L'impact des sculptures de nus de Rodin

Passionné par le mouvement, la sculpture grecque et le corps féminin, Rodin avait un don pour retranscrire les émotions. De L’Âge d’airain, aux Bourgeois de Calais, en passant par son portrait de Balzac, ses œuvres ont fait scandale. Mais le travail d’Auguste Rodin n’a pas fait que choquer. Doté d’un regard visionnaire, son approche a révolutionné les sculptures de nus… et fait naître la sculpture moderne.

Le mouvement dans les sculptures de nus de Rodin

Fasciné par les sculptures de nus classiques, Rodin s’est fortement inspiré d’artistes comme Phidias, ou Michel-Ange. Au fil de son évolution artistique, il a d’abord perfectionné l’aspect technique, puis développé sa propre approche. Est alors née une nouvelle forme de sculpture, non plus statique, mais centrée sur le mouvement. Une sculpture qui vient pour la première fois rompre avec une approche figée de l’art sculptural. Et il suffit d’observer ses chefs-d’œuvre pour s’en rendre compte : les sculptures d’Auguste Rodin jouent sur l’espace. Il faut d’ailleurs leur tourner autour pour pouvoir les admirer pleinement. Et elles ont beau être taillées dans le bronze ou le marbre, elles semblent être en train de danser.

Une subtilité inédite dans la retranscription des émotions

Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle Rodin a marqué l’histoire de l’art. Il était aussi extrêmement doué pour retranscrire les émotions humaines. Et ce talent ne tenait rien au hasard, puisque l’artiste s’est très tôt donné pour objectif de matérialiser le vivant. Pour ce faire, il a développé de nombreuses techniques. Dans son atelier, les modèles posaient comme ils le souhaitaient. Rodin les guidait très peu, de façon à laisser une place au hasard et aux accidents. Il laissait ainsi l’espace nécessaire pour entrevoir l’authenticité et l’introspection, qu’il tentait de retranscrire le plus justement possible. Ensuite, il amplifiait les traits des sculptures, accentuait le modelage ou exagérait les échelles. En découle des œuvres monumentales, tant du côté de leur taille que de leur capacité à toucher les spectateur.ice.s.

Les sculptures de nus de Rodin : entre allégorie et autobiographie

L’autre grande qualité de Rodin, c’était de réussir à transformer l’intime en symboles partagés par tou.te.s. Le Baiser, l’une de ses plus célèbres sculptures, est un parfait exemple de cette capacité à jouer avec les allégories. S’inspirant de sa passion amoureuse avec la sculptrice Camille Claudel, cette œuvre a la pouvoir d’évoquer l’amour… et ce, qu’importe l’époque ou la culture des spectateur.ice.s ! La force de cette sculpture réside dans la retranscription intime d’un sentiment universel : l’élan amoureux. Il en va de même pour de nombreuses œuvres de Rodin. Par exemple, Iris, messagère des Dieux et Celle qui fut la belle Heaulmière, détiennent aussi une forte dimension allégorique.

Une nouvelle approche du marbre

Le dernier point – certainement le plus audacieux – était son approche innovante du marbre. Afin d’obtenir le meilleur rendu, Auguste Rodin le faisait sculpter par des spécialistes. Jusqu’ici, rien de bien original ou spectaculaire pour l’époque. Mais il fut le premier à arrêter le travail de l’artisan sculpteur en plein milieu. Grâce à cette démarche artistique inédite, Rodin put ensuite jouer sur les zones finies et inachevées. Hommage au non finito de Michel-Ange, Rodin a ainsi révolutionné la sculpture en marbre. Un art où les socles bruts dialoguent avec la finesse des corps jaillissant dans l’espace.

Des sculptures de nus éternelles

Tou.te.s les spécialistes des sculptures de nus s’accordent à le dire : Rodin a révolutionné cet art. Exagération des échelles, jeux sur le mouvement, œuvres volontairement inachevées et retranscription parfaite des émotions… Auguste Rodin a offert au monde une danse statique du vivant.