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Comment M.C. Escher a changé la perception de l’art
Inspirez-vous 17 Jan 2022

Comment M.C. Escher a changé la perception de l’art

M.C. Escher, Bond of Union, April 1956
M.C. Escher, Bond of Union, April 1956 © M.C. Escher

M.C. Escher (1898-1972) est un artiste bien mystérieux, épris de mathématiques. Jouant avec la perspective et les théorèmes, ses œuvres sont des trésors d’imagination. Il a créé tout au long de sa vie des milliers d’œuvres peuplées d’architectures impossibles. À tel point qu’aujourd’hui, on doit à M.C. Escher des dessins qui ont révolutionné certaines perceptions de l’art.

Moments clés de la vie d’Escher

  • 1989 : Il est né
  • 1916 : Il réalise sa première œuvre d’art
  • 1924 : Il épouse Jetta Umiker
  • 1926 : Naissance de son premier fils, George
  • 1928 : Naissance de son deuxième fils Arthur
  • 1929 : Il réalise sa première lithographie
  • 1938 : Naissance de son troisième fils Jan
  • 1965 : Il reçoit un prix culturel de la ville d’Hilversum
  • 1966 : Son travail est largement reconnu après avoir été présenté dans le magazine Scientific American
  • 1968 : Il réalise sa dernière œuvre d’art
  • 1972 : Il meurt dans un hôpital de Hilversum, aux Pays-Bas

Des débuts laborieux

Rien ne semblait prédestiner Maurits Cornelis Escher, plus connu sous le diminutif M.C. Escher, à un tel destin. Il naît en 1898 au Pays-Bas dans une famille bourgeoise. Enfant, il est souvent malade et loin d’être un génie. Il. On le place alors dans une école spéciale mais il redouble. Après des années de résultats scolaires médiocres, il s’inscrit dans une école d’architecture. Là encore, il échoue, puis finit dans une école d’arts décoratifs.

C’est au cours d’un voyage en Italie et en Espagne que tout change. Il se passionne pour les constructions anciennes. Il dessine des vues de bâtiments, qui portent déjà la trace d’un esprit singulier. Les perspectives sont volontairement fausses, il déforme les motifs, met l’accent sur des détails incongrus.

Un bâtiment le fascine plus que tout autre, c’est l’Alhambra de Grenade. Cette architecture mauresque regorge de motifs architecturaux subtils, géométriques, qui se multiplient à l’infini. Il est comme envoûté par cette particularité de l’art islamique. L’Islam ayant limité les représentations figuratives, c’est dans les motifs organiques et géométriques que les artisans expriment tous leurs talents. Et ces motifs sont souvent influencés par l’astronomie et les savoirs mathématiques, un domaine auquel les architectes arabes du XIVe accordent une importance spéciale. L’influence sur M.C. Escher sera décisive.

Détail de l’Alhambra © Alhambra de Grenada

M.C Escher et les mathématiques

Géométrie euclidienne, surface de Riemann, perspective cylindrique, plan hyperbolique… Ces termes vous paraissent obscurs ? Pour M.C. Escher, ce sont pourtant ses outils d’artiste. Il se passionne pour les théories mathématiques en fait son vocabulaire artistique.

Sa rencontre et son amitié avec le mathématicien Roger Penrose et Harold Coxeter contribuent grandement au développement de ces savoirs. Ainsi, M.C. Escher parvient à élaborer des œuvres visionnaires, qui deviennent des projections visuelles mathématiques fantasmées.

Parmi ses autres objets de fascination, mentionnons les « objets impossibles ». Ce sont des objets qui, grâce à la multiplication des points de fuite, ou par d’autres stratagèmes optiques, parviennent à créer des formes qui ne peuvent pas exister dans le monde réel. Parmi ceux-ci figure le Ruban de Möbius, qui fut décrit pour la première fois en 1858. C’est un ruban sans fin, n’ayant ni intérieur ni extérieur. Ou encore le Cube de Necker, mentionné en 1832. C’est un dessin des arêtes d’un cube. Quand deux lignes se croisent, le dessin ne montre pas laquelle est devant et laquelle est derrière. Ceci rend le dessin ambigu ; il peut être interprété de deux manières différentes. Quand une personne observe le dessin, elle remarque alternativement que chacune des deux interprétations est valide. Pourtant, le spectateur aura tendance à s’enfermer dans une lecture, faisant disparaître l’autre, créant une perception multiple contrariée.

Citons enfin le triangle de Penrose, du nom de l’ami de M.C. Escher, Roger Penrose. C’est un objet qui ne peut exister qu’en deux dimensions, sur papier. Une fois entré dans la troisième dimension, on constate que seul un décrochage optique peut maintenir l’illusion.

