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L’Art contemporain de A à Z
La minute arty 16 Nov 2017

L’Art contemporain de A à Z

L’art contemporain se décline à l’infini. Il regroupe un ensemble illimité de visages, de styles et de significations… Si bien que l’on peut parfois se sentir un peu perdu. Pour s’y retrouver, nous avons décrypté un abécédaire par une sélection inévitablement exhaustive de mots-clés éclairants sur le sujet.

A comme Art contemporain

Questionner, détourner, dérouter. Le paradigme de la beauté est remplacé par une notion différente : l’idée. Le pop art fait figure de manifeste en rompant avec l’art moderne. Au milieu des années soixantes apparaissent les média d’aujourd’hui : happening, vidéo, expérience immersive… L’art contemporain sonne le réveil du spectateur : de la passivité à l’activité (intellectuelle et physique). A partir d’Andy Warhol ou de Marcel Duchamp, les oeuvres apostrophent le spectateur.

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Marcel Duchamp, Fountain, 1913

B comme Bleu Klein

Mais pourquoi cette nuance de couleur est-elle si connue ? Dans les années 1950, le peintre Yves Klein se met à la recherche d’un bleu outremer profond. Accompagné du marchand de couleur Edouard Adam, il va alors définir le liant le mieux adapté pour se marier au pigment bleu, capable d’atténuer l’indice de réfraction et de tendre ainsi vers plus d’intensité. Une recette originale avec un liant sous forme de pâte fluide grâce auquel Klein va pouvoir déposer un brevet.

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Yves Klein, Monochrome bleu, 1960

C comme Chaise

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Joseph Kosuth, One and Three Chairs, 1965

La réflexion sur le concept même de ce qu’est l’art est au fondement de l’art contemporain. De cette réflexion est né l’art conceptuel, dont l’oeuvre « One and Three Chairs » signée Joseph Kosuth promeut « l’art comme idée », et non plus l’art comme beauté académique. L’artiste place une chaise au centre, avec à sa droite la photographie de cette chaise et de la définition d’une chaise à sa gauche. Trois formes de représentations pour un même objet, qui ensemble en font émerger une quatrième, immatérielle, étant le concept de chaise.

D comme Déluge

Qui dit art contemporain, dit nouveau média. C’est dans cette voie que s’est aventuré l’artiste Bill Viola avec ses œuvres vidéo, un médium qui engendre mouvement et son. Parmi elles, on retiendra l’impressionnante « The Deluge », une vidéo de 35 minutes mettant en scène un flot d’eau tonitruant qui se déverse d’une maison, soulevant sur son passage habitants et mobiliers.

Bill Viola, The Deluge, 2002

E comme Ecologie

C’est un fait, le changement climatique est la grande menace du 21ème siècle, et questionne les modes de vie des sociétés contemporaines. Par leurs œuvres, les artistes interpellent et s’engagent, invitant à une prise de conscience générale. On citera en exemple les oeuvres de Brendan McGillicuddy au sujet de la fonte des glaces.

Anthropocene, Art Gallery of Alberta, Edmonton, May 17, 2012.
Brendan McGillicuddy, Anthropocene, 2012

F comme Fairey

Devenu une véritable icône du street-art, l’artiste Shepard Fairey a marqué le monde de l’art ces dernières années. Il se fait tout d’abord connaître par son pochoir Obey. La première version de ce visuel représente le visage du catcheur français, André Roussimoff, dit André the Giant. N’ayant pas le droit d’utiliser son visage et son nom, l’artiste réduit et transforme ses traits en ajoutant la mention « Obey » à son sticker pour faire un pied de nez à cette censure. Par la suite, sa carrière est propulsée avec la réalisation de son désormais mythique poster « Hope », représentant Barack Obama durant la campagne des élections américaines de 2008.

