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La minute arty 15 Fév 2022

Ces 10 œuvres d'art qui ont défini l’ère des droits civiques aux États-Unis

Ces 10 œuvres d'art qui ont défini l’ère des droits civiques aux États-Unis
Photographie de Leonard Freed
Leonard Freed, The March on Washington, 1963. © Leonard Freed & Magnum Photos

L’ère des droits civiques est une période clé de l’histoire américaine. C’est à ce moment que les Américains noirs se sont battu pour l’égalité des droits dans les années 1950 et 1960. Bien que le 13ème amendement ait aboli l’esclavage, les discriminations, l’oppression violente et la ségrégation restent monnaie courante près d’un siècle plus tard. De nombreux artistes noirs ont été inspirés par cette période révolutionnaire, connue dans le monde entier sous le nom de « Jim Crow ». Ils ont utilisé ce moment déterminant dans l’histoire comme la toile de fond de leurs œuvres. Examinons ensemble 10 œuvres d’art qui ont défini l’ère des droits civiques.

1. David C. Driskell, Behold thy Son, 1956

Une œuvre de David C. Driskell
David C. Driskell, Behold thy Son, 1956

L’artiste David C. Driskell s’installe dans le Sud à la fin des années 1950, peu après le lynchage d’Emmett Till, âgé de 14 ans. L’histoire d’Emmet Till n’est pas la première de ce genre, mais pour une fois, la couverture médiatique la fait connaître dans tout le pays. La mère d’Emmet Till avait insisté pour que son cercueil soit ouvert pendant ses funérailles, afin que le monde entier puisse voir le corps mutilé et meurtri de la victime. Cela déclenche un sentiment de colère et de rage au sein de la communauté noire américaine. Pour beaucoup, c’est l’étincelle qui les a poussés à se battre, lançant l’ère des droits civiques.

Driskell a immédiatement compris le pouvoir de l’art pour participer à cette prise de conscience globale. Il s’est senti investi d’une certaine responsabilité et a utilisé ses œuvres pour parler du meurtre horrible qui venait de se produire. Il peint Behold Thy Son en 1956. Le tableau reprend l’iconographie religieuse et évoque la crucifixion du Christ. Cependant, la figure centrale n’est plus le Christ mais le jeune Emmet Till. C’est une œuvre puissante, qui évoque le sacrifice injustifié de personnes innocentes.

2. ​​Charles Henry Alston, Walking, 1958

Une œuvre de Charles Henry Alston
Charles Henry Alston, Walking, 1958

De 1955 à 1956, les Américains noirs de Montgomery, en Alabama, ont boycotté le bus. C’était un signe de protestation contre la ségrégation raciale qui régnait dans les transports publics de la ville. L’artiste Charles Henry Alston a été influencé par ce moment de l’histoire qu’il évoque dans Walking, en 1958. Au lieu de représenter les personnages clés de l’ère des droits civiques, tels que Martin Luther King Jr. ou Rosa Parks, Alston représente des personnages ordinaires, marchant pour protester contre la ségrégation. Si les leaders de l’époque ont été essentiels à la large couverture du mouvement, ce sont bien les adultes et les enfants qui ont constitué l’épine dorsale de l’ère des droits civiques. La peinture d’Alston célèbre et rappelle leurs efforts considérables, à un moment crucial.

3. Norman Lewis, Evening Rendezvous, 1962 

Une œuvre de Norman Lewis
Norman Lewis, Evening Rendezvous, 1962

L’horrible législation Jim Crow s’est imposée aux États-Unis pendant des décennies. Mais ce n’est pas la seule menace pour la communauté noire. Celle-ci craignait aussi la montée des attentats orchestrés par des groupes suprématistes blancs. Dans sa peinture semi-abstraite, Norman Lewis représente des tourbillons de rouge et de bleu entourés de petites figures blanches. La présence du blanc est une allusion aux cagoules blanches, symbole inquiétant du Ku Klux Klan. La peinture Evening Rendezvous est une référence aux réunions nocturnes du Ku Klux Klan. Les couleurs évoquent également le drapeau américain. Ce n’est pas nouveau que certains groupes suprématistes blancs dissimulent leurs actions sous des pseudo obejcifs patritiques. Mais ce n’est qu’un moyen de justifier la haine et la violence, ce que rappelle subtilement l’artiste.

4. Jacob Lawrence, Soldiers and Students, 1962

Une œuvre de Jacob Lawrence
Jacob Lawrence, Soldiers and Students, 1962

L’artiste de renommée mondiale Jacob Lawrence dépeint des scènes du quotidien vécues par les Américains noirs. Dans son tableau Soldiers and Students, Lawrence capture la peur et l’indignation ressenties par de nombreuses personnes lors de la suppression de la ségrégation dans les écoles aux États-Unis. Il peint trois gardes armés escortant un groupe d’étudiants américains noirs, alors qu’un groupe de manifestants blancs tente de bloquer l’entrée de l’école. Beaucoup pensent que Lawrence a été inspiré par les 9 de Little Rock, un groupe d’étudiants américains noirs au lycée Central High School de Little Rock, en Arkansas en 1957. Cinq ans plus tard, une foule de manifestants en colère a attaqué des policiers américains, envoyés à l’université du Mississippi par l’administration Kennedy. Les US Marshals avaient été déployés pour protéger James Meredith, un étudiant américain noir qui fréquentait ce qui était auparavant une université entièrement blanche.

