
Focus sur un artiste d'Artsper : Liu Bolin
Cette semaine, Artsper revient sur le parcours de Liu Bolin et plus particulièrement sa série Hiding in the City, exposé sur Artsper par la MD Gallery.
Avant Hiding in the City, Liu Bolin, 40 ans, s’est d’abord orienté vers la sculpture. C’est peut être de cette formation originelle qu’il a tiré le goût de se fondre dans n’importe quel matériau : Bolin peut être une brique, un magazine, une pierre, une porte. Ce n’est qu’à partir de 2005 qu’il se met à la photographie, alors que son studio du village de Suo Jiacun est détruit dans le cadre d’un mouvement de restructuration en prévision des Jeux Olympiques. Un déclic artistique.
La résistance par l’art, l’existence par la création. Pour sa première œuvre, l’artiste se met en plein cœur du décor, son atelier détruit, au point de faire corps avec lui, de se fondre en lui, pour finalement disparaître. Liu Bolin, c’est l’homme invisible. Sa technique est empruntée à celle des snipers, qui se peignent intégralement le corps afin de devenir imperceptibles. Un clin d’œil militaire qui n’est pas dénué de sens en République populaire de Chine.
Le message de l’artiste est relativement facile à saisir. Dans une société chinoise qui tend à nier l’individu, Liu Bolin décie de prendre le régime à contrepied en montrant, par ses photographies, une société qui fond ses citoyens dans les décors. Astucieux, et terriblement esthétique.
Pour sa série Hiding in the City, à mi chemin entre performance, body art et photographie, Liu Bolin reste immobile de longues heures, impassible. Un travail de titan réalisé sans aucun trucage avec l’aide d’une équipe nombreuse. Le corps de l’artiste ne devient perceptible qu’au fur et à mesure que l’œil scrute le cliché. L’invisible devient alors visible. Le tout dans des lieux à hautes valeurs symboliques : navires de guerre, magasins de jouets, plateaux télé, muraille de Chine. Une réflexion angoissée sur la place de l’artiste et de l’individu au sein de nos sociétés. L’escroquerie fonctionne : Liu Bolin réduit à néant la grandeur des endroits qu’il choisit, en les désavouant par la présence de ce minuscule invité surprise. Le spectateur admet avoir été berné, et en redemande à chaque nouvelle image, saluant la performance.
L’artiste est toujours là, parasite les lieux comme un cancer, figure du silence dans nos sociétés qui hurlent. La fixité du personnage, qui évoque un art populaire de la rue, celui du travestissement, permet d’amplifier jusqu’au ridicule la prétention des lieux dans lesquels il est projeté.
Un camouflage bien plus révélateur qu’il n’y paraît.
Un artiste à s’offrir sur Artsper :

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