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Shepard Fairey, Hope, 2008

G comme Galbert

L’art contemporain est un vivier d’artistes, d’œuvres, mais c’est aussi un marché où les biens s’échangent de mains en mains, en particulier celles des collectionneurs qui font vivre la création d’aujourd’hui. Antoine de Galbert est l’un d’entre eux et pas des moindres. Président de la Maison Rouge, fondation et lieu d’exposition à Paris, il est également un grand amateur d’art, avec une appétence toute particulière pour l’art brut, qu’il collectionne depuis des années.

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©Mamoru Sakamoto

H comme Happening

Apparu dans les années 1960 en France, le happening marque une rupture avec l’art moderne et nous entraîne de plein pied dans l’art contemporain. Il s’agit d’une intervention spontanée et artistique où le public est invité à faire partie intégrante de l’action. Une performance en un sens, mais celle-ci s’en distingue par son aspect plus prémédité.

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Allan Kaprow et des participants à l’happening « Yard » de 1967, à New York

I comme Illusion

Pour ce qui est de nous faire tourner la tête, art optique et cinétique se positionnent en ligne de front. Le premier se joue de nos sens visuels, saisissant la faille pour faire et défaire une impression. Le second nous illusionne tout autant mais par le mouvement. Que ce soit grâce à un moteur ou par la force du vent, les œuvres cinétiques dansent et nous envoûtent.

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    Victor Vasarely, Halo, 1984

J comme Jeu

« L’art est un jeu d’enfant ». Si Max Ernst le dit, comment en douter ? Bien que l’art contemporain soit tout ce qu’il y a de plus sérieux, les artistes n’en n’ont pas moins le sens de l’humour. Ils ont eux aussi le goût du jeu et savent transformer création en récréation. Le mouvement Dada a permis de poser les premières règles de ce jeu, remettant en question les conventions artistiques et prônant le “négativisme”. Le mouvement Fluxus à suivi de près tout comme l’Oulipo. Les jeux vidéo ne font pas exception et font le bonheur des artistes contemporains comme Julien Prévieux qui joue dans son musée du Bug sur la notion d’erreur.

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  Julien Prévieux, Half-life 2,2012

K comme Koons

Il est le leader incontesté du marché de l’art contemporain, le Jordan Belfort des ventes aux enchères, le Steve Jobs de la conception artistique, l’Usan Bolt des records d’acquisitions… Suivant tout d’abord une carrière de trader, Jeff Koons va par la suite mettre ses talents de financier au service de l’art. Ses œuvres iconiques s’arrachent pour des sommes astronomiques. Comptez plus de 58 millions de dollars pour vous offrir un de ses célèbres Balloon Dog, ses sculptures en acier inoxydable à l’allure tapageuse et rutilante de ballons gonflables.

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Jeff Koons, Ballon Dog (Magenta), 1994-2000, Château de Versailles (2008)

L comme Liberté guidant le peuple

Plus qu’un tableau, véritable symbole de révolte, ode à la République, ce tableau de Delacroix de 1830 est et restera indéfiniment contemporain. Et pour preuve, elle inspire les artistes actuels du monde entier, à commencer par Jonone. Le street-artiste a revisité la célèbre Marianne brandissant le drapeau français à coups d’aérosol. Un pari osé mais qui s’avère brillant : l’œuvre est aujourd’hui exposée au cœur d’une institution de prestige, l’Assemblée Nationale.

19 janvier 2015 : Palais Bourbon, salon des Mariannes - tableau "Liberté, Egalité, Fraternité" réalisé par JonOne
JonOne, Liberté, Egalité, Fraternité, 2015

M comme Miroir

Omniprésent et omnipotent dans l’espace contemporain, le miroir se multiplie et démultiplie les regardeurs. Jouer avec le spectateur est une préoccupation inhérente à la création contemporaine. Bill Viola, Jeff Wall, Dan Graham, Olafur Eliasson, Michelangelo Pistoletto… exploitent ce pouvoir : un outil réfléchissant le réel pour mieux le déformer et le déstabiliser. Le trouble des sens procure une expérience vertigineuse.

