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RENCONTRE AVEC ENRICO LUNGHI, DIRECTEUR DU MUDAM
Artstyle 15 Mar 2016

RENCONTRE AVEC ENRICO LUNGHI, DIRECTEUR DU MUDAM

Nous avons rencontré Enrico Lunghi, directeur du MUDAM. Le MUDAM, musée d’art contemporain du Luxembourg, se veut ouvert au monde et attentif à toutes les disciplines artistiques. Sa collection et sa programmation reflètent les tendances de la création actuelle et rendent compte de l’émergence de nouvelles pratiques artistiques à l’échelon national et international.

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Vue de l’exposition Damien Deroubaix . Picasso et moi, 20.02.2016 – 29.05.2016, Mudam Luxembourg


{ENRICO LUNGHI : SON PARCOURS}

Enrico Lunghi a toujours eu un pied dans l’art contemporain. Il a commencé par faire des conférences sur l’histoire de l’art, à être guide d’exposition, à écrire des comptes rendus pour la presse à Luxembourg et des textes pour des catalogues, puis à organiser des expositions. Cela s’est donc fait progressivement, sans préméditation. « Ce n’est que depuis la fin de l’année 1995, lorsqu’il m’a fallu mettre sur pieds la programmation du futur Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain, que mon parcours se déroule entièrement dans le domaine de l’art contemporain » nous raconte t-il.

En effet, avant d’être à la direction du MUDAM, Enrico Lunghi a ouvert le Casino Luxembourg-Forum d’art contemporain en 1996, avec Jo Kox, au moment où le projet du futur musée (devenu le MUDAM) avait été relancé par le gouvernement. « Notre but principal à l’époque était de préparer le terrain au musée qui devait ouvrir autour de l’an 2000 et notre principal argument était qu’en continuant à utiliser le bâtiment du Casino en tant que lieu d’art contemporain, l’Etat allait faire des économies, car toute restructuration de l’édifice coûterait cher. Mais le MUDAM tardait à ouvrir et cela a permis au Casino de s’établir en tant qu’institution autonome, quoique sur des bases fragiles. Lorsque la première directrice, Marie-Claude Beaud, est partie, je voulais, avec ma candidature, signaler que le Casino comptait sur la scène artistique et culturelle. Une fois la surprise de ma nomination passée, j’ai pris le travail au MUDAM comme un magnifique défi pour continuer à transformer le paysage artistique luxembourgeois à une autre échelle » nous a-t-il confié.

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Vue de l’installation de Sarah Oppenheimer . S-399390 au Grand Hall, Mudam Luxembourg, 20.02.2016 – 29.05.2016

{ 10 ANS DU MUDAM }

Le MUDAM fête cette année ses 10 ans. Au fil des années, sa structure a évolué : « À mon arrivée, j’ai tenu à poursuivre l’élan international tout en ancrant l’institution dans le paysage local et régional. Je crois qu’aujourd’hui, le MUDAM constitue un motif de fierté pour la plupart des habitants du Grand-Duché et il est considéré comme un musée de référence dans son domaine partout en Europe et au-delà. Nous restons attentifs à ce qui se fait dans le monde de l’art en général et nous participons à certaines créations. Notre musée est encore jeune et nous gardons un côté expérimental – voir, par exemple, le tournage de « Dreams have a Language » de Sylvie Blocher et Donato Rotunno dans le grand hall en 2013 – et le goût de l’aventure – comme pour « Eppur si muove » en collaboration avec le Musée des Arts et Métiers. »

En effet, fruit d’une ambitieuse collaboration avec le Musée des arts et métiers, l’exposition Eppur si muove . Art et technique, un espace partagé s’intéressait aux nombreux liens qui existent entre le champ des arts visuels et celui des techniques, ainsi qu’à l’influence déterminante qu’exerce l’histoire des sciences et des techniques sur les artistes contemporains.

 MUDAM 2016-Beatrice Gibson-006Vue de l’installation vidéo de Beatrice GibsonSolo for Rich Man, 20.02.2016 – 29.05.2016, Mudam Luxembourg
  

{LES EXPOSITIONS ACTUELLES}

Depuis le 20 février, l’espace accueille de nouvelles expositions.  « Nous avons d’abord Geography of Time de Fiona Tan, regroupant dix œuvres réalisées entre 2000 et 2013 et qui mettent en lumière l’importance que revêt, dans le travail de l’artiste, l’intimité des liens qui se tissent entre tout individu et l’espace et le temps que celui-ci habite. »

Évoquant pour certaines la tradition de la peinture hollandaise ou le travail d’un photographe tel qu’August Sander, les œuvres exposées proposent ainsi une relecture de la notion même de portrait, abordée moins comme une entité gée que dans sa dimension perméable, insaisissable, évanescente. Imaginaires ou réelles, les gures autour desquelles ses installations vidéo s’articulent se situent souvent au cœur même de l’image, comme dans les six portraits lmés d’habitants d’Amsterdam qui composent Provenance, ou dans Nellie, portrait de Cornelia van Rijn, lle illégitime de Rembrandt, qui émigra en Indonésie à l’âge de 16 ans. Elles se distinguent aussi parfois en creux, comme dans Inventory, tournée dans les intérieurs du Sir John Soane’s Museum à Londres. Fiona Tan décrit souvent le temps comme à la fois « un outil avec lequel façonner et ciseler, et un matériau que l’on peut plier, tordre et con gurer ». Chacune des œuvres de l’exposition offre une manifestation possible de cette approche temporelle. 

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Vue de l’exposition Fiona Tan . Geography of Time, 20.02.2016 – 28.08.2016, Mudam Luxembourg

Le MUDAM accueille également un projet de Damien Deroubaix, Picasso et moi. Comme le dit le directeur, il s’agit ici d’un projet « dans lequel se lit la convergence de deux regards portés sur le monde et une installation, dans le grand hall, de Sarah Oppenheimer, qui modifie sensiblement la perception habituelle des espaces du musée en invitant les spectateurs à découvrir de nouveaux points de vue sur le bâtiment conçu par I. M. Pei. ». L’exposition au MUDAM Luxembourg réunit quinze œuvres de Picasso issues des collections du Musée national Picasso-Paris, de la Bibliothèque nationale de France et du ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles et une quarantaine d’œuvres de Damien Deroubaix, dans un accrochage qui met en lumière la convergence de ces deux regards. Elle a également donné lieu à la production d’un ambitieux panneau gravé et encré réalisé d’après Guernica, une façon pour Damien Deroubaix de rendre hommage à l’œuvre qui éveilla sa vocation tout autant que de la « réactiver » dans l’espace contemporain.

Enrico Lunghi conclut en nous signifiant deux autres projets « Et encore Quiz 2 : sur une idée de Robert Stadler, ce projet réunit des objets qui résistent aux typologies classiques de sculpture, produit ou meuble, en rendant palpable la dissipation progressive des clivages entre art contemporain et design. Enfin, je signale la vidéo « Solo for Rich Man » de Béatrice Gibson, qui se fonde sur son intérêt pour la musique expérimentale. Il y a donc beaucoup de choses à voir et à découvrir. »

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