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In the Office: être galeriste avec Baudoin Lebon
La minute arty 22 Juil 2013

In the Office: être galeriste avec Baudoin Lebon

Aujourd’hui, Artsper part à la rencontre de Baudoin Lebon, fondateur et directeur de la Galerie Baudoin Lebon à Paris. Qu’est-ce que le métier de galeriste ? Comment évolue t-il et à quels nouveaux défis est-il aujourd’hui confronté ? Focus sur une profession en pleine évolution et souvent mal connue.

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Que vouliez-vous faire étant enfant et qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir galeriste ?

J’ai d’abord longtemps voulu être agriculteur. Je viens d’une famille bourgeoise et mes parents m’ont dissuadé d’emprunter cette voie. A partir de 14 ans, j’ai voulu être architecte pour finalement faire des études de gestion après le bac. Une fois mes études finies, je souhaitais trouver un poste de directeur financier dans un cabinet d’architecte ou une galerie car l’art et l’architecture me passionnaient toujours. J’ai eu la chance de commencer chez Alexandre Iolas où j’ai découvert pour la première fois le monde de l’édition. J’ai poursuivi dans ce domaine par la suite et ai commencé par faire des éditions à 13 exemplaires, des multiples, l’idée étant que chaque exemplaire était unique car complexe à réaliser. Néanmoins, je me suis vite rendu compte que cette activité était difficilement rentable. Suite au choc pétrolier de 1974, le marché de l’art était en difficulté et un de mes amis, Alfred Pacquement (aujourd’hui directeur du Centre Pompidou), m’a parlé de l’opportunité de racheter une galerie.

Comment un galeriste choisit-il ses artistes ? Coup de coeur ou décision mûrement réfléchie ?

Je suis de la vieille école, celle où l’on pouvait travailler de manière artisanale, sans faire d’études de marché. J’ai donc toujours choisi des artistes que j’aime car je considère qu’on ne peut pas défendre une oeuvre que l’on n’aime pas. Avant, le coût d’une galerie était moins élevé, je partais en voyage pour prospecter sans un sou et en espérant –et ça marchait généralement- que je ferais des ventes pendant le voyage qui permettaient de rembourser le déplacement ! Désormais, le marché est très différent et une galerie doit supporter des frais de communication, de logistique, de foires et de salons. Aujourd’hui, on spécule moins sur un artiste que sur un nom. Il y a toujours un discours derrière une oeuvre mais 100 ans plus tard, le discours a disparu tandis que l’oeuvre, elle, est toujours là ! Les artistes que je soutiens sont donc forcément des coups de coeur même s’ils sont bien sûr réfléchis. C’est important pour moi de trouver des artistes qui correspondent à notre époque. Pour reprendre une formule que j’ai mis 40 ans à trouver: “ma spécialité, c’est l’écléctisme !”. J’aime les autodidactes et les artistes qui ont une vraie personnalité.

La qualité essentielle d’un bon galeriste selon vous ?

La première difficulté est de durer et il faut pour cela croire en ce que l’on essaye de vendre et aux artistes que l’on défend. Un bon galeriste doit donc aussi être un bon commerçant car une galerie ne peut survivre sans ventes. Il faut aussi être prudent dans ses dépenses car on a souvent l’impression de faire une bonne affaire en art.

Qu’est-ce qui fait l’identité et la force d’une galerie: ses artistes ou son galeriste ?

J’ai toujours mis en avant les artistes, je pense que ce sont eux qui font la galerie. Le choix des artistes n’est pas celui du galeriste mais celui de la galerie.

Vous avez tout d’abord fondé votre maison d’édition en 1974 puis votre galerie et enfin Art Elysées il y a quelques années: d’où vient cette envie de vous diversifier et pensez-vous qu’une galerie doit étendre ses activités ?

Contrairement à l’édition, le fait de passer de la galerie à la foire n’a pas été une évolution logique pour moi mais une opportunité. Tout comme n’importe quelle entreprise, si une galerie ne se renouvelle pas, elle meurt. La diversification des activités et des artistes est une façon de s’adapter.

Comment voyez-vous l’évolution du métier de galeriste ? Sera t-il le même dans 20 ans ?

Comme tous les métiers, il évolue. Je constate aujourd’hui la concurrence des commissaires-priseurs qui ont désormais comme clientèle les particuliers et non plus seulement les marchands. De plus, cette clientèle fréquente peu les galeries. Le métier de commissaire-priseur lui-même se modifie car avant les maisons de vente acceptaient beaucoup d’oeuvres d’art, ce n’est plus le cas de nos jours, la sélection est plus stricte. Ils font également des expositions d’artistes vivants, comme l’a fait Artcurial avec Enki Bilal. Néanmoins, ce qu’on ne peut enlever aux galeries, c’est la sélection et la découverte des artistes, bien que ce travail soit lui aussi relayé par les centres d’art. En tant que galeriste, je suis également responsable d’une certaine valeur, du prix, d’une expertise sur le contenu de l’oeuvre, d’un travail de conseil et d’une relation de confiance. Les galeries doivent également adapter leurs discours à tout type d’acheteur. Comme je le dis souvent, nous sommes une boutique de luxe et nous devons accueillir le client comme il se doit, quelque soit son budget.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un jeune galeriste ?

Je pense qu’il faut soit avoir une galerie toute petite et donc à des coûts réduits et travailler avec un petit effectif, soit avoir une grosse structure et trouver des capitaux. La taille intermédiaire n’est pas optimale. Ensuite, il est primordial d’insister sur le rôle de conseiller vis-à-vis des clients.

Dans une interview à Artfinding, vous avez déclaré, en clin d’oeil, aimer « les nus et les ciels bleus »: quels sont vos artistes favoris, contemporains ou non ?

C’est bien sur une boutade. Les artistes de Lascaux, Rembrandt, Dubuffet et évidemment tous les artistes avec qui je travaille. Je suis surtout intéressé par l’évolution de l’artiste, par son cheminement. J’ai découvert récemment des natures mortes à Naples du 17ème siècle de 3 mètres de haut  inspirées des peintres flamands de la Renaissance, étonnant non ?

Que pensez-vous du projet Artsper et pourquoi avoir choisi d’y participer ?

Le projet nous a plu à ma collaboratrice et à moi, il faut évoluer et toujours aider ceux qui démarrent !


Les oeuvres de la Galerie Baudoin – Lebon sont à retrouver sur Artsper

À propos d’Artsper

À propos d’Artsper

Fondée en 2013, Artsper est une marketplace en ligne d’art contemporain. En partenariat avec 1 800 galeries d’art professionnelles autour du monde, elle rend accessible à tous la découverte et l’acquisition d’œuvres d’art.

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