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Anish Kapoor, Miroir inversé, 1997

N comme Néon

Il nous absorbe et nous happe dans le monde de la nuit, mais on l’attendait moins sur le terrain de l’art contemporain, et pour cause. Le néon révèle une autre facette et devient un outil de création à part entière, pouvant autant jouer sur les volumes que sur l’écriture. Claude Lévêque laisse ainsi sur les murs des messages lumineux, nous invitant à danser sous des nuances multicolores.

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Claude Lévêque, Dansez, 1995

O comme Orphisme

Il n’y a qu’un poète pour définir l’art avec autant de lyrisme et d’onirisme. C’est en 1912 qu’Apollinaire use de ce néologisme pour définir l’œuvre de Robert et Sonia Delaunay. Devant tant de couleurs chatoyantes, il parle d’un langage lumineux qui inonde leurs créations artistiques. Pendant du cubisme et de l’abstraction, l’œuvre de ce couple d’artistes est alors mis au rang de poésie.  

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Sonia Delaunay, Prismes Électriques, 1914

P comme Pipe

Voici ce qu’elle n’est pas, une pipe. Mais alors, que contemple t-on? Un tableau, une image, une représentation d’une pipe. Cet célèbre injonction du peintre soulève la différence entre l’image, l’objet et les mots. Le pouvoir sémantique sert ou dessert l’interprétation que l’on peut faire d’une image, d’une toile et de son contenu. En représentant de façon identifiable et réaliste un objet du quotidien et en affirmant qu’il n’est pas ce qu’on croit voir, Magritte remet l’art en question sans manquer de faire de l’humour.

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René Magritte, La trahison des images, 1928-1929

Q comme Question

« Tout est art ? » Question séculaire qui ne cesse d’interpeller le monde de l’art. Question sans réponse exacte mais qui mène sempiternellement au débat. En choisissant d’écrire cette interrogation en lettres blanches sur fond noir, l’artiste Ben ne fait pas un choix innocent. Il questionne l’art sur le fond mais aussi sur la forme et ouvre un spectre de réflexion. L’écriture devient art entre ses doigts et c’est un méta dialogue qui  s’engage. Ben puise dans les retranchements de l’art pour toucher au concept davantage qu’au visuel, l’art conceptuel n’étant alors encore qu’à ses balbutiements. 

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Ben, Est-ce que tout est art?, 2015

R comme Ready-made

Et si une roue de bicyclette pouvait se transformer en sculpture et un urinoir en fontaine ? C’est bien ce qu’a souhaité faire l’artiste Marcel Duchamp avec ses Ready-made, des objets manufacturés, prêts à l’usage dont il suffit d’en détourner la fonction première pour y voir apparaître un sens nouveau. Non, tout un chacun n’aurait pas pu faire de même. Marcel Duchamp révolutionne ici la conception même de l’art et décloisonne notre vision de la création. Ce n’est pas tant le résultat qu’il veut nous faire admirer, mais la réflexion qu’il y a mené, l’acte de penser et de conceptualiser l’art autrement.

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Marcel Duchamp, Roue de bicyclette, 1913

S comme Surimpression

La surimpression permet à deux images différentes de se rencontrer sur une même surface. Mais à quoi est dû cet effet visuel déroutant ? A l’origine réservé aux appareils photographiques argentiques, cette superposition, aussi appelée la double exposition, réside dans une manipulation technique. Muni d’un réflexe avec pellicule, il suffit de prendre un premier cliché, puis, sans avancer la pellicule, de prendre un second cliché légèrement surexposé afin que les images s’entremêlent. Cette pratique est aujourd’hui largement remise au goût du jour par le numérique et les rééditions des appareils lomographiques.

