
10 choses à savoir sur Takashi Murakami

Takashi Murakami. Courtesy of MFA
Qui est vraiment Takashi Murakami ? Célèbre pour ses œuvres mettant en scène un univers manga aux traits enfantins et aux couleurs saturées, l’artiste reste souvent dans l’ombre de son œuvre atypique. Artsper vous donne dix clefs de lecture pour mieux comprendre l’univers de cet artiste phare sur la scène contemporaine.
1. Quand la tradition rencontre la modernité

Murakami, 727, 1996
L’artiste japonais Takashi Murakami est célèbre pour son œuvre visuellement très pop et contemporaine. Mais il nous offre aussi une réflexion plus subtile grâce à un savant jeu entre tradition et modernité. Au niveau technique, il utilise à la fois des médias et des outils à la pointe de la technologie tout en ressuscitant des techniques artistiques japonaises anciennes comme la peinture à la feuille d’or. Ce mélange se retrouve également au niveau de ses sujets de prédilection. Ainsi, il crée un monde saturé de couleurs vives, presque hallucinogène. Dans celui-ci, se côtoient iconographie bouddhiste et héros mangas ou encore références traditionnelles et modernes, de Ogata Korîn à Stanley Kubrick.
2. L’inventeur du « Superflat »

Murakami, Kaikai Kiki
Takashi Murakami est à l’origine du mouvement « Superflat ». Ce terme est utilisé par Murakami pour la première fois en 2001. Il réalise alors une exposition à Tokyo retraçant les origines de l’art contemporain nippon à travers l’histoire de l’art traditionnel japonais. Ce courant artistique englobe un art japonais inspiré des mangas et de l’animé. Dans le mot « Superflat » : on y retrouve le mot « flat » qui en anglais veut dire plat. Ce courant évoque la planéité de l’art pictural japonais. Depuis des siècles, l’art japonais ne connait pas la perspective. Le Superflat dénonce également la vacuité de la culture consumériste japonaise de l’après-guerre.
3. Des références à Warhol

Murakami, Warhol/Silver, 2009
L’art de Takashi Murakami est très fortement imprégné de l’œuvre d’Andy Warhol. En effet, il rend hommage aux Flower series de Warhol, dans ses deux pièces Warhol/Silver et Warhol/Gold. On retrouve chez Murakami non seulement un respect profond pour l’héritage warholien mais également une réflexion étonnante et profonde sur son maître. Dans le livre de Sarah Thornton Seven days in the art world, il évoque la question de Warhol non sans une certaine frustration artistique.
« Il a eu un trait de génie, l’invention de la peinture facile. Je suis jaloux de lui. Je ne cesse de demander à mon équipe pourquoi notre travail est si compliqué alors que Warhol, lui, menait une vie facile en peinture. L’histoire le dira ! Mon point faible, c’est ma culture orientale. Les saveurs de l’Orient demandent trop de travail de présentation… Je trouve que je suis désavantagé dans l’arène de l’art contemporain mais je suis japonais, je n’ai pas le choix ».
4. La Factory de Murakami, Kaikai Kiki Co

Le studio de Murakami
À l’image de Warhol, Murakami a créé une sorte de Factory, un atelier développé en empire, appelé Kaikai Kiki Co. Un peu comme l’atelier de Jeff Koons à New-York, il s’agit d’un lieu de production où des centaines d’artisans exécutent des tâches afin de réaliser les œuvres de l’artiste. Cependant, Murakami va encore plus loin que Jeff Koons dans l’approche de marketing de son œuvre. Il a créé une multitude de produits dérivés, comme des tapis imprimés de fleurs animées, motif phare de son œuvre.
5. Murakami à Versailles

