Décryptage du célèbre Balloon Dog de Jeff Koons

En 1994, un monumental chien gonflable est exposé pour la première fois, et il restera sur la scène artistique mondiale pour les décennies à venir. En 2013, ce même Balloon Dog de Jeff Koons (en français Chien Ballon), bat le record de l’œuvre la plus chère vendue par un artiste de son vivant : 58,4 millions de dollars. Né en 1955, Koons est connu pour ses représentations gigantesques d’objets inspirés par la consommation de masse. Les opinions sur l’artiste sont nombreuses et controversées. Certains le voient comme un pionnier, qui changera l’art à tout jamais. D’autres qualifient ses œuvres de mauvais goût et trop commerciales. Artsper vous en apprend plus sur cette sculpture gonflable qui anime encore de nombreux débats. 

Le Balloon Dog de Jeff Koons et la série Célébration

Les Balloon Dogs de Jeff Koons font partie de sa célèbre série Célébration, constituée d’objets festifs, vernis et brillants. Commencée en 1994, la série est composée d’une vingtaine de sculptures à grande échelle, ainsi que d’une quinzaine de peintures à l’huile. Intéressé par le thème de la nostalgie, Jeff Koons y présente des animaux gonflables, mais aussi de la pâte à modeler, des tulipes, ou encore des œufs de pâques. Ses sculptures renvoient en enfance, et célèbrent la joie de la célébration à travers le monumental.

Koons se proclame lui-même un « homme d’idée » ; il imagine son œuvre avant de la faire réaliser dans son atelier par d’autres personnes. Chacune de ses sculptures est faite avec une grande précision, à partir d’acier inoxydable et finie avec un revêtement translucide bleu, magenta, orange, rouge ou jaune. Des couleurs élémentaires, qui montrent que Koons n’a pas peur de la simplicité caractéristique de son art.  

L’inspiration de Jeff Koons

L’idée de reflet est au centre de la carrière et de l’inspiration de Jeff Koons. Celui-ci explique qu’il a toujours été fasciné par la lumière et par la façon dont celle-ci se reflète sur les surfaces. Il affirme d’ailleurs avoir toujours travaillé avec des surfaces gonflables et réfléchissantes.

D’après l’artiste, ses plus grandes sources d’inspirations sont Salvador Dalí et Andy Warhol. On dit souvent que le travail de Jeff Koons se rapproche du pop art, un mouvement qui déjoue les symboles de notre quotidien pour en faire de l’art provocateur. Koons se familiarise avec le travail de Salvador Dalí très tôt, et commence à peindre en suivant ses méthodes. Aujourd’hui, les critiques le comparent souvent à l’artiste contemporain Damien Hirst. 

Quel message derrière le Balloon Dog ?

Bien que Jeff Koons ait affirmé plusieurs fois que ses œuvres ne cachent pas de message sous-jacent, beaucoup de critiques d’art ont tenté d’expliquer ce qui ferait de ce chien gonflable une œuvre plus profonde qu’elle en a l’air. Avec son poids d’une tonne, on entend souvent dire que cette sculpture de Jeff Koons joue avec les notions d’un objet lourd à l’apparence légère. Un objet habituellement éphémère devient ici indestructible. L’œuvre de Koons détourne un jeu d’enfant, jetable et immédiatement reconnaissable, en une œuvre substantielle et imposante. 

Jeff Koons nous offre quand même une explication pour comprendre son travail. Un thème réunit ses sculptures gonflables : la culture populaire (ou pop culture). Il reprend des objets qui nous sont familiers mais qui deviennent déroutants dès que placés dans une salle d’exposition ou un musée. Koons a aussi déclaré que son Chien Ballon symbolise l’expérience humaine : comme des ballons, nous inspirons de l’air. En bref, l’air nous est vital, tout comme ces ballons. Une chose est sûre, Jeff Koons revendique que son travail reste léger et enfantin.

Le Balloon Dog de Jeff Koons, une sculpture superficielle ?

Malgré ce côté enfantin, difficile d’ignorer les prix de vente exubérants de ces œuvres… Lorsqu’un jouet d’enfant innocent se transforme en un record de vente, les critiques fusent. En 2019, il a d’ailleurs battu un nouveau record avec son œuvre Rabbit qui s’est vendue pour 91,1 millions de dollars. Le lapin gonflable argenté de Koons a alors détrôné Pool with Two Figures de David Hockney.

On associe souvent le nom de Jeff Koons avec le mot « kitsch ». Cet adjectif plutôt péjoratif désigne des objets prétendant être de l’art, mais qui manquent de complexité ou de finesse. Sans compter que le fait qu’il ne réalise pas ses œuvres lui-même, ce qui ne l’empêche pas de les vendre à des prix astronomiques, alimente la controverse.

Qu’est-ce qu’une œuvre de valeur ?

Se pose alors la question de ce qui rend une œuvre d’art complexe. Et immédiatement ensuite la nécessité ou non de ce critère pour rendre une œuvre intéressante. Où se trouve la valeur de l’art : dans la passion de l’artiste ou dans l’œil du public ? Dans le talent de sa réalisation ou dans l’idée de génie ?

Les critiques d’art ont notamment reproché à la série Célébration de manquer d’âme, et de prétendre à une complexité inexistante. Le critique d’art Charlie Finch écrit : « Koons est un camaléon inversé, dont les couleurs s’envolent dans les objets qui l’entourent, le laissant pâle et nu ». Si les œuvres de Koons amusent le public, les experts du monde de l’art semblent plus difficiles à conquérir. Et c’est peut-être exactement ce que Koons recherche ; une œuvre qui célèbre le quotidien et la culture populaire sans souscrire aux normes du « grand art ». 

Alors, œuvre superficielle ou ode à la simplicité ? Créativité singulière ou geste commercial ? Le Balloon Dog de Jeff Koons et ses nombreuses versions colorées continueront probablement de faire parler d’eux pendant quelques années. Et vous, qu’en pensez-vous ?