De gauche à droite, triangle de Penrose, ruban de Mobius, cube de Necker
De gauche à droite : le triangle de Penrose, le ruban de Mobius et le cube de Necker

Deux œuvres célèbres de M.C. Escher

M.C. Escher aurait réalisé 448 estampes, et plus de 2 000 dessins et esquisses. À l’intérieur de cette œuvre pléthorique, certaines ont particulièrement contribué à sa célébrité.

C’est le cas de La Maison aux escaliers, une maison qui donne le tournis ! Grâce à la multiplication des points de vue, l’architecture de cette maison est totalement impossible. Ce n’est plus seulement la gravité qui se dérobe sous nos pieds, ce sont tous nos repères ! Regardons l’œuvre de plus près… Retrouvez-vous le triangle de Penrose ?

M.C. Escher Art, Maison aux escaliers, 1951, Lithographie
M.C. Escher, Maison aux escaliers, 1951, Lithographie © M.C. Escher

En parallèle des théories mathématiques qu’il met en images, les dessins d’Escher sont aussi fortement inspirés de l’art du trompe-l’œil. En effet, ce genre pictural repose entièrement sur l’illusion créée dans le regard du spectateur. Grâce à des effets de perspectives, au rôle joué par la lumière et l’ombre, l’œuvre sort du cadre. À l’image de ce dessin Mains dessinant, dont une grande partie de l’illusion repose sur le fait que les mains sortent du cadre de la feuille de papier qui semblait, au premier regard, délimiter l’œuvre.

M.C. Escher, Mains dessinant, 1948, lithographie
M.C. Escher, Mains dessinant, 1948, lithographie © M.C. Escher

Les recherches sur la perspective

M.C. Escher consacra une partie de sa carrière à un domaine d’expertise : la perspective. Depuis la Renaissance, les règles de la perspective sont demeurées relativement inchangées. En effet, pour représenter un volume ou une profondeur, la première chose à faire est de déterminer un ou plusieurs points de fuite. Il s’agit d’un point imaginaire, qui représente la direction du regard, et vers lesquelles convergent des lignes de fuite.

Toutefois, selon M.C. Escher, et quelques autres artistes avant lui, cette technique de perspective serait incorrecte. En effet, elle ne prend pas en compte la perspective rétinienne. C’est-à-dire le fait que l’œil humain perçoit les volumes non en lignes droites, mais en courbes, autrement dit de façon convexe.

Il baptise cela la « perspective cylindrique ». Dans une œuvre inachevée restée célèbre, il tente d’en faire une représentation. Mais le centre de l’œuvre resta à jamais vide… Jusqu’à il y a quelques années ! Une équipe de mathématiciens de l’Université de Leyde auraient résolu le vide laissé par M.C. Escher en utilisant une notion mathématique appelée « surface de Rienmann ». À partir de la grille de torsion laissée par l’artiste en procédant par dilatation et projection visuelle, ils sont parvenus à résoudre l’énigme posthume de M.C. Escher.

M.C. Escher, Exposition d’estampes, lithographie © Sotheby’s

Postérité de M.C. Escher

Aujourd’hui, M.C. Escher est un artiste internationalement reconnu pour ses œuvres visionnaires. Il a fortement inspiré des sculpteurs, des romanciers, des cinéastes, pour composer des univers impossibles et fantasmagoriques. Certains univers de jeux-vidéo ont même tenté de reproduire certaines de ses œuvres.

Vue du jeu vidéo Archamber
Vue du jeu vidéo Antichamber © Demruth

Des marques de streetwear se sont également appropriées plusieurs de ses dessins pour les faire figurer sur leurs vêtements. C’est le cas notamment de Supreme ou de la marque de skateur Palace Skateboards. L’héritage de cet artiste de génie n’a pas fini de nous étonner. Et vous, connaissiez-vous déjà M.C. Escher ?

Expositions clés d’Escher

  • 1923 : Première exposition à Sienne, Italie
  • 1950 : Exposition collective à Anvers, Belgique
  • 1954 : Exposition au Stedelijk museum d’Amsterdam
  • 1968 : Rétrospective aux Pays-Bas
  • 2011 : Exposition de son œuvre à Rio de Janeiro
  • 2015 : Rétrospectives au Palais Soestdijk de Baarn, à la Scottish National Gallery of Modern Art d’Édimbourg, à la Dulwich Picture Gallery de Londres et dans diverses galeries en Italie
M.C. Escher: A collection of 222 works (HD) © LearnFromMasters sur YouTube