
FRANCOIS MORELLET : FOCUS SUR UN ARTISTE ARTSPER
Les plus grands représentants de l’art contemporain n’en finissent plus d’investir notre plateforme. Damien Hirst, Tom Wesselmann, Annette Messager. Aujourd’hui, 10 choses à savoir sur une fierté nationale, François Morellet ! La tache nous est rendue plus facile par la démarche même de l’artiste, qui se scinde en plusieurs temps de création bien distincts.

« Quel est le but de nos travaux ? Proposer aux écrivains de nouvelles « structures », de nature mathématique, ou bien encore inventer de nouveaux procédés artificiels ou mécaniques, contribuant à l’activité littéraire ». Raymond Queneau in L’Oulipo.
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François Charles Alexis Albert Morellet, dit François Morellet, est un artiste contemporain français, peintre, graveur et sculpteur, né le 30 avril 1926 à Cholet (Maine-et-Loire)
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Pour Morellet, comme pour bon nombre d’artistes de sa génération, l’œuvre d’art ne doit renvoyer qu’à elle même . Son titre, généralement sophistiqué (l’artiste aime les jeux de mots), indique la règle du jeu qui a présidé à son élaboration (ou « système »)
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Les débuts de François Morellet sont marqués par une courte période figurative. Toujours en peinture, il devient l’un des représentants majeurs de l’abstraction géométrique, un art délivré de tout romantisme, sous l’influence des travaux de Pierre Dmitrienko.
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A partir de 1952, François Morellet met en place ses premiers systèmes. Ses oeuvres sont alors toutes exécutées d’après un schéma minutieusement pré établi. L’artiste donne alors l’impression de contrôler la création, tout en laissant une part non négligeable au hasard. Pour ce faire, il adopte un langage géométrique très dépouillé, marqué par l’exemple de Mondrian, composé de formes simples (lignes, carrés, triangles), dans un nombre limité de couleurs, assemblés dans des compositions élémentaires sur deux dimensions. Dès ses premières œuvres significatives, l’univers de Morellet est déjà fortement mathématisé, et le restera jusqu’au bout.
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En 1960, François Morellet crée le Groupe de Recherche d’Art Visuel (GRAV) avec les artistes Horacio Garcia Rossi, Julio Le Parc, Joël Stein, Francisco Sobrino et Jean-Pierre Yvaral. Ils font bouger ensemble les lignes de l’art minimal et de l’art cinétique, désireux de donner « un sens social à la géométrie ».
« Est-ce que ça va être l’euphorie ou l’œuf au plat ? » s’interroge alors Morellet. La première, incontestablement. En effet, c’est avec un bel enthousiasme et l’envie d’en découdre avec l’art officiel et les institutions que débutent les incursions du GRAV à Paris. Anticonformistes, engagés, ils veulent libérer la création, explorer des champs nouveaux, en marge des circuits traditionnels.
But premier de GRAV : démocratiser l’accès à la culture, aux arts visuels en particulier. Et pour ce faire, révolutionner la notion d’esthétique. Renouveler la création, avec une certaine économie de moyens au service de propositions fortes, en utilisant un vocabulaire géométrique, des matériaux industriels, la lumière, le mouvement… Composer aussi pleinement avec l’interaction, la dimension participative. Maître mot : laisser au public toute liberté d’action et de réaction, sans démarche explicative, théorie ou pédagogie préalable. « La capacité à s’émouvoir, à ressentir des choses, appartient à tout le monde, résume Julio Le Parc. Cela passe par les yeux, par les sens. Après, on peut ajouter des conseils. Mais la première chose, c’est le contact direct. » – Julio Le Parc
La recherche, le processus d’expérimentation priment désormais sur le chef-d’œuvre. « On était contre le commerce de l’art, contre les tableaux, pour la participation du spectateur, pré-soixante-huitards, démagos à fond, On voulait être radical, contre l’Ecole de Paris, le geste du peintre. Tout ce qui pouvait choquer… Les uns et les autres, on avait des métiers à côté. Et on avait du succès ! C’était très sympathique et amusant. Mais, bien sûr, on ne vendait rien. Et donc, n’étant pas gênés par le commerce, on pouvait foutre des coups de flash dans la gueule des visiteurs… qui rigolaient d’ailleurs ! » – Morellet

D’un commun accord, après les événements de mai 68, le groupe estime ne plus avoir de raison d’exister, et se dissout. Morellet restera toute sa vie très attaché aux principes de ce groupe.
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A partir de 1963, en parallèle de ses activités avec le GRAV, François Morellet intègre des néons à ses œuvres en jouant sur ses spécificités (intensité de l’éclairage, allumage instantané, fabrication impersonnelle). Son travail n’est pas alors sans rappeler celui du minimal artiste Dan Flavin.
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1968, nouveaux changements de techniques. L’artiste pose des trames de bandes adhésives noires sur différents lieux et supports, comme par exemple sur des sculptures du musée des Beaux-arts de Nantes. Une façon ludique d’intégrer les statues présentes dans le Musée à l’exposition consacrée à l’artiste !
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En 1992, François Morellet commence trois nouvelles séries de systèmes : Systèmes à travestir, Relâches et Free Vol. Il utilise des toiles carrées et des chiffres aléatoires qui définissent en fonction du système la position des éléments, leur couleur, leur matériau (laque glycérophtalique, néon, peinture acrylique…), le nombre d’angles droits, l’angle d’inclinaison de la toile… Chacune des décisions est donc objective, la seule décision subjective étant de définir la règle du système.
« Incapable de m’intéresser au beau, au vrai, au cri ou à la raison, je me suis résigné depuis de nombreuses années à simuler, parodier ou travestir. C’est bien de mon époque, bien de mon âge, ou même bien de mon milieu social, me dit-on. J’en conclus donc que c’est bien et que je ne vais pas m’arrêter là ».
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1996, Morellet amorce un nouveau virage. Alors qu’il avait jusqu’ici préféré la ligne droite, il introduit la courbe dans son travail, avec les séries Grotesques et Lunatiques.

En 2008 au musée des Beaux-arts de Nantes, pour l’exposition « Ma Musée », il agrandit dans le patio central un de ses tableaux constitué de lignes, qui deviennent ici des couloirs menant à des œuvres choisies.
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En 2010, Morellet rentre au Louvre de manière pérenne. Il est présenté dans l’escalier Lefuel de l’aile nord de Richelieu . Les lignes géométriques des vitraux sont désaxées. « J’espère bien avoir introduit là un désordre discret et absurde qui pourra faire sourire des visiteurs « dans mon genre », tout en ne sautant pas aux yeux de tous les autres, au risque de les faire trébucher dans l’escalier». Un décalage artistique grandiose en totale adéquation avec la vision démystificatrice de l’artiste.

À propos d’Artsper
Fondée en 2013, Artsper est une marketplace en ligne d’art contemporain. En partenariat avec 1 800 galeries d’art professionnelles autour du monde, elle rend accessible à tous la découverte et l’acquisition d’œuvres d’art.
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