Home > La minute arty > Une définition de l’art brut
Une définition de l’art brut
La minute arty 17 Fév 2020

Une définition de l’art brut

Jean Dubuffet, L’Hourloupe, 1962-1974

Depuis sa conception au début des années 1970, l’art brut est passé d’un courant « en marge de la société » à un mouvement populaire. Cependant, il a gardé son aspect spontané originel. Dans cet article, Artsper vous donne une définition de l’art brut.




Qu’est-ce que l’art brut ?

Artiste Aloïse Corbaz au travail

L’art brut est un terme inventé par l’artiste français Jean Dubuffet, qui met en avant des artistes autodidactes. Leur travail est le résultat de leurs expériences passées et ne sont pas bridées par la société. Réalisées à l’origine par des patients suivis en psychiatrie, des prisonniers et des parias, les œuvres illustrent leur état mental fragile et leurs perspectives originales du monde. 

La tradition abandonnée

Noah Borger, Beautiful Mind, 2019

Conformément à l’esprit avant-gardiste du XXe siècle, un des thèmes clés de l’art brut est le rejet des valeurs de la société. Les œuvres sont créées selon les impulsions de des artistes autodidactes. Elles ne se conforment à aucun style particulier ou mouvement précédent. Cela les distingue des artistes naïfs qui se sont inspirés des mouvements existants. Il en résulte des œuvres brutes et bouleversantes propres à chaque artiste. 

Là où tout a commencé 

Jean Dubuffet dans son studio

Ayant lui-même abandonné l’école, les œuvres de Dubuffet sont souvent considérées comme faisant partie du mouvement. Partageant les valeurs de ces artistes marginalisés et avec le désir de déstigmatiser la maladie mentale, il a inventé le terme d’art brut pour légitimer leur travail artistique.

Popularisation de l’art brut

Collection de l’art brut, Lausanne

Jean Dubuffet a commencé à collectionner des œuvres au milieu des années 1940. En 1976, il ouvre la Collection de l’art brut, au public à Lausanne. Par la suite d’autres lieux culturels comme La Maison rouge et Le Musée des Arts Décoratifs de Paris vont commencer à organiser des expositions sur ces artistes. Bien qu’à l’origine, ils intéressaient peu l’opinion publique, ces expositions firent entrer leurs œuvres peu conventionnelles dans la culture dominante.

Des artistes révolutionnaires 

Adolf Wölfi, Saint Adolf portant des lunettes entre les deux villes géantes Niess et Mia, 1924

Adolf Wölfi est un artiste majeur de l’art brut. Après une enfance difficile, il passe deux ans en prison et est ensuite diagnostiqué schizophrène. Parmi les autres artistes d’art brut, on peut citer Aloïse Corbaz, Augustin Lesage et Alfonso Osso. Bien que de styles différents, leurs peintures, dessins et sculptures ont en commun une grande liberté de forme. L’utilisation abondante de la couleur et l’aspect presque enfantin de leurs oeuvres, dû à leur manque d’éducation formelle, est la véritable définition de l’art brut. 

La polémique 

Encre de chine sur toile de Rosemarie Koczy

Il n’est pas surprenant, étant donné ses racines non conventionnelles, que l’art brut engendre des débats. En effet, les thèmes peu éthiques comme – la violence ou la sexualisation des enfants- choquent. Néanmoins, ils ne sont pas soumis aux mêmes exigences que les artistes conventionnels puisque leurs œuvres ne sont pas créées pour être exposées. Leur travail est plus une réponse impulsive à leur vécu.

Où en est-on aujourd’hui ?

Salomé Perignan, Patience, 2018

Aujourd’hui, vous pouvez découvrir l’art brut dans la collection permanente du LaM qui abrite plus de 5 500 œuvres. Vous pouvez aussi vous rendre à l’Outsider Art Fair à New York et à Paris. Par ailleurs, la Collection de l’art brut de Lausanne soutient chaque année des artistes autodidactes lors de nouvelles expositions. Cette année, elle accueille la 4ème biennale de l’art brut : théâtre jusqu’au 26 avril 2020. Il est clair que le mouvement a inspiré le travail de nombreux artistes expérimentaux. Par exemple, Noah Borger, Ezekiel Messou, Jazzu et Salomé Pérignon qui sont sur Artsper.