
La touche artistique de... Romain Tichit
Aujourd’hui, Artsper rencontre Romain Tichit, cofondateur et directeur du YIA – Young International Artists Art Fair. Fondée en 2010, la YIA Art Fair représente un nouveau format de salon d’art contemporain qui fêtera son troisième anniversaire à Paris en octobre prochain en parallèle de la FIAC. C’est quoi une foire ? Comment organiser un projet d’une telle envergure ? Quelles sont les clés de réussite ? On vous dit tout !
Romain Tichit est malheureusement décédé au début du mois de juillet 2023.
Romain, tu as travaillé plusieurs années dans la publicité (Publicis, TBWA). Ton parcours professionnel ne te destinait donc pas forcément à travailler dans l’art : d’où vient l’idée du YIA ? Raconte nous un peu l’origine du projet.
Moi-même artiste, J’ai toujours eu une attirance pour toutes les formes d’expressions artistiques et plus particulièrement pour l’art contemporain. Avant même mes premiers pas dans la publicité, la communication et le digital, nous menions avec des amis, qui sont aujourd’hui pour certains mes associés, des projets d’expositions et de regroupement dans l’art contemporain. Depuis les bancs du Lycée, nous avons réalisé différents projets tels le développement de la plate-forme « YGEES – Young Generationeees » proposant une sélection d’artistes émergents issus de la scène de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et « Ruedeseine.com » ; site internet regroupant la programmation et les actualités des galeries d’art du quartier de Saint-Germain-des-Prés. Nous organisions aussi avec des artistes des expositions, performances et concerts dans des espaces atypiques. Lofts, Clubs, Galeries éphémères, Appartements… Menés en marge de nos activités professionnelles, la mise en œuvre et l’organisation de ces projets nous a demandé beaucoup d’implication et de patience. Après de magnifiques rencontres partagées au fil des années, nous nous sommes relancés en 2010 dans l’aventure du YIA – Young International Artists en fédérant autours du YIA Art Fair 15 artistes issus de la nouvelle garde représentés par leur galerie à Paris.
Quel est le concept du YIA ?
Le concept du YIA – Young International Artists est de fédérer des artistes issus de la nouvelle garde représentés par des galeries d’excellence qui soutiennent l’art contemporain et plus particulièrement la jeune scène. Les fondements du YIA – Young International Artists sont l’affirmation des valeurs humaines : la convivialité, le partage, la création et le soutien à la promotion et à la diffusion de l’art en France et à travers les continents. Ces valeurs sont à mon sens essentielles dans un contexte économique et social que nous connaissons tous.
Lors chaque édition, nous faisons le choix d’un espace atypique, généralement industriel et sous verrière dans lequel les œuvres des artistes peuvent dialoguer ; sans cloisons ni stands comme il en est généralement le cas dans les foires traditionnelles. Plus qu’une foire, le YIA Art Fair est aussi pour les amateurs d’art une nouvelle expérience ; la mise en lumière et le dialogue d’œuvres d’artistes dans un nouveau lieu chargé d’histoire.
A travers ses événements, l’ambition du YIA Art Fair est vraiment la mise en lumière de l’œuvre des artistes nominés, de l’engagement des galeries qui les soutiennent ; mais aussi de remercier à notre manière tous les contributeurs, passionnés et mécènes de l’art qui soutiennent la promotion et la diffusion de l’art contemporain ; dans un contexte de convivialité.
L’univers des foires est un monde difficile et particulièrement concurrentiel: pourquoi s’être lancé dans un projet aussi fou ?
Pour un passionné comme je le suis, c’est un formidable défi mais surtout une chance chargée d’histoire que côtoyer chaque jour tous ces artistes, galeries et acteurs de ce mouvement artistique qu’est l’art contemporain. La concurrence il en faut pour créer du marché, c’est un moteur. Aussi, nous sommes tous partenaires et à nous de trouver des concepts pour permettre au mieux la mise en lumière des œuvres et la rencontre entre les artistes, collectionneurs, les galeries, institutions, professionnels, journalistes et amateurs d’art. Le modèle de la foire traditionnelle (ndlr. c’est-à-dire où les œuvres sont exposées par galerie dans des stands distincts et séparés) tend à évoluer et nous devons tous, partenaires et organisateurs, imaginer et mettre en place les bases de ce changement soient le regroupement et la présentation des œuvres et des artistes dans le cadre d’une foire. Nous l’avons fait avec le partenariat avec Lille Art Fair en Mars qui a permis la présentation au sein de la foire d’une sélection d’une vingtaine d’artistes représentées par leur galerie dans un espace dessiné pour l’occasion. Nous le refaisons en juin à l’occasion du partenariat avec la foire The Solo Project à Bâle où nous présentons un programme de films d’artistes toujours dans un espace pensé pour l’événement.
Pourquoi avoir fait ton entrée dans le monde de l’art par la foire plutôt que par la galerie par exemple ? Qu’est-ce qui t’intéressait le plus dans cette structure ?
