
Décryptage d'une œuvre majeure : « Maman » de Louise Bourgeois

Cette semaine Artsper vous propose de revenir sur une oeuvre incontournable, en réalisant une micro-analyse et son interprétation. Il s’agit de l’œuvre magistrale Maman de Louise Bourgeois. «Tout mon travail, tous les sujets, trouvent leur source dans mon enfance».
Quelques mots sur l’artiste
Louise Bourgeois est une sculptrice et plasticienne née à Paris le 25 Décembre 1911, et morte à New York le 31 Mai 2010. Elle a travaillé particulièrement sur les thèmes de l’universalité, des relations entre les êtres, de l’amour et de la frustration entre des amants ou les membres d’une même famille, ainsi que l’érotisme mais son oeuvre se centre sur le sujet de la procréation, de la naissance et de la maternité, sous la forme de «femmes-maisons», qui mêle le corps à l’architecture.
Le fil rouge de son oeuvre est le phallus (qui représente le père), et l’araignée, représentant la mère.
L’oeuvre de Louise Bourgeois
«Maman» fait partie d’une série de sculptures, pour la plupart intitulées «Spider». Elle est commandée à Louise Bourgeois pour sa participation inaugurale aux Unilever Series en 1999, et exposée dans le vaste Turbine Hall à Londres, Royaume-Uni. L’araignée s’est deja posée, entre autres, à Paris, Saint-Petersbourg, Tokyo, Copenhague, Denver, Kansas City, San Francisco, New-York et Londres. Elle est actuellement à Ottawa (Canada).
«Maman» reprend le thème de l’araignée que Bourgeois avait déjà travaillé dans un petit dessin à l’encre et au charbon en 1947 et révèle le caractère autobiographique de l’oeuvre. En effet nous pouvons interpréter cette pièce comme un hommage à sa mère, Joséphine Bourgeois qui réparait des tapisseries dans l’atelier de restauration textile de son mari à Paris, et enfant, l’artiste la regardait travailler.
On trouve bien dans cette sculpture les métaphores de filage, tissage, soin et protection. Le thème de la maternité est également présent lorsque nous regardons sous l’abdomen: une sorte de poche grillagée contient 26 oeufs en marbre.

La mère de Louise est morte lorsque celle-ci avait 21 ans. Cette perte l’attrista au point de vouloir mettre fin à ses jours. « L’araignée est une ode à ma mère. Ma mère était aussi intelligente, patiente, utile, raisonnable, indispensable qu’une araignée« .
La grandeur de l’œuvre peut montrer l’importance du sujet pour l’artiste. Comme au Moyen Age où certains personnages étaient montrés de manière disproportionnée pour signifier la puissance.
Installée dans l’espace urbain ou muséal la sculpture peut être perçue de deux manières differentes. En plus les passants peuvent circuler entre ses pattes, faisant ainsi partie de l’oeuvre. Elle peut également servir d’abris au promeneur, de toit protecteur. D’ailleurs, l’arachnide peut évoquer l’insecurité, voire la menace, de par sa taille imposante, le matériau utilisé et sa noirceur.
Quoi qu’il en soit, «Maman» fait partie de la vie des habitants qui ont à leur tour le rôle de la faire vivre et de lui donner un sens.

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