10 choses à savoir sur… Otto Dix

Otto Dix est un artiste allemand du XXe siècle, reconnu mondialement pour son art contestataire. Soldat des deux guerres mondiales, il s’inspire de son vécu pour le retranscrire dans ses créations. Il a marqué les esprits et l’histoire de l’art par la violence de ses œuvres. Artsper vous présente cet artiste expressionniste à l’air mystérieux en 10 points.

1. Otto Dix est initié à l’art par sa mère dans son enfance

Dix naît à Untermhaus d’un père fondeur, Franz Dix, et d’une mère couturière, Pauline Louise Dix. Cette dernière, passionnée d’art et notamment de musique et de peinture, lui transmettra son amour pour l’art. Il suit des cours de dessin dans son enfance, puis des cours de peinture à Gera, tout en continuant les cours du soir pour le dessin. Malgré les doutes de certains de ses professeurs, son rêve est de devenir artiste. Il obtient une bourse qui lui permet de partir étudier en 1909 à l’École des arts appliqués de Dresde. Il a 24 ans en 1914, lorsque la Première Guerre mondiale éclate.

2. Il est appelé une première fois au front en 1915

Il est mobilisé lors de la Grande Guerre et envoyé au camp d’entraînement, où il reste plusieurs mois. Mais le jeune Otto Dix, motivé par son patriotisme, quitte volontairement le camp pour rejoindre le front. Envoyé en France, en Flandre et en Russie, il occupera le poste de mitrailleur et sera blessé au combat. Toutefois, il n’abandonnera pas son amour pour l’art et dessinera son quotidien dans une série appelée La guerre. Traumatisé par la barbarie de la guerre et hanté par de violents cauchemars, il mélange la mort, la souffrance et les horreurs qu’il a vécues dans les œuvres qu’il réalisera après l’armistice de 1918.

3. Il fait partie du dadaïsme, de l’expressionnisme et de la Nouvelle Objectivité

Otto Dix s’essaie d’abord à plusieurs mouvements, comme le cubisme et le futurisme. Il choisit finalement le dadaïsme, mouvement libre et anticonformiste par excellence, et l’expressionnisme, mouvement de déformation et stylisation de la réalité. Dans la continuité de ceux-ci, il devient dans les années 20 l’un des fondateurs du mouvement de la Nouvelle Objectivité. Celle-ci a pour but de dépeindre la réalité telle qu’elle est, sans tenter de l’embellir. Il peint dans ses réalisations la guerre telle qu’il l’a vécue, dans toute son horreur et ses atrocités.

4. Il utilise plusieurs techniques

Selon le type d’œuvre et le support utilisé, Otto Dix utilise des techniques variées dans sa création artistique. Dans plusieurs de ses œuvres comme Les joueurs de skat, datant de 1920, ou Le chemin de fer Dada, Otto Dix utilise le collage. Souvent, il dessine à la pointe d’argent, une technique qui consiste à utiliser une pointe d’argent comme un crayon et qui permet qu’aucun trait de ses dessins ne soit effacé. Il manie également la technique du glacis, avec laquelle il applique une couche transparente sur ses peintures pour leur donner un côté plus réaliste. Pour son cycle sur la guerre, Otto Dix a recours à l’eau forte, un procédé de gravure chimique pour lequel il se sert d’acide.

5. Il est ami avec l’artiste de cabaret Anita Berber

Après la guerre, il vit quelques années à Berlin où il réalise le chaos dans lequel la société allemande a été plongée. La guerre a créé de nombreux problèmes, dont un terrain propice au développement des addictions et de la prostitution comme moyen de survie. Il rencontre l’artiste de cabaret Anita Berber, une femme libre et affirmée qui choque la scène berlinoise avec ses représentations hypersexualisées. Il se lie d’amitié avec elle et la peint dans son fameux portrait La danseuse, l’une des rares œuvres la représentant. Cette peinture servira notamment à la production d’un timbre par la poste fédérale allemande en 1991.

