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10 œuvres qui s’interrogent sur l’identité et le genre
Artstyle 08 Avr 2021

10 œuvres qui s’interrogent sur l’identité et le genre

Ren Hang, Untitled
Ren Hang, Untitled

Le genre et la sexualité suscitent souvent des malentendus linguistiques. Que ce soit par un écart générationnel ou subjectif, il peut être difficile de trouver la terminologie qui leur correspond. Alors, que faire quand il devient impossible de communiquer par la parole ? Tourner son regard vers l’art et son langage universel semble être le meilleur moyen pour aborder ce sujet. Avec cette sélection d’œuvres, Artsper considère l’identité sous toutes ses formes. L’art LGBT est à l’honneur avec ces manifestations merveilleusement complexes… Prêt à découvrir nos coups de cœur qui remettent en question le genre?

1. Ricky Cohete, Men and Boots, 2017

Ricky Cohete, Men and Boots
Ricky Cohete, Men and Boots, 2017 (disponible sur Artsper)

Le photographe Ricky Cohete s’inspire du corps masculin gracieux et élégant, autrefois réservé aux sculpteurs de l’Antiquité. Cet artiste autodidacte a commencé en photographiant les danseurs exerçant en dehors de leurs lieux de répétition habituels. À partir de ce moment-là, Cohete a cultivé une esthétique unique, jouant avec les itérations que peut prendre la forme masculine. Comme on peut l’observer dans l’œuvre intitulée Men and Boots, l’artiste se sert d’énergies féminines et masculines pour offrir une perspective unique sur le genre et l’influence qu’il porte sur notre identité.

2. Charlotte Abramow, Autokiff, 2019

Charlotte Abramow, Autokiff, 2019
Charlotte Abramow, Autokiff, 2019 (disponible sur Artsper) 

Avec son œuvre Auto-Kiff, Charlotte Abramow révèle non seulement qu’elle maîtrise l’argot contemporain, mais aussi qu’elle ose exposer sa philosophie féministe. Entre émancipation et humour, le genre et la sexualité se trouvent au cœur de son travail. En observant attentivement l’art LGBT, on constate que c’est souvent par le biais du couple, ou de deux partenaires, que la sexualité et l’amour sont représentés. Or, la sexualité ne doit pas obligatoirement et nécessairement se centrer sur le partenaire. Comme pour la plupart des choses, elle commence par soi-même et nécessite une certaine introspection. Les œuvres à la fois ludiques et esthétiques de Charlotte Abramow représentent parfaitement ce self-love et cette introspection.   

3. Juan Boilero, La Miranda, 2021

Juan Boilero, La Miranda, 2021
Juan Boilero, La Miranda, 2021 (disponible sur Artsper) 

Que peut-on faire avec une paire de ciseaux et du carton ? Juan Boilero en a fait un art. L’artiste cubain se sert du découpage et du collage pour nous offrir des représentations de la sexualité masculine, pleines d’humour. L’élément répétitif de ses œuvres joue avec le spectateur : dans cette répétition se cache un détail, une anomalie. Situé en bas à droite, le sujet change subtilement, comme si l’artiste faisait un clin d’œil au spectateur. Dans La Miranda, il suffit de soulever légèrement le chapeau pour voir l’un des ces regards malins. L’anonymat et l’uniformité commencent à s’estomper, pour, petit à petit, laisser entrevoir l’individu au sein de la foule.

4. Frida Kahlo, Self-Portrait with Cropped Hair, 1940

Frida Kahlo, Self-Portrait with Cropped Hair, 1940
Frida Kahlo, Self-Portrait with Cropped Hair, 1940

Parce qu’on ne le répétera jamais assez : Frida Kahlo était bien en avance sur son temps, et cet autoportrait datant de 1940 en témoigne. C’est en effet l’une des premières œuvres d’art LGBT. Sous quelques notes de musique, l’artiste se représente, assise sur une chaise et entourée par ses mèches de cheveux fraîchement coupées. Ciseaux en main, son expression est celle d’une assurance apaisée, et non d’un désespoir absolu face à sa féminité délaissée.

