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Photographe studio pendant une quinzaine d’années, Dorothea Lange est d’abord reconnue pour son talent à réaliser des portraits authentiques. Mais en 1930, la Grande Dépression change le cours de sa vie et elle perd son emploi. Lange décide alors d’aller photographier la rue et les personnes en situation de précarité. Déterminée et humaniste, elle deviendra ensuite l’une des artistes engagées les plus connues du 20ème siècle. Afin de découvrir son travail, voici 7 photos célèbres de Dorothea Lange à connaître !
Dès le début des années 1930, Dorothea Lange commence à capturer les scènes de rues en plein San Francisco. L’agitation sociale y est palpable, entre une pauvreté grandissante et de nombreuses manifestations. Le portrait White Angel Breadline est l’un des premiers clichés à visée sociale réalisée par Dorothea Lange. Il est aujourd’hui célèbre, car il témoigne des conséquences dramatiques de la récession.
À la fois documentaire et cinématographique, cette image représente tout le paradoxe américain de l’époque. Deux hommes, baluchons et valises à la main, partent chercher du travail, là où ils espèrent en trouver. Comme leur riant au nez, une affiche publicitaire vante les mérites du train et de son incroyable confort. Cette photographie atteste de cette période pleine de doutes et d’espoir.
Peut-on parler de Dorothea Lange sans citer Migrant Mother ? Peut-on seulement aborder le photojournalisme sans évoquer ce portrait ? Vivant sur un camp habité par plus de 2500 migrant.e.s, Florence Owens Thompson a 32 ans et 7 enfants à nourrir. Ses traits burinés et son expression préoccupée traduisent une extrême détresse : celle de la survie. Se saisissant de la photographie comme preuve et arme de dénonciation, Dorothea Lange a rendu visible cette terrible pauvreté. Véritable madone des temps modernes, Florence Thompson incarne la force et le désarroi d’une Amérique en péril.
Les convictions sociales de Dorothea Lange ne se limitaient pas à la population blanche des États-Unis. Elle a donc, tout au long de sa carrière, photographié les Afro-Américains à travers une approche antiraciste. Cette image en témoigne, puisqu’elle tente de documenter l’extrême précarité dans laquelle les populations noires vivaient, elles aussi. Qu’importe les personnes photographiées, Dorothea Lange a toujours mêlé une forte empathie et une frontale réalité. Cet invariable traitement technique témoigne d’une démarche égalitaire. Lange luttait pour que tous les individus aient les mêmes droits à la dignité et au bonheur. Une volonté humaniste peu partagée par les médias de l’époque, car beaucoup de ses images ont été censurées.
Entre 1935 et 1941, le travail de Dorothea Lange est un récit détaillé sur la migration. En compagnie de l’économiste et sociologue Paul Schuster Taylor, Lange immortalise la situation des migrant.e.s en Californie rurale. Et l’alliance des écrits de Taylor et des photographies de Lange aura un impact concret sur la population. Entre autres, elle déclenche la construction de camps d’hébergements pour les travailleur.euse.s agricoles migrant.e.s. Parmi les photos de Dorothea Lange, cette Famille marchant sur l’autoroute aborde l’exode d’une façon frontale. Les corps sont en mouvement, toute la famille est littéralement en train de migrer.
Emblématique du travail de Dorothea Lange, cette photo se détache pourtant des autres, car il s’agit à première vue d’un simple paysage. Pour autant, cette mer d’asphalte est une parfaite métaphore de la migration américaine. Une ligne de fuite centrale s’étend à perte de vue, comme infinie. Tout autour, le désert et la sécheresse. Une image qui illustre à quel point la route fut longue et hostile.
En mars 1942, plus de 120 000 Américain.e.s d’origine japonaise sont interné.e.s dans des camps en zones reculées. Le climat y est rude et les conditions de vie très difficiles. En découle des clichés de Lange, considérés comme si choquants qu’ils seront longtemps interdits par le gouvernement. Classés dans les archives militaires, ces portraits ne seront rendus publics qu’en 2006. Cette image fait partie de toutes celles prises par Dorothea Lange à cette période. Elle dénonce la déshumanisation du recensement, montrant deux enfants aux visages apeurés, portant chacun des étiquettes d’identification.
Qu’il s’agisse des migrants, des Afro-Américains, des femmes, ou des Américains d’origine japonaise, Lange a dédié sa vie aux minorités. Elle était surtout une médiatrice, puisqu’elle donnait – par l’image – une voix à toutes celles et ceux qu’on ne voulait pas entendre. Si Dorothea Lange était indéniablement une artiste talentueuse, elle impressionne surtout pour son impact social concret. Grâce à sa détermination et au contexte politique favorable, son travail engagé a réellement permis d’améliorer le quotidien des Américain.e.s.
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