
10 choses à savoir sur Dora Maar
C’est une erreur, souvent commise, de réduire Dora Maar à l’amante ou au modèle du grand Pablo Picasso. Si la quantité impressionnante de portraits que le maître espagnol a peint d’elle ont contribué à forger sa légende, Dora Maar, artiste à la fois peintre et photographe, s’impose avant tout par son intelligence, sa beauté et surtout son immense talent. À l’occasion de la grande rétrospective qui lui est consacrée par le Centre Pompidou, du 5 juin au 29 juillet, Artsper vous propose de découvrir 10 faits sur la fascinante Dora Maar.

#1 C’était une grande photographe
Dora Maar, initialement formée à la peinture dans l’atelier d’André Lothe, s’est tournée vers la photographie au tout début des années 1930. Son travail a trop souvent été attribué à Man Ray, auprès de qui la jeune femme a travaillé. Son oeuvre photographique n’a bénéficié que tardivement d’une pleine reconnaissance, dans les années 1980. Photographe de mode, photographe de rue, photographe de cinéma ou photographe engagée, Dora Maar avait de multiples facettes : ses clichés sont toujours insolites et fascinants.

#2 Elle dirigeait son propre studio photographique
Dans les années 1930, après avoir été l’assistante de Man Ray, Dora Maar a ouvert un studio de photographie avec Pierre Kéfer, au 29, rue d’Astorg. Elle y a fait poser les plus grands modèles du tout Paris et y a réalisé des photographies de mode, des photographies publicitaires et même des nus pour des magazines de charme.

#3 Elle a séduit Picasso à travers une photographie
Picasso a d’abord rencontré Dora Maar par l’intermédiaire d’une photographie, dans l’atelier de Man Ray. Il y a découvert en effet un portrait de Dora Maar, réalisé par le photographe et s’en est trouvé subjugué. Picasso aurait demandé à Man Ray de lui donner ce portrait, et serait reparti avec cette photographie sous le bras.

#4 Elle était engagée auprès du cercle des surréalistes
Dora Maar a été un véritable compagnon de route du mouvement surréaliste. Elle a côtoyé Georges Bataille, André Breton et bien d’autres. Elle a notamment été proche de l’AEAR, l’association des écrivains et artistes révolutionnaires. De cette période date son monstre sur la plage, une image étonnante, qui fait partie d’une série de collages ou photomontages qu’elle a réalisé à cette époque. Elle a manifesté dans ses oeuvres des inquiétudes politiques face à la montée des totalitarismes, à l’aube de la guerre. Elle a ainsi présenté dans ses créations des personnages oppressés dans des architectures, des créatures menaçantes, et des figures inquiétantes dans des décors idylliques.

#5 Elle est entrée dans la vie de Picasso quand il connaissait un passage à vide
Fin 1935, Dora Maar a été engagée comme photographe de plateau sur le film de Jean Renoir, Le Crime de monsieur Lange. À cette occasion, Paul Éluard l’a présentée à Pablo Picasso. Ce n’est pas une jeune fille fragile et démunie qui s’est présentée à lui sur la terrasse des Deux Magots, mais une femme dont le caractère bien trempé et le talent avaient déjà conquis les surréalistes et l’avaient rendu célèbre. Leur liaison a duré près de neuf années, sans que Picasso ne rompe pour autant sa relation avec Marie-Thérèse Walter, mère de sa fille Maya. Pour Picasso, Dora Maar n’a pas été seulement une compagne ou un simple modèle, mais une véritable source d’inspiration, un nouveau souffle pour son travail.

#6 Elle est « la Femme qui pleure »
Malheureusement, ce titre donné à l’un des portraits de Dora Maar réalisé par Picasso lui a collé à la peau toute sa vie, la limitant souvent à l’image d’une femme chosifiée et déconstruite par le grand maître. Picasso a composé d’éblouissantes variations sur les larmes de sa compagne. Il disait à son propos « « Pour moi elle est une femme qui pleure. Pendant des années, je l’ai peinte en formes torturées, non par sadisme ou par plaisir. Je ne pouvais que donner la vision qui s’imposait à moi, c’était la réalité profonde de Dora. » Picasso aimait Dora Maar quand elle pleurait, et trouvait qu’elle lui donnait ainsi une vérité à peindre. Il l’a également représentée dans de nombreux autres tableaux, notamment la femme couchée avec un livre ou la femme se coiffant, celui ci étant le dernier tableau que Picasso ait peint d’elle avant leur séparation.

#7 Elle a photographié toutes les phases de Guernica
Picasso avait demandé à Dora Maar de photographier tout le processus de création de Guernica, non pour en fixer les étapes mais pour en montrer les métamorphoses. C’est à elle que l’on doit une très grande partie des clichés du célébrissime tableau.

#8 Elle a abandonné la photographie pour la peinture (et pour Picasso)
L’artiste, après sa collaboration avec Picasso pour Guernica, a décidé d’arrêter définitivement la photographie, pourtant sa grande passion, pour se consacrer à la peinture. Elle s’est pliée par cette décision aux conseils et insistances de Picasso, qui considérait la peinture comme l’art par excellence. Elle a abandonné ainsi son art de prédilection et toutes ses activités photographiques, dans lesquelles elle se distinguait et excellait.

#9 Elle a été internée en hôpital psychiatrique
Pendant sa liaison avec Pablo Picasso et dans le contexte de la guerre d’Espagne puis de la Seconde Guerre Mondiale, la psychologie de Dora Maar est devenue de plus en plus fragile. Ainsi, suite à sa rupture avec le peintre au milieu des années 1940, elle a sombré dans une profonde dépression, et s’est retrouvée internée dans un asile psychiatrique. Elle y a subi des traitements violents, notamment des électrochocs, pourtant interdits à l’époque, et a suivi une cure psychanalytique avec Jacques Lacan.

#10 Elle s’est retirée du monde
Après son internement, Picasso a acheté à Dora Maar une maison à Ménerbes, un petit village du Vaucluse, niché au coeur du Luberon. Elle s’y est retirée et y a vécu seule. Cloitrée, plongée dans la religion, le mysticisme et les souvenirs de sa vie avec Picasso, elle n’a pourtant jamais cessé de peindre.


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