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Maurice Tabard, Le plongeon, 1948

T comme Teintes

Il y a de quoi voir rouge lorsqu’un artiste décide de s’approprier une couleur. L’Histoire a montré qu’il n’était pas impossible qu’une couleur soit brevetée par un artiste, on pense immédiatement au Bleu Klein, mais il n’en est pas pour autant le seul bénéficiaire. Cette année, le contre-exemple est devenu possible. L’artiste Anish Kapoor s’est offert l’exclusivité du Vantablack, le noir le plus profond et absorbant qui existe actuellement. La communauté artistique s’insurge donc de cette décision et l’artiste Stuart Semple a répondu en élaborant le pigment le plus rose du monde, Pink et l’interdisant à Anish Kapoor uniquement. 

U comme Ustentiles

L’artiste Mona Hatoum réalise des sculptures et installations que l’on peut qualifier pour le moins de peu banales. A partir d’ustensiles de cuisine ou de matières organiques, elle va composer des œuvres faisant référence à notre quotidien pointant du doigt l’aliénation dont ce dernier est victime. Cette volonté est particulièrement flagrante dans son œuvre « La grande broyeuse », représentant une râpe à nourriture agrandie de façon menaçante, suggérant combien nos peurs profondes peuvent surgir face à des objets anodins.

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art contemporain
Mona Hatoum, La grande Broyeuse, 1999

V comme Vortex

Lors de la nuit Blanche 2016, Anish Kapoor a offert aux parisiens un spectacle surréaliste. Surgi du ventre de la Seine, un vortex tourbillonnait inlassablement, donnant l’impression aux passants qu’ils pouvaient être aspirés à chaque instant. Une installation spectaculaire qui fait écho à l’œuvre Descension du même artiste, installée en 2015 dans les jardins du Château de Versailles.   

 

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Anish Kapoor, Vortex, 2016

W comme Wei Li

Parmi les jeunes photographes d’aujourd’hui, il en est un qui nous fait particulièrement perdre pied, l’artiste Li Wei. Ses photographies défient la gravité pour nous offrir des prises de vues impressionnantes et dignes de la science fiction. Ces clichés pris en apesanteur sont un appel à l’émancipation et à l’ouverture sur le monde.




X comme X

Symbole de la censure où plus précisément des contenus à connotation pornographique, car l’art contemporain ne fait pas exception, lui aussi aime l’amour avec un grand X. Artiste polémique et sulfureux, Paul McCarthy a offert à la place Vendôme son plus gros débat artistique, un sapin gonflable géant a priori suggestif. Du doux nom de « Tree », période de Noël obligeant, cette sculpture s’est révélée être pour d’autres l’incarnation d’un plug anal gigantesque. Après des attaques répétées sur l’œuvre et sur l’artiste, le sapin a décampé, laissant la question en suspens.

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Paul McCarthy, Tree, 2014

Y comme Génération Y

La génération Y représente la relève de la création contemporaine. Avec elle, un flot de nouvelles techniques et technologies font leur apparition sur la scène artistique. Réalité augmentée et hologrammes sont les œuvres de demain, certains artistes ayant déjà amorcés la marche comme Dominique Gonzalez-Foerster avec ses personnages numériques projetés dans le monde réel ou encore Larissa Sansour qui nous immerge dans un univers futuriste où la Palestine est conditionnée en un building immense afin de pallier aux conflits sociétaux et militaires.

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Dominique Gonzalez-Foerster, Lola Montez in Berlin (M.2062), film, 3’58 », 2015 © Dominique Gonzalez-Foerster © Adagp, Paris 2015

Z comme Zorro

Son nom, il le signe à la pointe de l’épée, d’un Z qui veut dire Zorro, à moins que ce ne soit plutôt Maurizio Cattelan ? L’artiste plasticien italien n’en est pas à sa première œuvre désopilante. Il aime à tourner en dérision l’art et ses protagonistes, à commencer par des figures tutélaires comme Picasso ou Fontana. C’est ce dernier qui est visé dans cette œuvre. Reprenant le procédé artistique de Fontana, Maurizio Cattelan entaille la toile, mais au lieu d’y laisser une fente comme le fait l’artiste argentin, il réalise un Z à la manière du héros populaire Zorro.

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Maurizio Cattelan, Zorro, 1993
À propos d’Artsper

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