6. Il réalise sa première exposition personnelle en 1926

Pendant longtemps, peu de gens apprécieront son art, et sa reconnaissance sera tardive. Après s’être vu refusé le droit d’exposer dans de nombreux musées à cause du caractère choquant de ses œuvres, il réalise enfin sa première exposition personnelle à Berlin à la galerie Neumann-Nierendorf. C’est à partir de ce moment-là que ses œuvres rencontrent le succès. Il enchaîne alors les expositions et devient notamment professeur aux Beaux-Arts de Dresde jusqu’à l’arrivée des nazis au pouvoir. 

7. Ses œuvres sont contrôlées par le régime nazi

Lorsque les nazis prennent le pouvoir, il est immédiatement démis de sa fonction de professeur. Son art, qui critique la guerre et va donc à l’encontre des ambitions nazies, est rapidement déclaré « dégénéré ». Environ 170 de ses œuvres sont retirées des musées et certaines seront choisies pour l’exposition sur l’art dégénéré. Parmi celles-ci, beaucoup sont perdues, détruites ou brûlées par le régime. Ainsi, l’une de ses œuvres les plus célèbres, La Tranchée (1923), n’a jamais été retrouvée. Dans cette œuvre, il dénonçait la barbarie de la Première Guerre mondiale, elle a donc sûrement été détruite pour son sujet.

8. Il est arrêté par la Gestapo et s’isole après sa libération

En 1938, accusé de comploter contre Hitler, la Gestapo arrête Otto Dix et l’enferme pendant 2 semaines. Il est libéré peu de temps après, et décide de se réfugier sur la presqu’île de Höri, au bord du Lac Constance, afin de pouvoir fuir en Suisse en cas de danger. Là-bas, il se concentre sur sa famille et sur la vue qu’il a depuis sa maison, se mettant à peindre de nombreux paysages. Il reçoit une demande de commission de la brasserie de Köstritz et réalise ainsi sa célèbre peinture sur Saint Christophe. Le Vatican expose l’une des 6 versions qu’il peindra au total.

9. Il est forcé de s’enrôler par les nazis

Quelques années plus tard, il est forcé de s’enrôler dans la milice populaire allemande « Volkssturm » et est envoyé sur les rives du Rhin en mars 1945. Les Français l’arrêtent le mois suivant, et le placent dans un camp de prisonniers à Colmar. Par chance, le commandant le reconnaît et il obtient le droit de peindre dans des ateliers et chez des particuliers. Il réalise de nombreuses commissions avant d’être libéré en 1946. Après la Seconde Guerre mondiale, il reçoit de nombreuses distinctions de la part des deux gouvernements allemands, pressés de se réapproprier l’artiste.

10. Il existe des avis de recherche sur ses œuvres

Suite à la perte de ses œuvres, plusieurs avis ont été lancés par les musées pour retrouver certaines œuvres telles que La Sorcière, ou encore son huile sur tableau La Naïveté. Bien que la plupart soient probablement perdues à jamais, les institutions culturelles n’abandonnent pas la recherche de ces peintures, qui sont de grande valeur. Certaines œuvres ont toutefois été retrouvées de cette manière ! Ce fut le cas pour Orage aux monts des Géants, retrouvée en 2016 grâce à un avis de recherche lancé par le Musée Unterlinden de Colmar.

Enfin, Otto Dix meurt d’un infarctus à l’âge de 78 ans à Singen, près de son lieu de refuge. Il laisse derrière lui d’innombrables œuvres, en dépit de la destruction et de la perte de beaucoup d’entre elles par le régime nazi. Sa vie mouvementée lui a valu d’être fortement traumatisé, mais aussi de devenir l’un des artistes majeurs du XXe siècle. Aujourd’hui encore, il continue d’être exposé et étudié, ayant profondément marqué l’histoire de l’art.

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