permettent aux générations suivantes de pouvoir s’identifier à cette victoire collective et populaire.*
Les peintures, sculptures et dessins de la Révolution française sont souvent perçus comme des témoignages historiques. Mais leur influence a aussi été multipliée sous l’effet d’un imaginaire collectif proposant une représentation glorifiée du peuple. Ainsi, les images de la Révolution ont permis de construire le mythe national du peuple souverain. Figure ambivalente, cette représentation idéalisée sert aujourd’hui à légitimer des idéologies opposées, allant d’un extrême à l’autre sur l’échiquier politique.
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