Les cheveux longs et détachés, souvent associées à la féminité, sont ici rejetés par l’artiste. Par ce geste, elle se détache symboliquement de son genre pour basculer vers des attraits plus masculins, qu’elle démontre aussi par son choix vestimentaire. À travers son art, l’artiste défend cette dualité que chacun porte en nous : des qualités aussi bien masculines que féminines. Avec des œuvres telles que Self-Portrait with Cropped Hair, elle nous encourage à faire face et à accepter cette pluralité au lieu de la nier.

5. Lídia Vives, The Rival, 2015

Lídia Vives, The Rival, 2015
Lídia Vives, The Rival, 2015 (disponible sur Artsper

À travers son œuvre The Rivals, la photographe barcelonaise Lídia Vives représente un aspect fondamental des relations non hétéro-normatives : la camaraderie. De prime abord, les uniformes accentuent les similitudes entre les deux sujets. Cependant, si l’on observe bien, on s’aperçoit rapidement que les deux femmes portent des couleurs différentes, et appartiennent donc à des équipes concurrentes. Ce détail met en lumière la complexité d’une personne LGBT de se trouver entre l’amitié et la romance.

L’image évoque également la relation complexe qui persiste entre le sport et la sexualité. Qu’il s’agisse de cheerleaders ou de joueurs de foot, le domaine sportif est défini par la rigueur du corps qui doit être musclé, beau, sculpté. Bien que ce domaine ait fait des efforts envers les athlètes de genre non-conforme, on sait que la représentation peut aller bien plus loin… Surtout lorsqu’elle prend la forme d’une photographie magnifiquement composée. 

6.  Robert Mapplethorpe, Two Men Dancing, 1984

Robert Mapplethorpe, Two Men Dancing
Robert Mapplethorpe, Two Men Dancing, 1984

Personne n’a pu maîtriser les contradictions avec autant de génie que Robert Mapplethorpe. Ce photographe a commencé sa carrière aux côtés de Patti Smith, légende du Chelsea Hotel. Avec son Hasselblad en main, il a l’art de jouer avec les dualités, les poussant jusqu’à leur limite. Ses photographies en noir et blanc sont contrastées, aussi bien sur le plan technique que par le choix de sujets. Avec Two Men Dancing, l’artiste juxtapose la masculinité – les sujets – et la féminité – représentée par les couronnes. Ainsi, la dichotomie entre le masculin et le féminin se défait. Intrigué par la scène S&M de New York à la fin des années 70, Mapplethorpe allait souvent plus loin, interrogeant la relation entre dominant et soumis, pureté et « immoralité », censure et liberté…..

7. Keith Haring, Bill T. Jones Body Painting, 1983

Keith Haring (in collaboration with Tseng Kwong Chi) Bill T. Jones Body Painting by Keith Haring (Image G), 1983
Keith Haring (en collaboration avec Tseng Kwong Chi) Bill T. Jones Body Painting by Keith Haring , 1983

Les « body paintings » de Keith Haring sont très connus et ont contribué à la réputation de l’artiste qui évitait les toiles à tout prix. Haring, à la recherche de territoires artistiques inexplorés, commence par des croquis spontanés sur les murs du métro à New York. N’ayant pas peur d’extirper l’art de son contexte formel, cette passion l’amène finalement à peindre ses sujets eux-mêmes. Cette photographie de Bill T. Jones par exemple, a été réalisée en collaboration avec le photographe Tseng Kwong Chi en 1983. Ces images en noir et blanc éternisent un moment inatendu : la rencontre de trois artistes, alliant photographie, chorégraphie et street art. 

En tant que danseur et chorégraphe, Bill T. Jones a noué le lien entre art et identité tout au long de sa carrière. Pour ce projet, l’expressivité de la danse se conjugue à un autre type d’expression : les symboles singuliers et énigmatiques de Haring. Cette période artistique particulière, et les artistes qui en découlent, ont ouvert la voie à ce que l’art LGBT signifie aujourd’hui. 

