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10 choses à savoir sur Dora Maar
La minute arty 11 Juin 2019

10 choses à savoir sur Dora Maar

C’est une erreur, souvent commise, de réduire Dora Maar à l’amante ou au modèle du grand Pablo Picasso. Si la quantité impressionnante de portraits que le maître espagnol a peint d’elle ont contribué à forger sa légende, Dora Maar, artiste à la fois peintre et photographe, s’impose avant tout par son intelligence, sa beauté et surtout son immense talent. À l’occasion de la grande rétrospective qui lui est consacrée par le Centre Pompidou, du 5 juin au 29 juillet, Artsper vous propose de découvrir 10 faits sur la fascinante Dora Maar.

Portrait Dora Maar
Man Ray, Portrait de Dora Maar aux petites mains (1936)

#1 C’était une grande photographe

Dora Maar, initialement formée à la peinture dans l’atelier d’André Lothe, s’est tournée vers la photographie au tout début des années 1930. Son travail a trop souvent été attribué à Man Ray, auprès de qui la jeune femme a travaillé. Son oeuvre photographique n’a bénéficié que tardivement d’une pleine reconnaissance, dans les années 1980. Photographe de mode, photographe de rue, photographe de cinéma ou photographe engagée, Dora Maar avait de multiples facettes : ses clichés sont toujours insolites et fascinants.

Photographie Dora Maar
Dora Maar, Sans titre (Main de mannequin sortant d’un coquillage) (1934)

#2 Elle dirigeait son propre studio photographique

Dans les années 1930, après avoir été l’assistante de Man Ray, Dora Maar a ouvert un studio de photographie avec Pierre Kéfer, au 29, rue d’Astorg. Elle y a fait poser les plus grands modèles du tout Paris et y a réalisé des photographies de mode, des photographies publicitaires et même des nus pour des magazines de charme.

Dora Maar Mannequin
Dora Maar, Mannequin en maillot de bain (1936)

#3 Elle a séduit Picasso à travers une photographie

Picasso a d’abord rencontré Dora Maar par l’intermédiaire d’une photographie, dans l’atelier de Man Ray. Il y a découvert en effet un portrait de Dora Maar, réalisé par le photographe et s’en est trouvé subjugué. Picasso aurait demandé à Man Ray de lui donner ce portrait, et serait reparti avec cette photographie sous le bras.

Dora Maar Man Ray
Dora Maar photographiée par Man Ray en 1936.

#4 Elle était engagée auprès du cercle des surréalistes

Dora Maar a été un véritable compagnon de route du mouvement surréaliste. Elle a côtoyé Georges Bataille, André Breton et bien d’autres. Elle a notamment été proche de l’AEAR, l’association des écrivains et artistes révolutionnaires. De cette période date son monstre sur la plage, une image étonnante, qui fait partie d’une série de collages ou photomontages qu’elle a réalisé à cette époque. Elle a manifesté dans ses oeuvres des inquiétudes politiques face à la montée des totalitarismes, à l’aube de la guerre. Elle a ainsi présenté dans ses créations des personnages oppressés dans des architectures, des créatures menaçantes, et des figures inquiétantes dans des décors idylliques.

Dora Maar Monstre sur la plage
Dora Maar, Monstre sur la plage (1936)

#5 Elle est entrée dans la vie de Picasso quand il connaissait un passage à vide

Fin 1935, Dora Maar a été engagée comme photographe de plateau sur le film de Jean Renoir, Le Crime de monsieur Lange. À cette occasion, Paul Éluard l’a présentée à Pablo Picasso. Ce n’est pas une jeune fille fragile et démunie qui s’est présentée à lui sur la terrasse des Deux Magots, mais une femme dont le caractère bien trempé et le talent avaient déjà conquis les surréalistes et l’avaient rendu célèbre. Leur liaison a duré près de neuf années, sans que Picasso ne rompe pour autant sa relation avec Marie-Thérèse Walter, mère de sa fille Maya. Pour Picasso, Dora Maar n’a pas été seulement une compagne ou un simple modèle, mais une véritable source d’inspiration, un nouveau souffle pour son travail.

Portrait de Dora Maar
Pablo Picasso, Portrait de Dora Maar (1937)

#6 Elle est « la Femme qui pleure »

Malheureusement, ce titre donné à l’un des portraits de Dora Maar réalisé par Picasso lui a collé à la peau toute sa vie, la limitant souvent à l’image d’une femme chosifiée et déconstruite par le grand maître. Picasso a composé d’éblouissantes variations sur les larmes de sa compagne. Il disait à son propos « « Pour moi elle est une femme qui pleure. Pendant des années, je l’ai peinte en formes torturées, non par sadisme ou par plaisir. Je ne pouvais que donner la vision qui s’imposait à moi, c’était la réalité profonde de Dora. » Picasso aimait Dora Maar quand elle pleurait, et trouvait qu’elle lui donnait ainsi une vérité à peindre. Il l’a également représentée dans de nombreux autres tableaux, notamment la femme couchée avec un livre ou la femme se coiffant, celui ci étant le dernier tableau que Picasso ait peint d’elle avant leur séparation.

La femme qui pleure
Pablo Picasso, La femme qui pleure (1937)

#7 Elle a photographié toutes les phases de Guernica

Picasso avait demandé à Dora Maar de photographier tout le processus de création de Guernica, non pour en fixer les étapes mais pour en montrer les métamorphoses. C’est à elle que l’on doit une très grande partie des clichés du célébrissime tableau.

Dora Maar Guernica
Dora Maar, Photographie de Guernica (1937)

#8 Elle a abandonné la photographie pour la peinture (et pour Picasso)

L’artiste, après sa collaboration avec Picasso pour Guernica, a décidé d’arrêter définitivement la photographie, pourtant sa grande passion, pour se consacrer à la peinture. Elle s’est pliée par cette décision aux conseils et insistances de Picasso, qui considérait la peinture comme l’art par excellence. Elle a abandonné ainsi son art de prédilection et toutes ses activités photographiques, dans lesquelles elle se distinguait et excellait.

Dora Maar
Photographie de Dora Maar

#9 Elle a été internée en hôpital psychiatrique

Pendant sa liaison avec Pablo Picasso et dans le contexte de la guerre d’Espagne puis de la Seconde Guerre Mondiale, la psychologie de Dora Maar est devenue de plus en plus fragile. Ainsi, suite à sa rupture avec le peintre au milieu des années 1940, elle a sombré dans une profonde dépression, et s’est retrouvée internée dans un asile psychiatrique. Elle y a subi des traitements violents, notamment des électrochocs, pourtant interdits à l’époque, et a suivi une cure psychanalytique avec Jacques Lacan.

mannequin avec une étoile sur la tête Dora Maar
Mannequin avec une grande étoile à la place de la tête, 1936 © Dora Maar

#10 Elle s’est retirée du monde

Après son internement, Picasso a acheté à Dora Maar une maison à Ménerbes, un petit village du Vaucluse, niché au coeur du Luberon. Elle s’y est retirée et y a vécu seule. Cloitrée, plongée dans la religion, le mysticisme et les souvenirs de sa vie avec Picasso, elle n’a pourtant jamais cessé de peindre.

Ménerbes
Photographie aérienne du village de Ménerbes, Luberon

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