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Artstyle 15 Dec 2013

Art Abroad: Mexico (3)

Pays trop souvent associé à la violence des cartels, à la drogue et à la corruption, que connait-on, nous européens, de l’art contemporain et au sens large, de l’art au Mexique? En-dehors de Frida Kahlo et de Diego Rivera, pas grand-chose. Si l’art contemporain mexicain critique, s’engage et dénonce, c’est avant tout la dimension sociale qui est omniprésente: l’histoire, le peuple, le souvenir, la mémoire et l’avenir. Montrer ce qui se passe en dehors de nos frontières, c’est l’ambition de cette rubrique. Aujourd’hui : Carlos Amorales. 

Né en 1970 à Mexico, Carlos Amorales est un artiste  discret. Difficile de trouver des détails sur sa vie, des interviews, la majorité des informations se concentrent autour de l’essentiel c’est-à-dire son travail. Proposant une réflexion sur le Mexique, le rôle de l’artiste et sur le langage, il utilise une grande variété de médium allant de la performance, à la vidéo en passant par la peinture, le dessin et la sculpture.

Peinture « Broken Animals» (2006), Galerie Yvon Lambert (France)

Passionné par la thématique du langage et des signes, il développe à partir de 1998 un projet d’archive intitulé « Liquid Archives » regroupant des dessins, des silhouettes collectées dans les magazines et représentant des animaux, des personnages ou encore des accidents de voiture, des scènes de violences et des catastrophes écologiques. Carlos Amorales utilise cet alphabet visuel pour construire ces œuvres, créant ainsi un langage et une continuité entre ses créations.

Peinture « Small colors for holding large spaces (cromofobias) 2 » (2010), Galerie Yvon Lambert (France)

Si les œuvres de « Liquid Archive » reflètent une absence de sentiments, leur mise en scène souvent spectaculaire dégage une très forte tension et une angoisse communicative renforcées par l’utilisation de la couleur noire et de l’absence de relief. S’inspirant du fantastique et de l’art de l’horreur, l’artiste entoure les spectateurs d’ombres, de silhouettes obsédantes et terrifiantes à l’image de l’œuvre « Black Cloud » réalisé en 2007. Recouvrant les murs d’environ 30 000 papillons de papier noir, le spectateur semble témoin d’un envol figé, au centre de ces minuscules figures à la fois immobiles et en mouvement.

Installation « Black Cloud » (2009), Eglise Espacio AV (Espagne)

Installation « Black Cloud » (2007), Galerie Yvon Lambert (France)

Dans l’optique de partager ce nouveau langage, Carlos Amorales implique également les spectateurs dans la construction de ses œuvres, comme on peut le voir à travers l’installation « La langue des morts ». Inspiré du sculpteur Calder, Amorales installe ici un mobile géant composé de dizaines de cymbales. Sortant du cadre de la sculpture, il y introduit 2 nouveaux éléments : le son et la participation des spectateurs. Les gens sont ainsi invités à venir jouer sur les cymbales, créant ainsi une harmonie ou un chaos musical- « we’ll see how all reverberates » pour reprendre les mots de l’artiste. Entre ceux qui s’efforcent de reproduire un air connu et ceux qui improvisent, l’œuvre passe de sculpture à performance.

Installation La langue des morts (2007), Galerie Yvon Lambert (France)

Egalement intéressé par la thématique du langage et des codes politiques, Carlos Amorales fait intervenir cette idée dans l’oeuvre « Supprimer, Préserver et Modifier » réalisée pour le Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne en 2007. Cette installation est composée d’un exemplaire du Code Civil consultable sur place et d’entretiens vidéos réalisés avec différents juristes. Lors de ces entretiens, l’artiste propose aux invités d’abroger un article du Code Civil de leur choix afin d’en mesurer les conséquences. Dans le même temps, les spectateurs peuvent consulter le Code Civil à un détail près : celui-ci est rédigé à l’aide d’une encre invisible qui s’efface au fur et à mesure de l’exposition. Une façon pour l’artiste de questionner ironiquement l’acquis et la fragilité de nos droits civiques.

Vidéo « Supprimer, modifier et préserver » (2007), MAC du Val-de-Marne (France)

Reprenant souvent la figure du papillon et de l’oiseau, les silhouettes de Carlos Amorales sont anonymes, sans visage, sans expression mais inspirent pourtant l’effroi, comme la peur d’une vérité à peine effleurée. A la limite de la performance, ses expositions sont compilées en vidéos et souvent liées à des projets musicaux et d’animation. Représenté par la galerie Yvon Lambert, Carlos Amorales est définitivement à artiste à suivre de près.

 

Installation « Broken Animals» (2006), Galerie Yvon Lambert (France)

Peinture « Broken Animals» (2006), Galerie Yvon Lambert (France)

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