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Le canon des proportions dans la sculpture grecque antique : la recherche d’un idéal divin
La minute arty 04 Juil 2022

Le canon des proportions dans la sculpture grecque antique : la recherche d’un idéal divin

Canon des Proportions
Polyclète, Le Discophoros, vers 420 avant notre ère

Dérivé du terme « Kanôn », qui désignait un instrument de mesure, le canon est devenu synonyme de modèle. Véritable référence, il peut à la fois concerner l’esthétique, le spirituel ou l’intellectuel. En sculpture, en dessin ou en peinture, il sert encore aujourd’hui d’outil pour représenter des proportions réalistes et harmonieuses. Mais quelles règles régissaient cette recherche esthétique de perfection dans la Grèce antique ? Artsper vous invite à découvrir les fondements et les subtilités du canon des proportions dans la sculpture grecque !

Polyclète, l’inventeur du canon des proportions

Si des règles de proportions existaient déjà, Polyclète est le premier à théoriser ainsi l’esthétique du corps nu. Au Vème siècle avant notre ère, il rédige un traité des proportions idéales, appelé « le canon ». Il révolutionne ainsi notre rapport au corps humain, puisqu’il donne à la beauté une valeur quantifiable et numérique. Son canon est basé sur une règle fondamentale : l’équilibre et le rapport de proportion entre les différentes parties du corps. Ainsi, la beauté repose sur l’harmonie entre les différentes parties du corps et son ensemble. En d’autres termes, chaque partie du corps doit mesurer une certaine taille en fonction de la hauteur totale du corps. Un pied devra mesurer un certain pourcentage du corps entier, de même que la tête ou le doigt. Une représentation inédite de la beauté, mais basée sur une loi mathématique et esthétique bien stricte.

Le Diadumène
Le Diadumène, vers 420 avant notre ère, copie en marbre vers 100 av. J.-C., Musée national archéologique d’Athènes

Le canon des proportions de Polyclète : des règles précises

Le canon de Polyclète est donc un ensemble de règles servant à ériger la beauté parfaite du corps humain. On y trouve alors des principes de proportion bien précis. D’abord, la tête entre 7 fois dans la hauteur du corps. Ensuite, les jambes et le torse mesurent la même hauteur, soit trois fois celle de la tête. Les genoux et les pieds font deux fois la hauteur de la tête, tout comme la largeur des épaules. C’est le cas aussi de la hauteur du torse. Pour finir, le bassin mesure les deux tiers du torse, tandis que les cuisses représentent deux tiers des jambes.

Le but de ce traité est concret : Polyclète souhaite qu’il puisse être utilisé par tout.te.s pour servir l’art et la représentation du beau. À la fois praticien et théoricien, Polyclète réalise une sculpture qui met en application les règles exposées dans son traité. Il s’agit du Doryphore, considéré encore aujourd’hui comme l’une des sculptures les plus célèbres et les plus réussies.

Canon des Proportions
Polyclète, Le Doryphore, vers 420 avant notre ère © Claude Gauthier

Les canons de beauté chez Lysippe et Léonard de Vinci

Un siècle après Polyclète, Lysippe revisite ce canon. Sur un principe similaire, le corps se fait plus svelte, la silhouette plus fine et élancée. Le corps y mesure huit fois la hauteur de la tête, contre sept dans le canon de Polyclète. Plus tard, c’est Léonard de Vinci qui s’emparera de la logique du canon de beauté pour créer L’Homme de Vitruve. Il utilise alors le nombre d’or et établit son propre canon des proportions idéales, divines.

Mais qu’il s’agisse de Lysippe ou de Léonard de Vinci, le principe reste le même : l’harmonie entre les parties et l’ensemble. En érigeant leur canon des proportions, les trois sculpteurs matérialisent en fait leur représentation du monde, basée sur un idéal mathématique. Ils démontrent que le corps humain s’imbrique dans un système de fonctionnement bien plus grand : celui des lois naturelles. L’Homme y tient la même place que toute autre forme de vie présente dans la nature. Il possède une beauté universelle, dont l’origine est à la fois divine, mathématique et parfaite.

Canon des Proportions
L’Homme de Vitruve, Leonard de Vinci, vers 1490

Le canon des proportions, une perfection illusoire et réductrice ?

Peut-on vraiment quantifier, mathématiser et proportionner la beauté ? Si nombre d’artistes ont tenté de mettre en place des règles de beauté absolue, la réalité semble bien différente. Considérer la beauté comme universelle et objective, c’est renier le fondement même du beau. Car si nous savons aujourd’hui que la symétrie est plaisante à regarder, la beauté, elle, est tout sauf immuable. Au contraire, elle se transforme au gré de facteurs géographiques, culturels et personnels. Comme dit le dicton : « La beauté est dans les yeux de celui qui regarde. »




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