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Entretien avec Léa Chauvel-Lévy
Artstyle 04 Déc 2014

Entretien avec Léa Chauvel-Lévy

Cette semaine, Artsper a posé ses questions à la journaliste et critique d’art Léa Chauvel-Lévy. Sa plume, percutante et compréhensible du commun des mortels, nous donne des pistes pour mieux comprendre l’art qui nous entoure. Par ses articles à lire dans Slash, Léa Chauvel-Lévy réduit ostensiblement les distances entre historiens et simples amateurs d’art tout en laissant libre cours à l’interprétation. Artsper a voulu en savoir plus. Rencontre.

{Artsper}: Journaliste, chroniqueuse, critique d’art… Racontez-nous votre parcours.

Léa Chauvel-Lévy: Un parcours relativement classique. Deux ans de classes préparatoires à Condorcet, option philosophie, puis entre Rome et Paris, cinq ans de philosophie politique et éthique et de nombreux cours de philosophie de l’art, entre l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et à la Sorbonne Paris IV. Je viens au journalisme car une rédaction me propose un poste alors que je suis encore en train d’étudier. J’accepte. Quelques années plus tard, je me suis spécialisée dans le monde de l’art, par affinités, intuition, plaisir et évidence. Non sans difficulté, car le métier de critique impose, au-delà de la théorie, une vraie mise à nue de l’esprit. Lorsque l’on écrit, on est nus.

{A}: Quel est selon vous le rôle d’un critique d’art ?

LCL: Il est avant tout défricheur, non ? Etre un peu les yeux des autres pour un temps. Il y a également un rôle de prescription important. Et puis être critique, c’est être un peu, beaucoup à la bibliothèque pour tenter d’apporter aux autres un peu de matière historique. Mais c’est aussi un exercice subjectif dans lequel il faut s’abandonner, sans fatiguer les gens. Vous savez ce genre de phrase un peu creuses qui accompagnent les cartels et fleurissent dans les communiqués de presse, et bien il faut les chasser autant que possible et tordre le cou à la facilité de langage et aux clichés. Mais ce n’est pas simple, on tombe toujours un peu, même malgré soi, dans le verbiage et la logorhée. Et on a honte de se relire, quelques années plus tard !

{A}: Pensez-vous qu’il y ait des modes dans l’art ?

LCL: Oui, il y en a. Quelle discipline échappe aux tendances ? Mais je crois plus aux périodes creuses et riches dont parlait si bien Deleuze. Certaines vigies prennent alors tellement de place par leur intelligence et visions qu’elles sont suivies, forcément. Il y a toujours des leaders d’opinion, pourquoi pas en art ? Vous ne pensez pas que Duchamp a lancé une mode ? On vous sert encore du ready-made en 2014…

{A}: Comment choisissez-vous les expositions que vous visitez ?

LCL: Grâce aux sites Slash/ et exponaute. Pour le premier, j’y travaille, le second, je connais bien les fondateurs et leur avais glissé à l’oreille l’idée d’un site consacré aux expos en France. Ils l’ont fait, et ont eu bien raison. Et sinon, lorsqu’une rédaction m’envoie voir une exposition. Trois Couleurs, Grazia, Slash, il y a toujours de quoi faire. Et puis, souvent, je marche et j’entre dans toutes les galeries de façon compulsive, aussi.

{A}: Le nombre de foires internationales a considérablement augmenté ces dernières années. Qu’en pensez-vous? Les suivez-vous?

LCL: J’essaie de les suivre, bien sûr. Ce que j’en pense ? D’abord que ce nombre croissant montre une vigueur du marché de l’art, ce qui est positif. D’autre part, que cette croissance est à deux vitesses avec d’un côté les grands galeristes, et de l’autre les laisser pour compte. Avec l’apparition des “OFF” c’est assez criant, dans l’espace même. Dans le couloir les petits et devant les mastodontes… Mais cela est valable pour tous les marchés.

{A}: Pour de jeunes amateurs, le marché de l’art peut être parfois très opaque. Quel conseil donneriez-vous à des jeunes souhaitant démarrer une collection d’œuvres d’art ?

LCL: De passer beaucoup de temps dans les foires et se lier d’amitié avec des galeristes qui leur ressemblent. Se faire aider n’est pas mal non plus. Arnaud Dubois fait ça très bien. Son rôle est vraiment d’être l’intermédiaire entre le galeriste et le collectionneur, ce qui permet de parler très librement de ses goûts sans avoir peur de blesser le galeriste, voire l’artiste, s’il est présent…

{A}: Que pensez-vous du concept d’Artsper et plus globalement de la vente d’œuvres d’art en ligne ?

LCL: Je n’y croyais pas jusqu’à ce que je vous rencontre. L’oeuvre d’art est indissociable d’une expérience sensible, physique, sensuelle parfois ! Alors acheter en ligne, cela me paraissait incongru, voire sacrilège. Mais je trouve la navigation sur Artsper facile, agréable. Et le mérite d’un site comme le vôtre, c’est qu’il permet de tomber nez-à-nez avec une oeuvre que l’on avait vue quelques années plus tôt et de la retrouver par sérendipité. Et de découvrir des artistes émergents, ce qui est capital.

{A}: Une découverte artistique qui vous a touché en 2014 ?

LCL: Clémence Veilhan que j’ai découverte à la Galerie Laure Roynette. Elle me fait penser à Sophie Calle. Elle a longtemps assisté Nan Goldin et est complètement autodidacte même si elle vient de reprendre ses études. Je trouve cette photographe douée. Elle panse ses plaies avec un travail photographique de grande tenue, et mérite le succès. Qu’elle aura, j’en suis sûre.

Retrouvez la sélection de Léa Chauvel-Lévy sur le site Artsper.

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Fondée en 2013, Artsper est une marketplace en ligne d’art contemporain. En partenariat avec 1 800 galeries d’art professionnelles autour du monde, elle rend accessible à tous la découverte et l’acquisition d’œuvres d’art.

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