
GOOD TO KNOW: EDMUND DULAC ILLUSTRATEUR DE CONTES DE FEES
A l’occasion de la semaine du Dessin, Artsper vous fait voyager dans le temps, en redécouvrant les grands maîtres de l’illustrations du XIXème siècle. Découvrez leur monde féérique constitué de dessins colorés et étonnamment graphiques et stylisés.
Edmund Dulac
Edmund Dulac, né Edmond Dulac est un illustrateur français de la fin du 19ème siècle. Originaire de Toulouse, dès sa vingtaine il s’expatrie à Londres où il sera éventuellement naturalisé et changera son nom. Son œuvre est fortement imprégnée par sa fascination pour l’Orient. Des contes des mille et une Nuits aux contes de Perrault et d’Andersen, l’œuvre de Dulac a illustré les plus grands maîtres de la littérature de son époque.
« Il examina le vase de tous côtés, il le secoua, pour voir si ce qui étoit dedans ne feroit pas de bruit. Il n’entendit rien ; et cette circonstance, avec l’empreinte du sceau sur le couvercle de plomb, lui firent penser qu’il devoit être rempli de quelque chose de précieux. Pour s’en éclaircir, il prit son couteau, et avec un peu de peine, il l’ouvrit. Il en pencha aussitôt l’ouverture contre terre ; mais il n’en sortit rien, ce qui le surprit extrêmement. Il le posa devant lui ; et pendant qu’il le considéroit attentivement, il en sortit une fumée fort épaisse qui l’obligea de reculer deux ou trois pas en arrière. Cette fumée s’éleva jusqu’aux nues et s’étendant sur la mer et sur le rivage, forma un gros brouillard : spectacle qui causa, comme on peut se l’imaginer, un étonnement extraordinaire au pêcheur. Lorsque la fumée fut toute hors du vase, elle se réunit et devint un corps solide, dont il se forma un génie deux fois aussi haut que le plus grand de tous les géans. À l’aspect d’un monstre d’une grandeur si démesurée, le pêcheur voulut prendre la fuite ; mais il se trouva si troublé et si effrayé, qu’il ne put marcher. » Mille et une nuits, conte du pêcheur
Après une formation aux beaux-arts de Toulouse, Edmund Dulac s’installe à Londres en 1905. Durant cette période, l’Europe, en particulier l’Angleterre connaît un bouleversement dans l’industrie du livre, offrant aux illustrateurs de véritables opportunités de travail, un « âge d’or » pour l’illustration et l’édition. Très vite, il devient un des artistes les plus reconnus de l’illustration en Angleterre, coude à coude avec ses confrères Kay Nielsen, Arthur Rakham et William Heath Robinson. Il fera la rencontre plus tard du poète W.B Yeats pour qui il créa des décors de théâtre. Véritable touche à tout, il sera médailleur, créateur de cartons de tapisseries, graveur de timbre et graphiste.
« Les aurores boréales luisaient si vivement et si exactement que l’on pouvait prévoir le moment où elles seraient à leur apogée et celui où, au contraire, elles seraient à leur décrue la plus marquée. Au milieu de ces salles neigeuses, vides et sans fin, il y avait un lac gelé dont la glace était brisée en mille morceaux, mais en morceaux si identiques les uns aux autres que c’était une véritable merveille. Au centre trônait la Reine des Neiges quand elle était à la maison. Elle disait qu’elle sié- gerait là sur le miroir de la raison, l’unique et le meilleur au monde. » La Reine des Neiges, Andersen
L’œuvre qui lui apporta la reconnaissance et la renommée dans le monde de l’illustration fut « Stories from the Arabian Nights » publiée en 1907. Il eut un succès immédiat et fulgurant, tant et si bien que ses planches originales furent quasiment toutes vendues dès l’accrochage avant l’inauguration de l’exposition aux Leicester Galleries.
« Les quatre collines étaient les quatre îles qui donnaient le nom à ce royaume. J’appris tout cela de la magicienne, qui, pour comble d’affliction, m’annonça elle-même ces effets de sa rage. Ce n’est pas tout encore ; elle n’a point borné sa fureur à la destruction de mon empire et à ma métamorphose : elle vient chaque jour me donner, sur mes épaules nues, cent coups de nerf de bœuf, qui me mettent tout en sang. Quand ce supplice est achevé, elle me couvre d’une grosse étoffe de poil de chèvre, et met par-dessus cette robe de brocard que vous voyez, non pour me faire honneur, mais pour se moquer de moi. » Histoire du jeune roi des Iles noires
Fortement marqué par l’Orient, il s’intéressera également aux miniatures persanes et aux estampes japonaises. On retrouve cette imagerie et composition orientale dans ses illustrations pour Simbad the Sailor and other Tales from the Arabian Nights et Princess Badoura. A la fin de la grande guerre, Edmund est reconnu comme un dessinateur affirmé et un coloriste d’une maitrise rare. La palette de couleurs est un de ses points forts, jouant des coloris et des teintes avec une aisance exceptionnelle, Dulac fait pénétrer le lecteur dans un monde de poésie et de grâce. Il en résulte une force romanesque forte dans ses illustrations qui rythment parfaitement le mystère et le drame du récit de l’auteur. Maitre de l’équilibre, ses illustrations sont toujours soutenues par une composition visuelle forte et agencée.
