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La Biennale de Venise : les superbes olympiades de l’art
Artstyle 10 Mai 2019

La Biennale de Venise : les superbes olympiades de l’art

La Sérénissime se met aux couleurs de l’art contemporain à l’occasion de la 58ème édition de la Biennale de Venise. L’Arsenal, les Giardini, mais aussi les musées, les palais et les rues de la charmante ville flottante accueilleront pendant les six prochains mois cet évènement, l’un des plus importants du monde de l’art. Vous avez sûrement déjà exploré Venise, que ce soit en personne ou à travers des peintures. Mais vous n’avez peut-être jamais eu l’opportunité de voir cet évènement qu’elle accueille…

Vianney Venise
Vianney, Le Grand Canal (2018)

À cette occasion, Artsper vous propose un tour d’horizon complet sur La Biennale de Venise : découvrez son histoire, ses moment forts et ce que vous réserve l’édition de 2019.

La création d’une manifestation artistique incontournable

pro arte
Pavillon central (Pro Arte) de la Biennale de Venise

La Biennale de Venise est, depuis plus de 120 ans, l’une des institutions culturelles les plus prestigieuses du monde. Son histoire remonte à l’année 1893, date à laquelle le conseil municipal de Venise décida, pour célébrer les vingt-cinq ans de mariage du roi Umberto 1er et de Marguerite de Savoie, d’organiser une exposition d’art biennale (littéralement : « qui dure 2 ans »). Cependant, l’exposition ne se tint finalement que deux ans plus tard, principalement grâce à l’impulsion du maire de la ville Riccardo Selvatico. Celui-ci, avec l’appui du Conseil de Venise, annonça en 1894 l’ouverture du projet d’une biennale dédiée à la fois à l’art italien et à la création artistique d’autres pays. Pendant l’hiver 1895, les travaux de construction du Palazzo dell Esposizione s’achevèrent dans les Giardini du Castello. La première exposition internationale d’art de la ville de Venise (Prima esposizione internazionale d’arte della città di Venezia) fut alors inaugurée en avril 1895, en présence du roi Umberto 1er et de la reine Marguerite de Savoie. L’évènement fut reçu avec enthousiasme par le public, et plus de 220 000 visiteurs se pressèrent autour du Pavillon Central pour admirer les œuvres d’artistes vénitiens, italiens et internationaux.

Les mythiques Pavillons Nationaux

Pavillon Français Biennale de Venise
Biennale de Venise, le Pavillon français dans les Giardini

Pour la première Exposition Internationale d’Art de la Cité de Venise, le maire de Venise, Riccardo Selvatico, fit construire un bâtiment dans les Giardini de Castello. Celui-ci recruta les architectes Marius Pictor et Bartolomeo Bezzi ainsi que les sculpteurs Lorenzetti, Nono, Guisti et Benvenuti. Ce bâtiment, initialement appelé Palazzo dell Esposizione  fut rebaptisé Pro Arte lors de l’inauguration de la Biennale en 1895. Après la construction des premiers pavillons nationaux, il devint le Pavillon Italien puis le Palais des expositions (en 2009) et enfin le Pavillon Central (depuis 2010). En 1907, après que les organisateurs aient suggéré aux différents pays participants régulièrement de construire leur propre pavillon, le premier pavillon international fut ouvert dans les Giardini : le pavillon belge. Il fut rapidement rejoint par les pavillons hongrois (1909), allemand (1909), britannique (1909), français (1912) et russe (1914). Depuis, ce n’est pas moins d’une vingtaine de pavillons représentant tous un pays différent, qui ont été construits au fil du siècle. On compte en tout 29 pays disposant d’un pavillon national construit dans les Giardini. Les pays qui n’en ont pas se répartissent dans le reste de la ville, entre l’Arsenal, les palais, les galeries d’art et les églises.

L’ouverture à d’autres disciplines artistiques

Architecture Biennale de Venise
Dionisio Gonzalez, Hotel Bauer (2011)

La Biennale de Venise accueille, en plus de l’Art, plusieurs disciplines : l’Architecture, le Cinéma, la Musique et le Théâtre. Trois manifestations font l’immense renommée de la Biennale de Venise. La Biennale d’Art, bien entendu, mais aussi deux de ses petites sœurs. La Biennale du Cinéma, créée en 1932, a été le premier festival dédié au film de l’histoire : cela confère à la Mostra Internazionale d’Arte Cinematografica un rôle de premier plan dans le monde du cinéma. La Biennale de l’Architecture, créée beaucoup plus tard, en 1980, est elle aussi un incontournable. Seules la Biennale de l’Art et la Biennale de l’Architecture ont lieu tous les deux ans. La Mostra de Venise, la Biennale de théâtre, la Biennale de musique et la Biennale de danse ont lieu chaque année. La Biennale d’Art a lieu les années impaires et la Biennale d’architecture a lieu les années paires.

