Comment l’Asie est-elle devenue le centre du marché de l’art global ? 

En 2000, la Chine ne représentait que 1% du marché de l’art global. Deux décennies plus tard, en 2021, la contribution de la Chine, Taiwan, Hong Kong et de la Corée du Sud représente environ 40% du marché de l’art global (source). Christie’s, Sotheby’s et Philipps ne cessent de se tourner vers l’Asie et de ramener les grands noms de l’art américain dans leurs catalogues en Asie. En effet, leurs clients ne sont plus seulement intéressés par l’art asiatique ; ils voient plus grand, plus loin. Découvrez avec Artsper comment l’Asie a su, en quelques années, dépasser les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, pour devenir le centre du marché de l’art global.

Les Millenials : le tremplin du marché de l’art asiatique

Le marché de l’art a connu un changement de tendance rapide dans les dernières années. Pendant longtemps, les États-Unis et le Royaume-Uni étaient largement à la tête du monde de l’art. À présent, les chiffres montrent que le marché de l’art est en train de se déplacer vers l’Asie. Les États-Unis et la Chine sont largement devant le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. C’est au début des années 2007 et 2008 que l’importance de la Chine progresse dans le marché de l’art, avant de dépasser les pays européens vers 2011. À présent, la Chine a même supplanté les États-Unis, et est devenue la plus grosse maison de vente au monde.

Christie’s et Sotheby’s sont d’accord pour affirmer que la majorité de leurs acheteurs en Asie sont des Millenials. Ces jeunes collectionneurs changent la donne, en étant plus ouverts à l’art international que les générations précédentes. La Chine a d’ailleurs investi de façon précoce dans l’alliance entre art et technologie. De fait, le marché de l’art en Asie a mieux résisté à la pandémie. Sa transition vers un marché plus digital s’est passée rapidement et sans heurt. Cette facilité à vendre et exposer de l’art en ligne a été un atout clé pour conquérir le cœur des Millenials.

Une hausse de l’intérêt dans le marché asiatique

De plus, les jeunes occidentaux sont de plus en plus adeptes de la culture asiatique. L’Asie compte de nouveaux fans depuis les dernières années. Après le Japon, la France est le deuxième pays qui lit le plus de mangas au monde ! Les groupes de K-Pop, ces boysband sud-coréens, ont également largement contribué à faire de l’Asie un point d’intérêt particulier pour les jeunes générations européennes et américaines. Que cela soit en musique, en littérature, ou encore sur Netflix, la culture asiatique captive depuis quelques années. Grâce à cet intérêt, l’Asie a également su attirer l’attention des plus grosses maisons de vente. 

Enfin, on note aussi que les goûts de la nouvelle génération de collectionneurs asiatiques évoluent. En effet, alors que la génération précédente d’acheteurs recherchaient principalement de l’art asiatique, on voit maintenant que ce sont les artistes américains qui intéressent le plus. Plus particulièrement, ce sont les jeunes artistes d’origine africaine qui font des records de vente en Asie. Jean-Michel Basquiat est notamment l’un des grands favoris du marché de l’art asiatique. Son œuvre Warrior, s’est vendue en 2021 chez Christie’s Hong Kong pour 41 millions de dollars. En tant qu’œuvre occidentale la plus chère jamais vendue en Asie, elle marque un nouveau record. Mais c’est aussi un indicateur précieux des changements à l’œuvre dans ce marché extrêmement dynamique.

Hong Kong, Taiwan et Séoul : les centres artistiques de demain

Le marché de l’art en Asie ne peut pas subsister sans la contribution de ses pays voisins. Hong Kong est l’une des villes les plus intégrées dans le marché de l’art global depuis plusieurs années. De fait, l’influence de celle-ci profite à la Chine, et vice versa. C’est d’ailleurs grâce à Hong Kong que la Chine a pu se propulser à la tête du marché de l’art global. 

La croissance de Hong Kong sur le marché de l’art a commencé en 2003. À peine 5 ans plus tard, son chiffre de vente est multiplié par 10, pour atteindre 378 millions de dollars en 2007. De plus, Hong Kong a accueilli Art Basel en 2021 et rassemble de nombreuses galeries influentes ou populaires.

Taiwan, quant à elle, attire aussi les plus riches collectionneurs qui profitent du prix bas de l’immobilier. En général, l’Asie taxe moins les plus riches que ses concurrents. Le continent devient donc un lieu avantageux pour les riches collectionneurs d’art et les galeries.

Enfin, la Corée du Sud, et particulièrement Séoul, fut également propulsée au devant du marché de l’art global. Avec ses nombreux jeunes acheteurs et ses galeries d’art réputées comme la galerie Hyundai, Séoul se développe comme un important centre artistique. La foire Frieze doit d’ailleurs se passer à Séoul en Septembre 2022. 

Le futur du marché de l’art asiatique

Cependant, l’Asie a encore du retard à rattraper sur certains points, notamment son nombre d’écoles d’art, qui reste inférieur à l’Amérique ou l’Europe. Les artistes asiatiques se forment donc souvent à l’étranger, ce qui renforce le lien entre les deux continents et participe au commerce de l’art contemporain venant d’Asie. Par rapport à ses voisins, c’est finalement la Corée qui aura produit le plus grand nombre d’artistes à succès. Certains artistes coréens des années 70 comme Lee Ufan voient leurs œuvres se vendre à des prix records dans les plus grandes maisons de vente.

En somme, les maisons de vente ont bien compris qu’en vendant les œuvres de leurs artistes vedettes en Occident comme en Asie, ce serait un pari gagnant. La force du marché de l’art en Asie se voit aussi dans sa bonne résistance à la pandémie. Elle semble même avoir eu des résultats bénéfiques par rapport à ses concurrents. Chez Philips par exemple, les interactions avec les clients asiatiques sur le marché de l’art a augmenté de 30% depuis le début du confinement. Enfin, la montée de l’Asie sur le marché de l’art témoigne de l’importance des nouvelles générations d’acheteurs. Leurs intérêts ont déjà commencé à déterminer les tendances actuelles ; Cela continuera sans aucun doute dans les prochaines années sur le marché de l’art.