5. Elizabeth Catlett, Homage to My Young Black Sisters, 1968

Une œuvre d'Elizabeth Catlett
Elizabeth Catlett, Homage to My Young Black Sisters, 1968

L’œuvre Homage to My Young Black Sisters d’Elizabeth Catlett est emblématique de l’ère des droits civiques. Cette puissante sculpture en bois représente une figure féminine audacieuse et dynamique à travers la simplicité de l’abstraction. Au centre de la forme se trouve un ovale creux, peint en noir. Cartlett sculptait souvent des sculptures dans de l’acajou, car la couleur du bois évoque une couleur de peau foncée. Dans Homage to My Young Black Sisters, Cartlett a créé une dynamique ascendante. La femme sculptée a le bras droit levé, serrant fièrement le poing, symbole du Black Power à l’époque des droits civiques.

6. Faith Ringgold, American People #20 Die, 1968

Une œuvre de Faith Ringgold
Faith Ringgold, American People #20 Die, 1968

America People #20 Die est l’une des premières œuvres de Faith Ringgold. Cette artiste née à Harlem est connue pour ses représentations des problèmes systémiques auxquels sont confrontés les Américains noirs. Cette peinture commémore le « Long Hot Summer » de 1967. C’est une période traversée par 159 événements de brutalité policière à travers les États-Unis, ciblant les Américains noirs. Dans America People #20 Die, Ringgold dépeint une violente émeute. On y voit des corps assassinés et des expressions faciales de peur, faisant référence au célèbre Guernica de Picasso.

7. Sam Gilliam, April 4, 1969

Une œuvre de Sam Gilliam
Sam Gilliam, April 4, 1969

L’artiste abstrait Sam Gilliam a créé cette œuvre aux teintes violettes, April 4, en 1969. Celle-ci reste fidèle au style abstrait de Gilliam. En étant exempte de formes et de figurations, elle se concentre entièrement sur les tâches diluées. Sans connaître son titre, le spectateur se retrouve face à un paysage lilas, dépourvu de liens émotionnels. Cependant, Gilliam évoque un événement tragique dans cette œuvre. Le titre, 4 avril, est le jour même où Martin Luther King Jr. a été assassiné. Un an après son assassinat, Gilliam a puisé dans les émotions nuancées vécues par de nombreux Américains noirs à l’époque des droits civiques. Il offre un moment de réflexion, permettant aux spectateurs de ressentir le chagrin et la profondeur de l’héritage de Martin Luther King Jr.

8. David Hammons, The Door (Admissions Office), 1969

Une œuvre de David Hammons
David Hammons, The Door (Admissions Office), 1969

The Door (Admissions Office) de David Hammons commémore le traumatisme et les luttes associés à la déségrégation des écoles à l’époque des droits civiques. Hammons présente un cadre de porte en bois sur lequel est inscrit « Admissions Office ». Sous l’étiquette de la porte, on devine à l’encre le profil d’un corps qui a été violemment pressé.

L’œuvre de Hammon évoque la violence subie par les premiers étudiants américains noirs dans les écoles blanches aux États-Unis. Si la fin de la ségrégation des écoles a été centrale dans le processus de reconnaissance des droits civiques, elle a entraîné une réponse violente de l’Amérique blanche et raciste. Dans certains cas, des élèves et des adultes blancs ont empêché les élèves noirs d’entrer en bloquant l’encadrement des portes. C’est cet incident même que Hammons capture dans son œuvre puissante. Elle permet de se remémorer les traumatismes et les luttes que les étudiants noirs ont connus à l’ère des droits civiques.

9. Barbara Jones-Hogu, Unite, 1971

Une œuvre de Barbara Jones-Hogu
Barbara Jones-Hogu, Unite, 1971

Le collectif d’artistes noirs AfriCOBRA (« African Commune of Bad Relevant Artists »), a été cofondé par Barbara Jones-Hogu à Chicago en 1968. Le collectif considérait que le processus de création et de diffusion de l’art était un acte radical. Les artistes du collectif se sont engagés à transmettre des visions afrocentriques, qui ont touché de nombreux Noirs américains pendant l’ère des droits civiques. Un message puissant de pouvoir et d’autonomisation est au cœur de l’œuvre Unite de Jones-Hogu. Au premier plan de l’œuvre, on peut voir des personnages levant leur bras droit en l’air, poings serrés, symbole du pouvoir des Américains noirs. Au-dessus des personnages, le mot « unite » apparaît plusieurs fois dans un style fragmenté. Jones-Hogu incite ainsi ses compatriotes américains noirs à s’unir pour les droits civils.

10. Betye Saar, The Liberation of Aunt Jemima, 1972

Une œuvre de Betye Saar
Betye Saar, The Liberation of Aunt Jemima, 1972

L’artiste renommée internationale, Betye Saar, est surtout connue pour ses œuvres réalisées à partir d’objets recyclés, qui font référence à la culture amérindienne et noire. Dans l’œuvre Liberation of Aunt Jemina, l’artiste reprend l’archétype raciste et la représentation stéréotypée type comme figure centrale. La femme porte un balai dans sa main droite mais, au lieu de tenir un crayon dans sa main droite, elle tient un fusil. Ainsi, elle se libère de la soumission. Le personnage est maintenant puissant, fier et menaçant. Au premier plan, on voit aussi un poing serré, symbole du Black Power. Saar a indiqué qu’il s’agissait de la première œuvre à orientation politique qu’elle ait jamais réalisée. Elle s’est d’ailleurs engagée dans l’art politique en 1968, après l’assassinat de Martin Luther King Jr.

En conclusion…

L’ère des droits civiques a été une période très importante de l’histoire américaine, qui reste d’actualité aujourd’hui. Notre article met en lumière 10 œuvres puissantes, profondément ancrées dans leur temps. Mais ces œuvres engagées ne sont que certains témoignages parmi beaucoup d’autres à découvrir. Pour en savoir plus sur les artistes qui continuent à faire bouger les choses aujourd’hui, explorez la collection d’Artsper consacrée aux artistes émergents noirs.

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