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Robert Mapplethorpe: Subversion et Elegance
La minute arty 12 Fév 2019

Robert Mapplethorpe: Subversion et Elegance

Patti Smith
Patti Smith et Robert Mapplethorpe en 1970

Du bondage aux fleurs, Robert Mapplethorpe a réalisé des œuvres d’art qui brouillent les frontières entre l’obscène et l’élégant. À l’occasion du 30e anniversaire de sa mort, le musée Guggenheim à New York rend hommage au photographe américain, en exposant ses photographies emblématiques. Une exposition exceptionnelle d’un an, Implicit Tensions: Mapplethorpe Now, de janvier 2019 à janvier 2020.

Une vie de décadence

Né en 1946 dans une famille catholique conservatrice, Mapplethorpe quitte rapidement son milieu pour s’inscrire à l’institut Pratt où il étudie la peinture, le dessin, et la sculpture. Après ses étude d’art, il déménage ensuite à New York. C’est là qu’il fait la connaissance de Patti Smith : une rencontre décisive pour sa vie artistique. Ensemble, ils forment un couple anti conformiste et incarnent la scène underground de la fin des années 60 : androgyne et sexy.

Dans son livre Just Kids, Patti Smith raconte ses années de vie partagées avec le photographe. Ils vivaient dans le célèbre hôtel Chelsea, temple de la scène punk rock et repère d’artistes. Patti Smith et Mapplethorpe sont restés ensemble jusqu’à ce qu’il reconnaisse son homosexualité en 1970. Bien qu’ils soient séparés, Smith et Mapplethorpe sont restés amis proches jusqu’à la mort du photographe. Smith a été le premier modèle de Mapplethorpe, et il a également créé la superbe couverture de son premier album Horses.

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Autoportrait, 1980

Dans les années 70 et 80, Mapplethorpe est devenu un véritable icône de la culture S&M gay à New York et a commencé à la documenter dans ses photographies. Son travail était provocateur et fortement critiqué, en particulier dans les cercles conservateurs et puritains. Certaines de ses expositions et rétrospectives ont même été annulées, posant la question du type d’art pouvant être financé par les fonds publics de façon acceptable.

En 1986, Mapplethorpe a été diagnostiqué comme atteint du SIDA. Il est entré alors dans une phase d’accélération créative et a élargi le champ de son investigation photographique. Le Whitney Museum of American Art a organisé sa première grande rétrospective en 1988, un an avant sa mort prématurée à l’âge de 42 ans.




Œuvres controversées

Les sujets des photographies de Mapplethorpe étaient subversifs, mais son travail était élégant et complet. L’esthétique de Mapplethorpe reste fidèle à elle-même : une composition pure et méticuleuse en noir et blanc. Le photographe était fondamentalement fasciné par la beauté, et pour lui, un nu n’était pas différent d’une orchidée. Il disait :  « Mon objectif principal est de transcender le sujet. Aller au-delà du sujet pour que la composition, et la lumière tout autour, atteignent un certain point de perfection. C’est ce que je suis en train de faire. Que ce soit un penis ou une fleur, je le regarde de la même manière. À ma manière, avec mes propres yeux. »

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Thomas et Tara, 1986

Avec la démocratisation et l’expansion de la photographie en tant qu’œuvre d’art et l’explosion des cultures gay et punk dans les années 70, Mapplethorpe a produit des clichés presque autobiographiques. Il a aboli la frontière entre l’intimité et l’art. Dans un approche documentaire, il plaçait ses amis et ses amants au centre de ses photographies. La championne du monde de body building féminin Lisa Lyon est devenue sa muse, et il a de cette façon introduit de nouveaux canons de beauté féminins dans ses nus. Il a inventé une nouvelle définition de l’art et en a exploré les frontières en jouant avec les codes de la pornographies.




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Orchid, 1988

Dans les années 1980, son travail est devenu plus maniériste, presque abstrait. Ses photographies ont adhéré aux normes esthétiques classiques et les ont mises au défis en même temps. Pendant ses dernières années, Mapplethorpe a expérimenté de nouveaux sujets tels que les statues, les fleurs, les natures mortes, pour en étudier les possibilités d’éclairage. Aujourd’hui, il est indéniable que le photographe a laissé un héritage conséquent, à la fois pour la photographie contemporaine et pour la libération queer.




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