
Rencontre avec Olivia Zeitline
Olivia a moins de trente ans, mais déjà plusieurs vies à son actif. Titulaire du CAPA, elle quitte le droit fiscal pour exposer le travail de graphistes, d’illustrateurs, de réalisateurs et de plasticiens. Très vite, ses événements attirent un large public et deviennent des lieux de rassemblement pour la jeune scène créative.
Olivia est une jeune femme de challenges : elle veut participer au bien-être collectif en écrivant des articles qui font du bien aux gens et à la planète. Le magazine Réécrire est né. Mais Olivia ne s’arrête pas là. Parce qu’elle est persuadée que les marques doivent participer à la réflexion sur le bien-être collectif, elle co-fonde une agence de stratégie éditoriale, The Editorialist. Pour Artsper, elle revient sur son parcours, ses convictions et ses choix artistiques.
Artsper: Après avoir conçu des expositions présentant le travail de graphistes, d’illustrateurs, de réalisateurs et de plasticiens, tu as créé le magazine Réécrire. Peux-tu nous en dire deux mots ?
Réécrire fait référence au recommencement, à l’évolution cyclique du temps et au sampling. Pendant plus de deux ans, j’ai monté des evenements d’art visuel, je me suis attachée à sélectionner des artistes et à créer une ligne artistique. Le magazine est la continuité de cette curation, mais avec l’écriture en plus. J’en viens au verbe même qui constitue le nom réécrire. J’ai toujours eu l’intuition d’un magazine, mais j’ai mis du temps à me l’autoriser. Réécrire n’est pas un simple magazine d’art, je me suis vite aperçu que cela ne suffisait pas, qu’il manquait quelque chose de fondamental, un message à véhiculer aux gens. J’ai donc créé la rubrique société dans laquelle je développe des thèmes de réflexion sur notre façon de vivre, je distille des idées, j’interview des scientifiques, des médecins ou des fous furieux. Le premier dossier était sur l’orgasme, avec notamment un entretien de la gynécologue Daniele Flaumenbaum sur la résonance des sexes et la façon de faire l’amour. Les dossiers de la rentrée vont porter sur le climat et la conscience. J’associe toujours à ces thèmes une sélection visuelle : beaucoup de choses passent plus facilement par l’image, qui parle d’inconscient à inconscient. C’est aussi pour cela que je soutiens l’initiative d’Artsper : l’image et le beau sont nécessaires dans notre vie de tous les jours.
A: La ligne éditoriale de Réécrire est orientée vers tout ce qui touche à l’harmonie personnelle. Dans ta vie de tous les jours, que fais-tu pour être en accord avec toi-même ?
D’abord, j’essaye d’écouter mon corps. Je ne mange pas de gluten ni de produits laitiers. Je suis des cours de Qi Gong dans lesquels on apprend à faire circuler l’énergie en ralentissant son corps et son esprit. Ça n’a pas l’air comme ça, mais c’est super dur, de prendre le temps de rester immobile dans nos vies euphoriques. Sinon, je viens de commencer la méditation et je fais des retraites shamaniques. En gros je suis une fille super saine, celle que j’aurais détesté avant parce que les vices c’est plus cynique.
A: On a le sentiment que Réécrire est un magazine construit à partir d’intuitions. Est ce dur de suivre son instinct?
Je ne marche qu’à l’intuition, pas de tableaux excel ou de buisness plan, que du flair. D’ailleurs je pense qu’un bon entrepreneur sait écouter son instinct. Je pense aussi qu’il faut faire ce qu’on aime et que c’est seulement à cette condition que les choses se font, que les portes s’ouvrent. La réussite, c’est vivre de sa passion et pas une quête materielle stérile, c’est être heureux d’aller travailler tous les matins. On nous a formatés à “La vie c’est pas les Bisounours, il faut en chier pour gagner du fric” mais il y a un ras le bol général, surtout avec la crise. On ne nous a pas appris à écouter nos émotions ; pourtant elles sont les clés de nos réussites. En ce moment, je suis les signes de l’univers pour m’orienter.
A: Lors des expositions Réécrire, tu as découvert et exposé de nombreux talents. Qui as-tu aidé à se faire connaitre ?
Dans les plasticiens que j’ai exposés lors des événements que j’ai organisés pendant près de trois ans, certains suivent un super parcours comme Alex & Marine, qui sont maintenant chez Costume 3 Pièces, Frédérique Vernillet qui vient de refaire les vitrines du Printemps, ou Fakepaper qui travaille pour Savoir Faire.
A: Tu es en train d’écrire un dossier sur le climat. Vivre en accord avec soi-même, c’est aussi être en accord avec ce qui nous entoure? Quelle est notre responsabilité de citoyen trentenaire vis-à-vis de l’environnement ?
Grosse question! Je crois que nous ne mesurons pas la responsabilité que nous avons sur notre environnement: chaque geste et même chaque pensée a un impact. Nous sommes tous reliés, nous nous influencons tous et nous sommes profondément connectés aux éléments. C’est notamment ce que certaines personnes expérimentent en prenant du LSD ou de l’ayahuasca. Donc, si on ne veut pas que notre terre finisse iradiée par les déchets nucléaires que l’on ne sait plus où stocker, ou sans plage parce qu’on aura utilisé tout le sable pour construire des buildings, il faut sacrément se remettre en question. Le mieux c’est de commencer par y penser et de prendre de nouvelles habitudes collectives. C’est vraiment une question de choix.
A: Quelle est ta sélection Artsper ?
Corridor II (diptyque), 2012, par Benjamin Laurent Aman
Monotype 17, 2013, par JonOne
Speedcubing, 2012, par Julien GRUDZINSKI
Le mont analogue, 2013, par Nicolas Puyjalon
A:Quels sont tes bons plans créatifs à Paris ?
Il y en a tellement ! Je crois que la journée parfaite, c’est commencer par un petit café chez Jeannette (tout près de chez moi), puis aller acheter ses journaux chez Artazart, se poser au Craft Café pour bosser, déjeuner chez le coréen, aller en vélo au Monte en l’air lire des fanzines, faire ses courses chez La Vie Claire, se poser Place Saint Marthe, passer voir les potes dans leur agence boulevard de la Villette, aller à un vernissage à la Gaîté Lyrique, diner au Petit Cambodge, boire des verres au Carillon, passer faire un coucou à mes anciens collègues qui ont monté le bar l’Inconnu, aller à un concert ou une représentation de danse au Point Ephémère et finir par danser le rap afro à l’Embuscade. Ca fait beaucoup en une journée, mais le temps est élastique.
N’hésitez pas à aller faire un tour sur Réécrire.
Interview réalisée par The Automart.

À propos d’Artsper
Fondée en 2013, Artsper est une marketplace en ligne d’art contemporain. En partenariat avec 1 800 galeries d’art professionnelles autour du monde, elle rend accessible à tous la découverte et l’acquisition d’œuvres d’art.
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