8. Javier Rey, Amorphisms 7, 2016

Javier Rey, Amorphisms 7, 2016
Javier Rey, Amorphisms 7, 2016 (disponible sur Artsper)

À travers sa série « Amorfismos » ou Amorphismes, Javier Rey remet en question les images négatives et erronées que nous avons de nous-mêmes. « Je considère le corps comme étant une masse changeante et  inconfortable, comme un objet que j’habite et que je vois détériorer à l’usage. Un poids que je dois traîner comme quelque chose d’étranger et d’ennuyeux », nous dit l’artiste. Comme une continuité de cette pensée, ce projet vise à représenter les images mentales que nous avons de nous-mêmes, en les transformant en réalités concrètes et partagées. L’œuvre intitulée Amorphisms 7 nous présente des sujets recroquevillés et recourbés sur eux-mêmes, des indicateurs communs de honte et de négativité. 

Dans cette série, Rey se sert de la photographie comme point de départ, lui permettant « d’explorer l’image que j’ai de moi-même et de la reconstruire, tout en donnant un sens à cette une masse de peaux qui se forme dans l’espace ».

9.  Tracey Emin, Her Soft Lips Touched Mine and Every Thing Became Hard, 2008

Tracey Emin, Her Soft Lips Touched Mine and Every Thing Became Hard, 2008

Les œuvres de Tracey Emin sont connues comme étant autobiographiques, issues de ses expériences personnelles. En effet, l’artiste se sert de sa vie privée, de ses controverses et de ses traumatismes, pour inspirer sa création. Qu’il s’agisse de l’installation polémique Everyone I Ever Slept With ou des lettres d’amour qu’elle a publiées, Tracey Emin puise dans son intimité. Imitant son écriture, les retranscriptions en néon ne font pas exception. Elles restent intimes et profondément personnelles, figeant des pensées ou des désirs non exprimés. Le message de cette œuvre intitulée Her Soft Lips Touched Mine and Every Thing Became Hard, fait référence à un moment d’intimité en bonne compagnie. L’énigmatique « I Loved You Like a Distant Star » en est un autre qui reprend l’art LGBT. Ces œuvres, plus textuelles que visuelles, s’inscrivent dans cette tradition de représentation, soulignant la complexité de l’amour moderne. 

L’art de Tracey Emin, qui est un moyen de se confesser pour l’artiste, a eu un impact important lors de sa première apparition. Normalisant les perspectives féministes, son travail ouvre aussi la voie à d’autres expériences non-conventionnelles, marquées par des traumatismes. Tracey Emin continue à bousculer le monde de l’art, remettant en cause les institutions qui soutiennent la conventionnalité.

10. Gilbert and George, George the Cunt and Gilbert the Shit, 1969

Gilbert and George, George the Cunt and Gilbert the Shit, 1969
Gilbert and George, George the Cunt and Gilbert the Shit, 1969

Le duo d’artistes Gilbert & George s’est rencontré lorsqu’ils étaient étudiants à Saint Martin’s School of Art and Design à Londres. Depuis, ils travaillent en collaboration et sont largement connus pour leurs fameux costumes et l’approche autoréflexive de leur « sculpture vivante ». George the Cunt et Gilbert the Shit, l’une de leurs toutes premières œuvres, symbolise l’humour de ce couple et son approche anti-élitiste envers l’art. Les appellations sur leur torse sont auto-infligées. Elles sont censées anticiper la critique sévère qu’ils attendent du monde de l’art. L’autoportrait fait par le couple en 1969 n’était pas si exagéré que ça au final car, bien plus tard, Gilbert & George feront face à de nombreuses critiques, surtout pour les sujets qu’ils choisissent de représenter. 

Gilbert & George ont radicalement transformé la manière dont on représentait la sexualité dans l’art traditionnel. Cependant, ces artistes ne cessent de surprendre leur public par leur position politique et affirme qu’il est important de lutter contre l’hégémonie à tous les niveaux, en particulier lorsqu’il s’agit de la pensée publique.

Encore plus d’art LGBT ?

Quelle que soit sa forme, l’art identitaire et LGBT est particulièrement puissant car il repousse les limites de notre société. Divers supports ont captivé les artistes LGBT : de la photographie  au « body painting », en passant par le néon et le découpage… Le potentiel créatif peut se décliner à l’infini. Toujours avide de découvrir comment le genre et la sexualité peuvent influencer le monde de l’art ? Découvrez le top 5 des artistes transgenres avec Artsper…




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