Une introduction au romantisme 

Le romantisme est l’un des tournants de pensée les plus marquants de l’histoire de l’art, dont l’influence fut à la fois sociale, intellectuelle, artistique et littéraire. Il représente l’un des premiers désirs de changement et de renouveau, ce qui n’est pas surprenant puisqu’il précède la Révolution Française de 1789. Artsper vous explique tout ce que vous avez besoin de savoir sur ce mouvement qui a bouleversé non seulement la France mais l’Europe entière.

Les origines du romantisme 

Le romantisme débute en Europe de l’Ouest, vers le milieu du 18ème siècle. À cette époque, le mouvement artistique et culturel dominant est le néo-classicisme, qui puise son inspiration dans l’esthétique des civilisations antiques. Le néo-classicisme valorise l’ordre, le contrôle de soi, et la promotion de valeurs idéalistes. Le romantisme s’impose comme une rupture claire avec ces idéaux obsolètes.

Dorénavant, c’est la passion et les sentiments personnels qui devraient être privilégiés. Cette rupture ne concerne pas seulement les domaines artistiques ou culturels. Avec le développement de l’industrialisation et de la modernité, le romantisme se veut comme le dernier espoir anti-conventionnel, individuel, voire même immature. Ces valeurs promues par les artistes et les intellectuels tentent donc de contrer la froideur de la modernité et de l’Académie. Ils souhaitent donner la place à leur instinct, plutôt qu’à la raison. C’est d’ailleurs le poète Allemand Friedrich Schlegel qui utilise le mot « romantique » pour la toute première fois pour donner cette définition : « littérature dépeignant des sujets émotionnels de façon imaginative ». 

L’art par le ressenti personnel

Le romantisme se manifeste légèrement différemment à travers l’Europe. En Angleterre, les artistes en tête du mouvement romantique sont Caspar David Friedrich, William Turner et John Constable. Leurs œuvres sont principalement des peintures de paysages, à la fois irréels et chaotiques. 

Les paysages de Turner, par exemple, sont un testament de son expérimentation avec la lumière et les couleurs. Turner floute les limites entre les différentes parties du canvas, ce qui donne une impression entre rêve et réalité. L’artiste est d’ailleurs considéré comme un précurseur du mouvement impressionniste ! Seules certaines formes se distinguent, le reste est laissé à l’imagination. En littérature, des poètes comme William Wordsworth personnifient la nature, la mystifient, loin du pragmatisme de la technologie naissante. Ce type d’atmosphère démontre donc le désir des romantiques de partager leur ressenti, plutôt qu’une représentation exacte et rigoureuse de leur sujet.

L’image du poète maudit

En France, l’artiste romantique est associé à la figure du flâneur. Celui-ci est souvent un poète raté, qui se fiche des conventions et du capitalisme de la vie moderne. C’est principalement le poète Charles Baudelaire qui représente le flâneur, un observateur détaché de la société. Grâce à cette activité, celui-ci trouve l’inspiration nécessaire pour laisser parler ses sentiments. 

En Espagne, Francisco de Goya approche le romantisme d’un angle assez particulier ; celui de l’angoisse, de l’imaginaire, et même de la folie. Ce genre est souvent appelé « romantisme noir », où des personnages se retrouvent face à d’effrayants démons fantastiques. Ce désespoir est commun aux œuvres romantiques : il provient d’un malaise, d’un intellect qui se distingue des normes contemporaines, mais qui est aussi propice à l’inspiration. Ainsi, les artistes romantiques ne cachent plus leur souffrance, mais la transforment en une source d’introspection fascinante. 

La transition vers la modernité

Les principes du romantisme inspireront les mouvements consécutifs de l’époque, notamment le réalisme et l’impressionnisme. De cette exploration du ressenti subjectif de l’artiste découle l’impressionnisme, qui repose bien-sûr sur l’art comme « impression ». Mais avant tout, en France, le romantisme apporte pour la première fois dans l’art pictural la conscience de certains paradoxes socio-politiques. Tout comme le romantisme s’opposa aux règles de l’Académie, le réalisme rejeta l’idéalisme bourgeois. Les œuvres de Gustave Courbet sont un exemple de cette génération d’artistes qui se passionne à présent pour le peuple, le quotidien réel et brut. Mais cet engagement politique fut en réalité toujours sous-jacent dans le romantisme. Eugène Delacroix, considéré comme son chef de file, aborde déjà discrètement ces idées dans La Liberté guidant le peuple par exemple. 

Cependant, les artistes réalistes reprochent au romantisme de n’être que de « l’art pour l’art », trop détaché de la réalité de l’existence humaine. Ainsi, le réalisme, et le naturalisme en littérature, remplaceront doucement la frivolité sentimentale du romantisme. 

Il n’est pas surprenant qu’aujourd’hui encore, le romantisme soit un thème très courant. Dans la littérature ou l’art contemporain, la sensibilité émotionnelle et subjective a donné naissance à beaucoup d’œuvres fascinantes. De plus, la figure de l’artiste maudit et détaché de la société a marqué son temps. Cependant, elle continue même de nos jours à être idéalisée. 

Et vous, lesquels de ces idéaux romantiques vous inspirent-ils?

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