La promotion de la nouveauté artistique

Robert Rauschenberg
Installation de Robert Rauschenberg Studio Painting (1960–61), pour la XXXII Esposizione Biennale Internazionale d’Arte, Venise (1964)

La Biennale a toujours été à l’avant-garde de la promotion des nouvelles tendances artistiques et culturelles. Elle a, par exemple, introduit l’expressionnisme abstrait dans les années 1950, et est aussi réputée pour avoir importé le Pop Art des années 1960 en Europe en récompensant l’artiste américain Robert Rauschenberg. En 1977 également, en pleine guerre froide, malgré les protestations de l’Union Soviétique, La Biennale de Venise a fait le choix de promouvoir l’avant-garde artistique en choisissant d’inclure des expositions de peintures, de films, de littérature produites par des dissidents en Union soviétique et dans d’autres pays communistes d’Europe de l’Est. La « Biennale des dissidents » a ainsi été ouverte. Le président de l’époque aurait déclaré : «Parmi les événements de ces dernières années, la dissidence culturelle en Europe de l’Est représente un mouvement important dans la vie culturelle (…) J’estime de notre devoir de faire preuve de solidarité envers ceux qui sont confrontés aux pouvoirs autoritaires et qui y résistent en raison de leur engagement envers l’art et la culture. » À cause des controverses qui ont suivi, le président Ripa di Meana a quitté ses fonctions à la fin de l’année.

Des récompenses prestigieuses et convoitées

Le lion d'or
Le Lion d’Or

Dès sa création, la Biennale a remis divers prix. La procédure fut fixée en 1938 avec la création du « Grand Prix », qui fut décerné jusqu’en 1968, date à laquelle les protestations politiques et intellectuelles de l’époque aboutirent à son abolition. La récompense fut de nouveau instaurée en 1986, sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui : le célèbre Lion d’Or. Le Lion d’Or est décerné dans chacun des domaines de la Biennale (Art, Architecture, Cinéma, Théâtre, Musique, Danse) et se décline en plusieurs prix. Dans l’art par exemple, il peut récompenser la meilleure participation nationale à la manifestation.

La représentation de la création artistique féminine

Annette Messager
Annette Messager, Casino (2005)

Cette année, le Fonds Chanel pour les femmes, qui œuvre à la reconnaissance des femmes artistes et commissaires, est le mécène exclusif du Pavillon français, occupé par Laure Prouvost, troisième artiste féminine invitée à représenter la France à Venise (après Annette Messager en 2005 et Sophie Calle en 2007), accompagnée par la curatrice Martha Kirszenbaum. C’est donc la féminité qui fera la fierté de la France cette année à Venise. Lors de la Biennale de 2017, les femmes étaient d’ailleurs à l’honneur et cette édition avait paru s’ouvrir de façon marquée à une diversité des identités sexuelles et culturelles sous l’égide de la commissaire générale française Christine Macel. Plus que jamais, cette année-là, l’art contemporain s’est conjugué au féminin avec la participation remarquée de nombreuses femmes artistes, déjà reconnues internationalement, ou émergeant sur la scène contemporaine mondiale. Un bilan encourageant quand on sait que c’est seulement lors de la 51ème édition, en 2005, que la Biennale de Venise a pour la première fois été orchestrée par une femme, en l’occurrence deux, les commissaires générales Maria De Corral et Rosa Martinez… ou que la première femme artiste à avoir été récompensée à la Biennale de Venise fut Bridget Riley, en 1968.  Cette année, la 58ème édition de la Biennale de Venise s’ouvre avec une majorité féminine, et prouve qu’il est désormais incontournable de connaître et reconnaître les références féminines qui s’imposent aujourd’hui sur la scène artistique internationale.

Quelques grands artistes récompensés à la Biennale

Marina Abramovic, Balkan Baroque (1997)

Henri Matisse : En 1950, le peintre français de 81 ans a représenté la France à la 25e édition de la Biennale de Venise. À cette occasion, il a reçu le Grand prix de peinture, qu’il a décidé de partager avec son ami sculpteur Henri Laurens. 




Anish Kapoor : En 1990, Anish Kapoor n’avait que 36 ans et était au tout début de sa carrière d’artiste : les jurys de la Biennale ont choisi de lui décerner le Lion d’Or du meilleur jeune artiste.

Marina Abramovic : En 1997, elle a réalisé la performance Balkan Baroque à la Biennale de Venise, ce qui lui a valu le Lion d’Or de la meilleure artiste. Pendant 4 jours, vêtue de blanc, l’artiste serbe s’est installée sur un tas d’os d’animaux, les nettoyant un à un de leur chair.

Louise bourgeois : Artiste plasticienne et sculptrice française, Louise Bourgeois a laissé une empreinte indélébile dans l’art moderne et contemporain. Elle a été récompensée en 1999, par le Lion d’or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de son œuvre.

Annette Messager : le pavillon français consacré à Annette Messager a remporté le Lion d’or de la Biennale de Venise en 2005. La plasticienne a été récompensée pour son installation « Casino », inspirée de l’histoire de Pinocchio.

Et en 2019 ?

Laure Prouvost Biennale de Venise
Laure Prouvost, croquis préparatoire, aquarelle et crayon sur papier (2019)

L’Américain Ralph Rugoff, directeur de la Hayward Gallery à Londres, est le commissaire de la 58e biennale de Venise qui a pour thème  « May You Live In Interesting Times ». 90 pavillons seront présentés avec quatre nouvelles participations : Madagascar, le Pakistan, le Ghana et l’Algérie. S’appuyant sur les fakes news, les réseaux sociaux et le surplus d’informations que nous consommons quotidiennement, Ralph Rugoff a conçu l’évènement en deux expositions, qui réunissent les mêmes artistes, entre l’Arsenal et les Giardini. Laure Prouvost représente la France en proposant dans le pavillon français un Road-trip dans le subconscient. Son projet audiovisuel Vois ce bleu profond te fondre invite au voyage intérieur et nous plonge dans un monde absurde et enivrant. En route tout droit vers le Lion d’Or ?

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