Les idées de rencontre entre les artistes, de fédérer des galeries autour d’un projet commun, de créer un rendez-vous pendant la semaine de la FIAC me plaisaient tout particulièrement. Le métier de galeriste surtout lorsqu’il œuvre pour le soutien de la scène issue de la nouvelle garde est un métier particulier, difficile et complexe réservé aux initiés. En construisant au fil des années la YIA Art Fair, je pense offrir au mieux mes compétences et réseaux pour construire avec les galeries, artistes et partenaires, les bases de réflexions sur les nouveaux modèles dans l’art contemporain.
Comment as tu commencé à construire ton projet et quels sont les éléments essentiels qui t’ont permis d’avancer ?
Nous avons commencé à construire notre projet autour d’artistes, de galeries et partenaires avec qui nous sommes proches. Mon expérience dans la publicité et la gestion de projets m’a permis de comprendre au mieux la demande des artistes, collectionneurs et galeries et arriver à mettre en place les bases d’une création d’un salon d’art contemporain.
Aussi, la confrontation permanente avec les galeries, les artistes ainsi que l’engagement constant de nombreux contributeurs me permettent de me remettre à chaque instant en question et d’avancer.
Quelles sont les plus grandes difficultés que tu as rencontrées dans ce projet?
Je dirai des difficultés logistiques. Maintenant je trouve intéressant de s’adapter et trouver les moyens humains permettant la réalisation de nos différents projets.
Le YIA a rencontré un franc succès et de très bonnes galeries se sont montrées intéressées rapidement : comment expliques tu cela, qu’est-ce qui a fait la différence selon toi ?
Le projet était nouveau et la démarche intéressante : regrouper dans un lieu atypique pendant la Fiac une sélection d’artistes issus de la nouvelle garde et représentés par leur galerie d’excellence à Paris. La mise en lumière des œuvres et le rapport avec les personnes étaient aussi différents. Chaque jour nous avons partagé une vraie histoire avec les galeries, les artistes, les invités et la presse qui ont su trouver par l’organisation du YIA Art Fair un lieu de rendez-vous privilégié, convivial et à taille humaine.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un souhaitant monter sa foire d’Art Contemporain ?
La passion ! Pour se lancer dans un projet pareil, il faut aimer l’art contemporain et savoir conserver les codes biens spécifiques d’une vraie foire.
Ensuite, rechercher des lieux singuliers permettant la mise en lumière des œuvres des artistes et des galeries et la rencontre entre les personnes.
Et pour finir, garder le moral et être créatif. Le montage d’une foire est proprement dit une belle aventure.
Quel est ton meilleur souvenir avec le YIA ?
Je ne peux pas encore parler aujourd’hui de souvenirs. Nous sommes dans l’instant. Disons la rencontre et l’échange avec les artistes, les galeries et toutes les personnes avec qui nous travaillons pour faire avancer le projet.
Parles nous de la prochaine édition d’YIA, comment souhaites tu faire évoluer la foire ?
Le YIA existera en octobre à Paris. Nous travaillons actuellement sur un nouveau format alliant nos fondamentaux à quelque chose de nouveau, nous pourrons vous en dire plus très bientôt ! Nous bouclons actuellement notre sélection et après Bâle, nous pourrons annoncer le programme.
Tu t’es également associé au projet Artsper en qualité de conseiller artistique : qu’est-ce qui t’intéresse dans cette aventure et quels sont tes prochains projets ?
Avec Artsper, je trouve intelligent l’idée de démocratiser l’art en rapprochant les galeries et les artistes de nouveaux collectionneurs désireux d’acquérir une œuvre ; que ce soit dans une galerie ou en en ligne. Aussi, Internet est un formidable outil de diffusion de l’art contemporain et il est primordial pour les galeries d’en prendre conscience et être présents sur ces nouveaux supports qui permettent la présentation des œuvres des artistes mais aussi l’échange. Avec Artsper nous avons des projets tels pour le moment le regroupement de galeries d’art et la mise en place de partenariats avec des foires en France et à l’international. En fonction de l’avancée et du succès de ce nouveau partenariat, j’espère offrir à Artpser mes qualités dans l’organisation d’un événement qui leur serait dédié.
Un petit mot sur tes artistes préférés, contemporains ou non ?
Je ne parlerais pas d’artistes préférés, plutôt de belles rencontres et discussions qui se sont faites au fil des années. Vincent Ganivet, Guillaume Cabantous, Pierre Fisher, Hubert Marot, Jean-François Leroy, Lionel Sabatté, Lionel Scoccimaro, Rero, Raphaël Denis, Baptiste Debombourg, Simon Nicaise, Vincent Mauger…

À propos d’Artsper
Fondée en 2013, Artsper est une marketplace en ligne d’art contemporain. En partenariat avec 1 800 galeries d’art professionnelles autour du monde, elle rend accessible à tous la découverte et l’acquisition d’œuvres d’art.
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