L'effrayante vérité derrière les peintures de ballet de Degas

Connu pour ses représentations impressionnistes fantaisistes de danseuses de ballet, Edgar Degas est un nom connu de tous. Les tutus virevoltants aux couleurs douces et les touches de rose pour rougir les joues de chaque personnage évoquent un sentiment de voyeurisme joyeux, comme si chaque spectateur du tableau était assis dans les salles de spectacle représentées. Mais derrière les paillettes et l’innocence de la jeunesse se cache cependant une vérité plus sombre. Avec Artsper, plongez dans la glaçante histoire derrière les peintures de ballet de Degas.

Un peu d’histoire

Il est important de considérer les tableaux de ballet d’Edgar Degas dans le contexte de la scène sociale française à l’époque où ils ont été peints. Imaginez : nous sommes dans les années 1870 à Paris, à la Belle Époque. C’est une période de paix, de prospérité et de grande croissance économique qui suit la fin de la guerre franco-prussienne. Des centres commerciaux ouvrent dans toute la ville, tandis que la mode, l’art et la culture deviennent synonymes de Paris. La construction du célèbre opéra parisien, le Palais Garnier, vient d’être achevée et les danseurs sont prêts à monter sur scène. L’impressionnisme bat son plein, la première exposition officielle des impressionnistes – Claude Monet, Camille Pissarro, Pierre-Auguste Renoir, Paul Cézanne et Edgar Degas, entre autres – ayant lieu à Paris en 1874.

Ces grandes avancées ont laissé place au plaisir. Les citoyens les plus riches de Paris pouvaient profiter plus fréquemment d’événements culturels tels que l’opéra et le ballet, comme en témoignent de nombreuses œuvres impressionnistes. Si vous regardez de plus près, cependant, ces peintures peuvent raconter deux histoires : une histoire d’opulence et une autre d’optique. On prétend que dans les peintures de ballet d’Edgar Degas, les observateurs peuvent noter la suggestion des ballerines comme travailleuses du sexe et de leur public comme mécènes. 

Les salles de répétition dans les peintures de ballet de Degas

Dans Répétition d’un ballet sur la scène (1874), les danseurs s’élancent sur la toile lors de leur répétition avant un spectacle. Au centre, leur instructeur ou chorégraphe les dirige. À droite, juste en dehors de la scène, deux hommes sont assis et observent la répétition. La puissance des hommes est apparente, car ils sont assis dans des positions inclinées confortables.

La popularité du ballet dans les années 1870 était en baisse et les danseurs, souvent issus de milieux modestes, avaient recours à d’autres moyens pour gagner de l’argent. Certaines familles des petites danseuses, sortant d’une période économique difficile pendant la guerre, encourageaient la prostitution. Le ballet, et par ricochet la prostitution, constituait un billet pour la liberté financière. Dans Répétition d’un ballet sur la scène, les clients regardent les filles danser avant les rejoindre, probablement, dans l’une des pièces de l’arrière-scène qui servaient pour les répétitions de danse.

L’Étoile

L’image qui est devenue l’emblème du côté sombre des peintures de ballet de Degas est Ballet (1876). Souvent appelé L’Étoile en raison de sa similitude avec une autre œuvre du même nom, Ballet présente une ballerine singulière sur scène. Au premier plan, on voit une jeune danseuse vêtue d’un tutu blanc et de fleurs. Certains pensent qu’il s’agit de la danseuse espagnole Rosita Mauri, mais personne n’a pu confirmer l’identité de la jeune fille. À l’arrière-plan, le décor, le rideau et les autres danseurs sont des étendues de couleurs. Une silhouette distincte, vêtue d’un smoking noir, brise la couleur. Le visage masqué, le corps du personnage est imposant, presque inquiétant.

On raconte que les jeunes ballerines qui passaient le plus de temps avec leurs mécènes en coulisses se voyaient confier de meilleurs rôles lors de leurs représentations sur scène. Cette prise de conscience fait briller des images comme Ballet sous un jour plus sombre.

Des histoires subtiles dans les peintures de ballet de Degas

S’il est bien sûr impossible de connaître les événements réels qui se cachent derrière chacun des peintures de ballet de Degas, l’atmosphère qui se dégage de chacune d’elles est palpable. Dans Musiciens à l’orchestre (1872), les jeunes danseurs sont représentés du point de vue de la chaire. La principale ballerine tire sa révérence tandis que les autres communient derrière elle. Les musiciens plus âgés, tout en jouant leur musique, semblent fixés sur la scène. L’élément de voyeurisme dans l’œuvre de Degas est ici indéniable.

Si les hommes sont souvent à l’écart dans ses images, ils prennent le premier plan dans Musiciens à l’orchestre. Bien que ce soit les filles qui soient sur scène, le Palais Garnier n’a pas été conçu pour elles, mais pour les hommes. Les nombreuses salles de répétition à l’arrière du théâtre ont été installées en pensant aux clients. Les jeunes danseuses étaient considérées comme un simple produit du spectacle lui-même. Bien que cette image ne montre pas les spectateurs eux-mêmes, elle illustre clairement la dichotomie entre les hommes âgés présents et les jeunes danseurs. La plupart des danseurs, appelés « les petits rats », n’avaient pas plus de 14 ans. Les enfants brillent dans les images de la Belle Époque, mais leur existence était probablement difficile.

Un avertissement

Tout ce qui brille n’est pas or… Les peintures de ballet de Degas, bien que magnifiques, nous rappellent qu’il faut regarder derrière le rideau. Reliques de la Belle Époque, ces œuvres de danse inspireront toujours un sentiment de beauté et de mélancolie. Apprenez-en davantage sur les mystères de l’histoire de l’art sur Artsper !