Murakami, Flower Matango, Versailles, 2010
Le château de Versailles a connu plusieurs grandes expositions contemporaines qui ont provoqué des polémiques. C’est le cas notamment de la rétrospective de Jeff Koons en 2008, ainsi que de l’exposition de Murakami en 2010. Il a présenté vingt-deux sculptures et peintures dont onze réalisées spécialement pour l’exposition. Cet événement a été très controversé et critiqué par certains activistes dont deux collectifs, Versailles mon amour et Non aux mangas très véhéments. Après avoir mal vécu l’exposition de Jeff Koons, ils essayèrent, en vain, d’arrêter celle de Murakami.
6. Des œuvres avec plusieurs niveaux de lecture

Murakami, Tan Tan Bo – In Communication, 2014
Malgré son apparente naïveté acidulée, le travail de Murakami invite à lire entre les lignes et propose une réelle réflexion imagée. Les experts voient trois niveaux de lectures.
Dans un premier temps, on peut y voir la critique des otaku, les fans extrêmes de mangas qui n’inspirent que de la superficialité et du vide à Takashi. À travers un travail pictural de caricature et de distorsion, on retrouve cette folie fanatique exagérée que Murakami tourne en dérision.
Dans un second temps, l’artiste évoqué l’influence de la société de consommation et de ses produits sur nos goûts et nos comportements.
Le troisième et dernier niveau de lecture consiste à y voir une fusion intéressante entre haute culture et culture populaire. Le syncrétisme opéré par Murakami pose la question de la légitimité de cette différence, un sujet qui fait débat aujourd’hui dans le monde de l’art.
7. Son personnage signature, Mr. Dob

Murakami, Dob
Le personnage signature de Takashi Murakami, Mr. Dob, est révélé en 1992. Il s’agit d’une sorte de personnage autoportrait. Il apparaît à un moment où des artistes comme Barbara Kruger et Jenny Holzer sont introduites au Japon. Le travail de ces artistes est très centré autour des mots. Leurs œuvres à message auront un impact sur Murakami à cette époque. Mr. Dob a une tête ronde avec deux oreilles, à la manière de Mickey, la lettre D est inscrite sur l’oreille gauche et la lettre B est inscrite sur l’oreille droite. Le visage de la forme d’un O permet la lecture du nom Dob. Le mot est une contraction d’une phrase à la manière du mouvement Dada, « Dobojite, dobojite », qui veut dire « pourquoi pourquoi ? ». Avec cet alter ego singulier, Murakami a voulu créer une icône, qui tout en restant japonaise aurait un attrait universel.
8. Des collaborations prestigieuses

Louis Vuitton x Murakami
En 2003, le célèbre créateur de mode Marc Jacobs fait appel à l’artiste pour une collaboration unique et colorée où l’artiste réinterprète les classiques sacs à main de la marque Louis Vuitton. Cette collection particulière de 2003 était intéressante pour Murakami à un niveau artistique. En effet, la marque a accepté que le logo soit décliné en différentes couleurs laissant à l’artiste une liberté visuelle peu commune aux stratégies marketing de l’époque. Cette union hybride entre un artiste contemporain et une marque de luxe aura eu un véritable coup de tonnerre dans le milieu de la mode.
9. Un artiste touche-à-tout : la réalisation de clips vidéos

Extrait du clip « It Girl » de Pharrell Williams
La créativité de Murakami touche à tous milieux, de la mode à la production audiovisuelle. C’est particulièrement le cas dans les clips vidéos ou pochettes d’album, comme Kanye West et plus récemment Pharrell Williams. En effet, en septembre 2014, il réalise le clip de la chanson « It girl » de Pharrell Williams, où le chanteur a son propre personnage animé.
10. Un record de vente pour My Lonesome Cow-boy

Murakami, My Lonesome Cowboy, 1998
En mai 2008, Murakami se hisse au rang des artistes vivants les plus chers du monde. La sculpture My Lonesome Cow Boy (1998) se vend aux enchères à Christie’s à plus de 15 millions de dollars ! Depuis la visibilité de l’artiste est toujours aussi forte. En foire comme dans les maisons de vente, ses œuvres caractéristiques s’arrachent auprès des collectionneurs, séduits par l’esthétique ludique et l’ironie cachée de cet artiste contemporain emblématique.

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