
Documenta 5, Cassel : ces expositions qui ont marqué l'histoire
Artsper revient avec vous sur les expositions qui ont changé à tout jamais la manière d’envisager les pratiques curatoriales. Direction l’Allemagne des années 70, dans la ville de Cassel.
1972: Harald Szeeman, qui vient de triompher avec son exposition « When attitudes become form » est invité à organiser la 5e édition de documenta. Crée en 1955 par l’artiste Arnorld Bode, et propose, à l’origine, au public allemand de se réconcilier, pendant 100 jours, avec l’art de son époque après les années nazies, où toute forme d’art opposée au régime en place est qualifiée de dégénéré.
Alors que Szeeman arrive à la tête de la documenta (sans majuscule, enseignement tiré du bauhaus) le problème principal de l’exposition reste une attirance morbide et conservatrice pour l’abstraction sous toutes ses formes, au détriment de tous les autres arts. En 1968, Jean Leering tente de sauver la documenta en y exposant le Pop Art et l’Art Minimal. C’est un échec retentissant. Szeeman est appelé pour trouver des solutions, et assume, presque seul, l’entière responsabilité des choix curatoriaux.
Première décision, qui mène à un premier échec, Szeeman veut sortir l’exposition de ses murs pour l’emmener dans la ville, afin de coller tout à fait avec la réalité. Irréalisable pour les autorités. Ne se laissant pas démonté pour autant, il propose, à contrario des show informatifs des précédentes éditions, un vrai panorama de l’art actuel. Tout y passe : Body art, art conceptuel, Beuys (le grand refusé de l’exposition de 1969), l’hyperréalisme… L’exposition n’est pas chronologique, mais thématique et rangée en sections, autour des préoccupations des artistes. Dans la ligne de mire de ce qu’il faisait déjà à la Kunsthalle de Berne, Szeeman s’efforce à travailler sur l’imaginaire, en fournissant des réponses possibles à un questionnement de la réalité. Une enquête ambitieuse. La frontière entre public et art élitiste est abolie, dans un effacement progressif entre l’art et le non art, le tout grâce à la présence de l’artiste.
Des œuvres très fortes sont présentées, comme Fine Car Stud, installation d’Ed Kienholz, qui montre une attaque sauvage, barbare et raciste. La section « Realism » présente un nombre important de réalisations de Duane Hanson et Chuck Close. On constate un désengagement presque total pour la peinture et la sculpture de la part des artistes présentés, au profit des installations hybrides et de la photographie.
La section « Idée/Lumière » présente les grands de l’art conceptuel.« Musées des artistes », qui donnent aux objets de tous les jours le statut d’œuvre d’art (Artification) par l’intervention de la main de l’artiste, a fait date et reste, encore aujourd’hui, un modèle du genre.
Boltanski, Marcel Broodthaers, Richter, Weiner, Bruce Nauman, ils sont tous là, regroupées en sections au sein d’une exposition. Daniel Buren, encore une fois évincé par Szeeman, s’en donne a cœur joie pour descendre en flèche les choix du curator. « Castrations », « tombeau », « gadget décoratif », le maitre du papier peint ne mâche pas ses mots.
La réalisation du catalogue et de l’affiche est confiée à Ed Ruscha.



Documenta 5 est la plus grande exposition jamais organisée par Szeeeman, le curator tentaculaire.

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