« Everything about her was white, glistening and shining. » Dreamer of dreams, Queen of Roumania
Il se distingue dès ses premiers livres de ses concurrents anglais en libérant la couleur du contour noir. Les couleurs s’harmonisent avec aisance comme dans un tableau. Son travail se rapproche de celui du peintre : la couleur définit les formes, mais le dessin est omniprésent et précis tout en étant invisible.
Kay Nielsen
Kay Nielsen, né en 1886 est un illustrateur danois. Il étudie l’art à Paris à l’Académie Julian et à l’Académie Colarossi de 1904 à 1911. Comme Edmund Dulac, il part vivre en Angleterre en 1911, terre des artistes illustrateurs à l’époque. Il commence à se faire un nom avec ses illustrations autour du conte norvégien « East of the sun and West to the Moon » (à l’Est du soleil et à l’ouest de la lune). Suivant cette publication, il réalisera des illustrations pour Charles Perrault notamment « La belle au bois dormant », « le chat botté », « cendrillon » et « Barbe bleue ». En 1916, il retourne vivre au Danemark et travaille d’autres contes de fées classiques des « 1001 Nuits » aux contes d’Andersen et des frères Grimm.
« Le jeudi soir suivant, l’ours blanc vint la chercher. » A l’Est du soleil et à l’Ouest de la lune
« Le Fils du Roi, qu’on alla avertir qu’il venait d’arriver une grande Princesse qu’on ne connaissait point, courut la recevoir ; il lui donna la main à la descente du carrosse, et la mena dans la salle où était la compagnie. Il se fit alors un grand silence; on cessa de danser et les violons ne jouèrent plus, tant on était attentif à contempler les grandes beautés de cette inconnue. On n’entendait qu’un bruit confus: Ah, qu’elle est belle ! Le Roi même, tout vieux qu’il était, ne laissait pas de la regarder et de dire tout bas à la Reine qu’il y avait longtemps qu’il n’avait vu une si belle et si aimable personne. Toutes les Dames étaient attentives à considérer sa coiffure et ses habits, pour en avoir dès le lendemain de semblables, pourvu qu’il se trouvât des étoffes assez belles, et des ouvriers assez habiles. Le Fils du Roi la mit à la place la plus honorable, et ensuite la prit pour la mener danser. » Cendrillon, Perrault
« À peine s’avança-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres, ces ronces et ces épines s’écartèrent d’elles-mêmes pour le laisser passer: il marche vers le Château qu’il voyait au bout d’une grande avenue où il entra, et ce qui le surprit un peu, il vit que personne de ses gens ne l’avait pu suivre, parce que les arbres s’étaient rapprochés dès qu’il avait été passé. Il ne laissa pas de continuer son chemin : un Prince jeune et amoureux est toujours vaillant. Il entra dans une grande avant-cour où tout ce qu’il vit d’abord était capable de le glacer de crainte : c’était un silence affreux, l’image de la mort s’y présentait partout, et ce n’était que des corps étendus d’hommes et d’animaux, qui paraissaient morts. » La belle au bois dormant, Perrault
« Elle pensa mourir de peur, et la clef du cabinet qu’elle venait de retirer de la serrure lui tomba de la main.
Après avoir un peu repris ses esprits, elle ramassa la clef, referma la porte, et monta à sa chambre pour se remettre un peu ; mais elle n’en pouvait venir à bout, tant elle était émue. Ayant remarqué que la clef du cabinet était tachée de sang, elle l’essuya deux ou trois fois, mais le sang ne s’en allait point ; elle eut beau la laver et même la frotter avec du sablon et avec du grais, il y demeura toujours du sang, car la clef était féee, et il n’y avait pas moyen de la nettoyer tout à fait : quand on ôtait le sang d’un côté, il revenait de l’autre. » La Barbe Bleue, Perrault
C’est en 1939, que Nielsen est appelé par l’Amérique et les grands studios de Disney pour travailler sur plusieurs animations dont Fantasia et un projet basé sur la Petite Sirène. Ce projet ne verra jamais le jour de son vivant puisque ce film sortira en 1989, utilisant tout de même des travaux et idées que Nielsen avaient réalisés pour les studios.

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