Comprendre « L'École d'Athènes » de Raphaël

D’une hauteur de plus de 4 mètres et d’une largeur de presque 8 mètres, L’École d’Athènes est une œuvre monumentale. Mais son impact n’est pas seulement esthétique : ce tableau est un emblème de la pensée de son époque. Vous souhaitez mieux comprendre cette peinture qui a marqué l’histoire ? Artsper vous propose aujourd’hui une analyse détaillée de L’École d’Athènes de Raphaël !

L’importance du contexte dans L’École d’Athènes

Ce chef-d’œuvre est une commande du pape Jules II, qui occupait le Vatican au 16^ème siècle. L’École d’Athènes a pour but premier de décorer sa bibliothèque personnelle. Mais elle doit aussi faire l’éloge de l’Église, à une époque où cette dernière perd en légitimité. L’idée développée par Raphaël est la suivante : glorifier certains trésors païens, pour en faire une résultante de la doctrine chrétienne. Par l’approche spirituelle et intemporelle, L’École d’Athènes de Raphaël lie la philosophie, les arts et les sciences, à l’Église catholique. Elle montre ainsi que malgré des méthodes différentes, philosophie, science et théologie visent un même but : découvrir la vérité. Cette peinture a aussi un troisième objectif, qui est celui de flatter le Pape. Raphaël a ainsi créé une cour papale fictionnelle, servant de métaphore pour décrire les adeptes de Jules II… à savoir, l’élite !

Le caractère emblématique des personnages de L’École d’Athènes

La très grande taille de L’École d’Athènes permet au peintre de représenter de nombreux personnages… Soit un total de 52 figures plus ou moins emblématiques ! Au centre, Platon et Aristote tiennent une place d’or sur un fond majestueux. Autour d’eux se trouvent différentes figures de courants philosophiques et des sciences. À gauche du duo, la représentation des mathématiques avec Pythagore. Mais aussi la présence de Socrate, d’Héraclite et de Francesco Maria Della Rovere, le neveu de Jules II. Du côté droit, le portrait d’Euclide évoque la géométrie, tandis que Ptolémée et Zoroastre font référence à la cosmologie. On retrouve aussi la présence des Épicuriens, des Stoïciens et des Cyniques, notamment avec Diogène. Et pour finir, Raphaël lui-même, qui s’est représenté en train de regarder les spectateur.ice.s.

Platon et Aristote : l’opposition entre deux visions du monde

L’École d’Athènes oppose frontalement deux courants de pensées. D’un côté, le monde des idées et du contemplatif, développé par le sage Platon. De l’autre, celui d’Aristote, qui se concentre sur l’expérience, le sensible et le terrestre. Tout est fait ici pour mettre en lumière la rivalité qui règne entre les deux hommes. Leurs regards se font face et semblent se défier. La vieillesse de Platon interroge la jeunesse d’Aristote. Le doigt pointé vers le ciel de l’un dialogue avec la paume de main vers le sol de l’autre. Pour appuyer le contraste, Raphaël est même allé jusqu’à les vêtir de couleurs inversées. Platon porte une tunique bleue et un manteau rouge, tandis qu’Aristote est en robe rouge et drapé bleu. Mais finalement – et malgré une approche parfois antagoniste – chacun recherche la même chose : la vérité.

L’escalier de l’École d’Athènes de Raphaël : un double sens métaphorique

Doté d’une dimension décorative indéniable, l’escalier peint par Raphaël n’est pas uniquement esthétique. Il sert en fait d’allégorie de la connaissance. D’abord, parce qu’il met en évidence les différents degrés de la philosophie et des sciences. Chaque personnage a pour Raphaël une place précise sur l’échelle du savoir, correspondant à son importance et à son prestige. Ensuite, car l’escalier illustre la démarche des philosophes et scientifiques : c’est un chemin, une ascension vers la connaissance.

L’École d’Athènes : miroir d’une époque et emblème atemporel

Si cette œuvre reste emblématique, c’est parce qu’elle est à la fois ancrée dans son époque et atemporelle. Raphaël a su y exposer des antagonismes forts, tant sur le plan symbolique que visuel. Il oppose ainsi le divin et le scientifique, le réaliste et le théâtral, le passé et le présent… Seul oubli – propre à la Renaissance – la place des femmes, dramatiquement sous-représentée dans ce tableau. Hypathia d’Alexandrie semble être la seule femme dépeinte ici. Il s’agit de la première femme dont on sait qu’elle a contribué aux mathématiques, à l’astronomie et à la philosophie.

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